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Le pari pédagogique de l’ancien président d’Essilor Xavier Fontanet

Depuis janvier 2018, Xavier Fontanet transmet toutes les recettes de la stratégie d’entreprise dans une émission pédagogique passionnante sur BFM Business. Il est aussi l’inventeur du premier serious game mondial qui permet de se former à la stratégie d’entreprise de façon ludique et interactive. Rencontre pour comprendre les clés d’un business gagnant.

Entreprendre - Le pari pédagogique de l’ancien président d’Essilor Xavier Fontanet

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Depuis janvier 2018, Xavier Fontanet transmet toutes les recettes de la stratégie d’entreprise dans une émission pédagogique passionnante sur BFM Business. Il est aussi l’inventeur du premier serious game mondial qui permet de se former à la stratégie d’entreprise de façon ludique et interactive. Rencontre pour comprendre les clés d’un business gagnant.

Vous avez lancé un cycle d’émissions pédagogiques inédites sur la stratégie d’entreprise mais aussi le premier serious game mondial sur la question. Comment vous est venue cette idée novatrice ?

C’est la suite logique de mon parcours au sein de grands groupes, la réponse aux nombreuses sol- licitations de conseils et d’interventions qui me sont demandées depuis que j’ai pris ma retraite et mon profond besoin de garder une activité et de transmettre mon expérience. J’ai toujours eu une vocation d’enseignant et je crois avoir le sens de la pédagogie.

HEC l’a bien compris en me conf iant un enseignement de stratégie. J’ai donc créé ce cours de stratégie pour partager mon expérience de dirigeant et transmettre tout ce que j’ai appris pendant mes 40 ans de vie professionnelle au sein du BCG, de Beneteau, d’Eurest et d’Essilor. Ce cours a été transformé en application iPad destinée aux étudiants mais aussi aux entrepreneurs, aux cadres de grandes entreprises ou aux dirigeants de PME et même aux professions libérales.

J’ai résumé tout ce cycle de conférences dans un livre « Les 12 clés de la stratégie » (Les éditions merveilleuses, 2013). Mon idée est de donner des clés pour com- prendre ce qu’est la stratégie, de savoir pourquoi elle est indispensable au sein d’une entreprise. J’ai essayé d’affiner mon discours pour que tout le monde puisse le comprendre.

D’où l’idée de BFM Business de vous confier des émissions pédagogiques sur son antenne ?

Oui, en parallèle, Alain Weill, le patron de BFM, a eu vent de mon cours. Il m’a d’abord demandé de faire le cours à ses équipes lors d’un séminaire à Courchevel. Formation qu’il a ensuite ouverte aux équipes internes puis aux journalistes. Ils m’ont invité sur l’antenne de BFM Business, puis l’idée a fait son chemin avec le DG de la chaîne et Frédéric Simottel, en charge de l’information, d’en faire un cycle d’émissions pédagogiques sur la stratégie d’entreprise.

Ils m’ont donné carte blanche et j’ai bâti ma trame à raison de deux émissions par semaine.

Et le serious game ?

Je me suis rendu compte parallèlement que les jeux d’enfants de type war games étaient extrê- mement bien faits. Ce sont des jeux avec des concurrents en face de vous, comme dans le monde de l’entreprise. Sauf que le business, ce n’est pas la guerre, on ne tue pas, mais on a aussi en face de soi des concurrents intelligents.

J’ai donc approché une PME, Interactive 4D, qui conçoit, développe et diffuse des jeux à vocation pédagogique (serious games) 

et des outils e-learning interactifs pour répondre aux besoins croissants dans les domaines de la formation profession- nelle. Ensemble, nous avons créé un jeu de pure stratégie qu’on a testé avec les élèves de HEC. Le résultat est à la fois passionnant et surprenant.

Nous l’avons donc mis en ligne pour que tout le monde puisse s’inscrire et y jouer durant l’été, des étudiants aux chefs d’entreprises. Des centaines de joueurs se sont inscrits et les meilleurs seront mis à l’honneur prochainement.

Quel est votre objectif ? Transmettre ou repérer de nouveaux talents stratégiques ?

 

Le véritable objectif, c’est de développer une véritable connaissance du monde de l’entreprise et de l’économie en général. J’avance par étape. Je suis passé de 25 élèves à des centaines, puis des milliers jusqu’au million d’auditeurs. Avec ces cours et ce jeu « faussement simple », nous arrivons à faire com- prendre que la stratégie d’entreprise est un art majeur, puisque c’est l’ensemble des choix fondamentaux qui déterminent les succès ou l’échec d’une entreprise.

Quelle sera la suite ? La commercialisation du jeu ? De nouveaux cours sur BFM Business ?

