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Intelligence artificielle : les pépites de demain


L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer celle de l’homme ? En tout cas, un marché émerge, dans lequel des entrepreneurs développent des algorithmes capables d’interagir de manière adaptée.  

Entreprendre - Intelligence artificielle : les pépites de demain

L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer celle de l’homme ? En tout cas, un marché émerge, dans lequel des entrepreneurs développent des algorithmes capables d’interagir de manière adaptée.
 

Voitures intelligentes commandées à la voix, drones repérant des braconniers dans une réserve naturelle, étudiants trouvant un logement en quelques secondes par sms… on n’arrête plus l’intelligence artificielle. D’ailleurs, on ne compte plus les start-up qui développent des logiciels spécifiques.

Leur dénominateur commun ? Rendre la machine (presque) aussi intelligente que l’homme. Les champs d’application de cette discipline scientifique, jusque-là reléguée aux laboratoires de recherche, sont immenses, allant de la reconnaissance vocale ou visuelle à la robotisation en passant par l’analyse prédictive. Les industriels sont à l’affût de ces pépites prometteuses, pour les aider à améliorer leurs produits ou se positionner sur ce marché naissant.

Reproduire les compétences cognitives

Mais, qu’est-ce que l’intelligence artificielle exactement ? «Son ambition est de reproduire par les machines des compétences cognitives qui sont normalement l’apanage de l’être humain, comme la perception de l’environnement, la représentation conceptuelle du monde, la pensée, le raisonnement, la décision en vue d’une action…», répond Eric Cohen, P-DG de Keyrus, spécialiste de la data et du digital.

Depuis quelque temps, ce pur fruit de recherches scientifiques est ainsi devenu l’une des préoccupations de nombre d’entrepreneurs et d’investisseurs. Si les médias américains ont déclaré que 2016 avait été l’année de l’intelligence artificielle, ils avaient de bonnes raisons.

Des annonces spectaculaires

«Cet engouement fait suite à une série d’annonces de progrès spectaculaires annoncés depuis 2 ans dans certains domaines, comme la reconnaissance faciale, vocale ou encore tout récemment le jeu de go (AlphaGo), principalement dues à l’utilisation d’algorithmes sur des grandes bases de données».

Concrètement, on peut donc prédire que toutes ces innovations vont faire tache d’huile dans tous les secteurs d’activité, sans exception. Les géants américains, notamment Google, Apple, Amazon, Facebook et Microsoft, l’ont bien compris et développent d’ores et déjà des applications en intelligence artificielle. Ainsi, la filiale londonienne de Google est l’auteur des victoires d’AlphaGo, un programme d’intelligence artificielle, contre Lee Sedol, champion du monde du jeu de go, lors de 5 manches très disputées.

De même, Facebook a installé son laboratoire «Facebook Artificial Intelligence Research» à Paris afin qu’il soit dirigé par le Français Yann Le Cun considéré comme l’un des meilleurs spécialistes au monde du Deep Learning (système d’apprentissage et de classification, basé sur des «réseaux de neurones artificiels» numériques, ce qui permet par exemple à un programme de reconnaître le contenu d’une image ou de comprendre le langage parlé).

L’excellence tricolore

L’Europe et notamment la France font preuve d’un réel dynamisme dans la création de start-up centrées sur l’intelligence artificielle.

«De nombreux élèves ingénieurs et doctorants travaillent pendant leur scolarité sur un projet embarquant de l’intelligence artificielle puis concrétisent ce projet par la création d’une start-up soutenue par l’incubateur de l’école d’ingénieurs. Ce mode opératoire, qui a fait ses preuves, permet d’accompagner efficacement l’entreprise et de la stabiliser durant ses premiers mois d’existence», indique Eric Cohen.

Les investisseurs au rendez-vous

Résultat ? Les pépites tricolores à avoir investi ce marché naissant se multiplient de façon exponentielle, à l’image de Julie Desk. Créée à Paris en 2015 par 3 ingénieurs issus de l’École polytechnique (Julien Hobeika, Nicolas Marlier et Guillaume Michiels), Julie Desk est une assistante personnelle dotée d’une intelligence artificielle capable de planifier, annuler, créer des événements professionnels, envoyer des invitations, déplacer des rendez-vous…

La start-up a levé 600.000 € en 2016 auprès de SIDE Capital, afin de «devenir un acteur clé de la nouvelle révolution des interfaces Homme-Machine», indique Julien Hobeika.

Analyse prédictive

Autre exemple prometteur, celui de la pépite montpelliéraine créée en 2011 par Jean-Michel Cambot, TellMePlus, spécialiste de l’analyse prédictive, qui a réuni un tour de table de 4,2 M€ auprès de plusieurs fonds (Ventech, Runa, Soridec, Jeremie LR, Sferen Innovation, Xange…). Il faut dire que les programmes qu’elle développe parviennent à prédire le comportement des consommateurs en temps réel.

Dans la même veine, la jeune pousse parisienne Jam, lancée en avril 2015 par Marjolaine Grondin, a levé 1 M€ auprès du fonds ISAI, de Cyril Vermeulen (cofondateur de AuFeminin.com), Pierre Valade (cofondateur de Sunrise), Pierre Kosciusko-Morizet et Pierre Krings (cofondateurs de PriceMinister)… 8 mois après le lancement de son service éponyme d’intelligence artificielle par SMS. Ce qui a séduit les investisseurs ? Un logiciel qui permet aux étudiants de trouver une idée de cadeau, un stage ou un logement en répondant par SMS.

Et les exemples ne manquent pas : Cardiologs Technologies prend en charge les pathologies cardiaques, Elum Energy permet une gestion intelligente de l’énergie photovoltaïque… Autant de pépites qui pourraient, dans les prochaines années, se transformer en belles ETI.

«Ces start-up font preuve aujourd’hui d’un fort dynamisme susceptible d’inspirer les différents acteurs de l’économie numérique, nos entrepreneurs mais aussi les décideurs politiques. Les grands groupes industriels français doivent eux aussi jouer leur rôle en acceptant le risque et en rachetant ces jeunes pousses lorsqu’elles seront mises en vente afin de ne plus laisser s’échapper des concentrés d’excellences technologiques», conclut Eric Cohen.

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