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Helioclim mise sur la climatisation solaire réversible


Le marché de la climatisation implique aujourd’hui une surconsommation énergétique et des difficultés de production et d’acheminement en énergie électrique. La technologie développée par Helioclim pourrait bien changer la donne.  

Entreprendre - Helioclim mise sur la climatisation solaire réversible

Le marché de la climatisation implique aujourd’hui une surconsommation énergétique et des difficultés de production et d’acheminement en énergie électrique. La technologie développée par Helioclim pourrait bien changer la donne.
 

En constante augmentation, le marché de la climatisation s’étend, notamment avec la généralisation de ce type de systèmes dans les infrastructures liées au tourisme et le développement des pays émergents.

En 2013, 117 millions d’unités ont été vendues dans le monde, pour un secteur qui pèse près de 79,5 Mds€. Première conséquence ? L’augmentation de la consommation électrique associée, dans un contexte où il est urgent de réduire les gaz à effet de serre.

Une solution était donc à trouver. Un défi relevé par la toute jeune équipe d’Helioclim, située à Mandelieu-la-Napoule (06), bien décidée à mettre son expertise au service de ce marché et de l’écologie. Elle a ainsi développé une nouvelle technologie, unique au monde, de climatisation solaire réversible avec, à la clé, jusqu’à 80% d’économie sur la facture énergétique, une vraie révolution ! «Nous avons commencé à travailler sur le projet en 2009. Nous sommes 4 fondateurs, tous ex-ingénieurs chez Thalès où nous nous sommes rencontrés.

Nous avions une forte envie de créer notre entreprise sans avoir d’idée viable pour franchir le pas… jusqu’à ce qu’Yannick Godillot nous parle d’un des pôles les plus énergivores, celui du bâtiment, qui représente à lui seul 40% de la consommation énergétique. Parmi les postes les plus gourmands : les machines liées aux besoins thermiques des bâtiments, notamment dans l’industrie. Il y avait là quelque chose à faire», retrace Marie Nghiem, cofondatrice d’Helioclim avec Yann Vitupier, Charles Daniel et Yannick Godillot.

Le quatuor réalise ainsi, dès mars 2011, un premier prototype. En juin 2012, le système est installé pour la première fois sur toiture. En janvier 2014, le pilote est validé par l’Ademe et un comité d’experts. Et en mai dernier, Helioclim réalise une levée de fonds de 1,8 M€ pour poursuivre le développement de son projet.

 

Une technologie inédite et novatrice

Le système développé par Helioclim à travers le projet Scrib repose sur une machine à absorption eau/ammoniac, intégrant une solution interne de stockage de l’énergie et alimentée par un ensemble de capteurs solaires thermiques à concentration. Ce système révolutionnaire permet de travailler sur des températures allant de -60 à +200°C.

«La climatisation solaire, qui présente un grand intérêt puisqu’elle permet de réduire considérablement les émissions de CO2, est encore peu développée en raison du coût d’investissement prohibitif pour seulement 3 à 4 mois de fonctionnement. L’intérêt d’un système réversible est donc évident puisqu’il permet de répondre à l’ensemble des besoins thermiques du bâtiment de manière indépendante, été comme hiver». Le système est ainsi rentabilisé toute l’année et sans impact CO2.

Une solution destinée aux entreprises

La climatisation solaire réversible Helioclim est destinée aux bâtiments industriels et tertiaires nécessitant des installations de puissance importante (entre 100 et 1.000 kW froid) : bureaux, bâtiments publics, centres commerciaux disposant d’une grande surface de toit, d’un parking couvert ou de sources de chaleur. «Afin d’être rentable et de minimiser le coût du système devant la quantité d’énergie produite, il est préférable de travailler sur des installations de forte puissance».

L’énergie solaire étant par définition intermittente et pas forcément concomitante aux besoins des bâtiments, Helioclim a intégré un système de stockage. Associé à une régulation très innovante, il permet au dispositif de s’adapter automatiquement aux variations de charge thermique du bâtiment. De quoi garantir un fonctionnement optimal quelle que soit l’énergie solaire disponible.

«Si, malgré le stockage, l’énergie solaire est insuffisante pour satisfaire aux besoins du bâtiment, le système fait appel à une énergie de relève. Ce cas se présente le plus souvent en hiver, donc en mode de production de chauffage. Dans ce cas, le fonctionnement en mode pompe à chaleur thermique permet de produire 1,6 fois plus d’énergie que le système n’en consomme, ce qui le rend bien meilleur que les systèmes disponibles sur le marché», affirme fièrement Marie Nghiem.

Les clients se bousculent déjà !

«Nous sommes actuellement dans le début de la phase 2 : démonstration et la pré-industrialisation», détaille Marie Nghiem. En répondant à l’appel à projet AMI solaire de l’Ademe en mai 2011, Helioclim a pu mettre en place un programme de R&D en vue d’une commercialisation rapide. L’entreprise envisage d’ailleurs de fournir ses premiers clients fin 2016, et ils sont nombreux ! «Être cofinancé par l’Ademe permet de donner une crédibilité au projet.

Cela atteste de sa pertinence technique et économique, et nous permet une grande solidité dans notre développement», confie la chef de projet. Depuis ses débuts, l’entreprise a ainsi reçu près de 250 sollicitations pour réaliser une installation. Résolument innovant, le climatiseur solaire réversible d’Helioclim devrait trouver facilement sa place sur le marché mondial, la jeune pousse ayant d’ailleurs reçu en septembre dernier la distinction d’Entrepreneur de l’année par le cabinet de conseil Ernst & Young dans la catégorie «Entreprise Disruptive», un signe encourageant.

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