Oui, la commercialisation du jeu est à l’étude. Nous y travaillons acti- vement. Par ailleurs, nous reprenons en septembre 2018 un nouveau cycle d’émissions pédagogiques sur BFM Business. On va continuer à parler de stratégie en prenant des sujets d’actua-
lité. Je peux par exemple faire un cas de pédagogie formidable avec Air France.

Vous l’aurez compris, ce qui fait le succès de ces émissions, c’est qu’elles sont très abordables, tout le monde peut les comprendre et en tirer parti. J’ai déjà écrit une quinzaine d’émissions. Mais je me sers aussi de mon Club Facebook qui rassemble déjà 3000 personnes où l’on me pose en permanence des questions.

 

Parlons de stratégie. Vous dites que c’est un art et une science, voire une attitude. Expliquez-nous.

Oui, la stratégie, c’est à la fois un art et une science car on s’intéresse aux investissements majeurs. Ce qui est passionnant avec la stratégie, c’est qu’elle fait appel à des connaissances, des techniques, mais aussi à un vrai sens du business, de l’entreprise, de la concurrence et des marchés. C’est donc aussi une attitude qui demande beaucoup de psychologie.

D’un côté, il faut comprendre ce qu’est un bilan (rentabilité, dividendes, croissance…), mais il faut aussi comprendre les parts de marché. Si on surinvestit sur un marché, les prix tombent. On ne peut donc pas jouer de la même manière en début et en fin de cycle de vie d’un produit.

Mais le facteur psychologique est également capital. Il faut arriver à comprendre la stratégie de ses concurrents, lire l’intention de la concurrence. Car le pire ennemi d’une stratégie, c’est l’orgueil, croire qu’on est meilleur et avoir une trop grande confiance en soi.

Quels sont les trois piliers d’une bonne stratégie ?

La pierre angulaire, les trois piliers, ce sont premièrement la valeur de la part de marché, deuxièmement une finance au service de la stratégie et troisièmement l’art de jouer avec le cycle de vie et la compréhension du terrain concurrentiel. Car la stratégie, c’est avant tout l’art de bien vivre avec son concurrent, de le comprendre, de se mettre à sa place.

Je le dis toujours : « Il faut apprendre à apprendre » et pour cela notre concurrent est souvent notre meilleur professeur. En conséquence, pour gagner chaque bataille dans le business stratégique, il faut un tiers d’information, un tiers de psychologie et un tiers de savoir-faire et de technique.

 

Vous faites un parallèle intéressant sur la concurrence avec le sport et notamment l’exemple tennistique Federer/Nadal…

 

Le problème dans notre économie, c’est que les Français n’aiment pas la concurrence. Qu’est-ce qu’un sport ? C’est la mise en avant de l’inégalité. En économie, ce devrait être pareil. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du jeu de stratégie. En sport comme en économie, la concurrence vous fait grandir. Plus votre concurrent est fort, plus vous jouez haut. Et c’est pour cela que je fais le parallèle avec Federer et Nadal.

 

Vous expliquez qu’il faudrait réconcilier les Français avec la finance, notamment les chiffres et les données. En France, on n’a donc que des idées ?

Les Français aiment avant tout la théorie. Ils n’aiment pas la réalité. Car ils considèrent que la théorie est plus forte que les faits. La stratégie au contraire, c’est très concret, puisqu’elle est au service des faits avec un concept derrière. Mon objectif est de rendre les étudiants et futurs chefs d’entreprises plus réalistes.

C’est pour cela que je ne parle pas vraiment de cours, mais plutôt de transfert d’expérience. Les jeunes sont avides d’expériences. C’est pourquoi, il est plus facile de leur transmettre des messages forts quand on est un chef d’entreprise plutôt qu’un professeur de théorie.

Le problème en France ne vient-il pas du fait que de nombreux chefs d’entreprises ont souvent le nez dans le guidon plutôt que la tête dans la stratégie ?

Quand vous dirigez une PME avec toute la complexité des règles, des lois, des normes, des charges en place, vous êtes forcément

« dans le guidon ». Il faut avant tout que le gouvernement et les fonctionnaires en place réduisent la complexité de tout le système juridique et fiscal qui pèse sur les entreprises. L’excès de sphère publique, ça bloque les PME, et donc tout le système économique dans son ensemble.

D’où votre idée de faire passer des messages au travers d’un jeu de stratégie d’entreprise ?

Oui,car on peut y jouer de 7 à 77 ans pour mieux comprendre l’entreprise. Mon rêve, c’est que chaque Français ait envie d’y jouer, si ce n’est à 7 ans, du moins dès 14 ans ! C’est ma façon à moi de participer à la réconciliation des Français avec l’économie, le monde de la finance et du business.

C’est aussi la façon la plus ludique et la plus interac- tive qui soit de faire de la pédagogie et du transfert d’expérience en matière de stratégie d’entreprise. 


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