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Les indiscrets de Robert Lafont – Juin 2017

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1er juin 2017 – Le redressement prime sur le besoin de transparence

Moralisation à tout crin, transparence à tout va … gare aux excès des donneurs de leçons. Comme le rappelle opportunément Luc Ferry : « On aimerait que la vertu ancienne prenne un peu le pas sur la moderne et qu’à côté d’une exigence de transparence et de moralité tous azimuts, qui fera plaisir au peuple mais ne changera pas grand-chose, les lois actuelles étant en réalité suffisantes pourvu qu’on les applique, on fasse davantage droit à la compétence, à l’expérience et au courage, à commencer par celui de dire la vérité sur l’état du pays. »*

* Le Figaro du 01/06/2017

2  juin 2017 – Avec Vivatech, Paris veut devenir capitale de la Tech

Ne manquez pas du 15 au 17 juin, ce nouveau rendez-vous qui devient incontournable porte de Versailles à Paris au même titre que Las Vegas ou Barcelone.

« Il ne s’agit plus d’une rivalité entre pays, mais bien d’une question d’attractivité entre métropoles », insiste Robin Rivaton, directeur général de Paris Région Entreprises. La métropole parisienne compte 150 000 chercheurs, contre 50000 pour Londres et 220000 pour la Silicon Valley.

Une des ambitions de la région est de faire le lien entre les acteurs de la recherche cheret les entreprises. « Cette démarche prend place dans le cadre plus large de la transformation de la recherche et développement (R&D) en biens et services innovants, vendables sur les marchés internationaux. C’est l’esprit de la coopération entre laboratoires de recherche, grands groupes, start-up et investisseurs », ajoute Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France.

L’attractivité de la région parisienne bénéficie d’un nouvel atout: l’élection d’Emmanuel Macron, qui crée «un appel d’air, avec un intérêt croissant des investisseurs pour la place de Paris », selon Robin Rivaton. L’année dernière, la région avait attiré 359 entreprises, 15% de plus qu’en 2015, représentant 6700 emplois.

1er juin 2017 – L’aventure

L’aventure fait l’apologie du risque alors qu’on est dans l’étouffement des comportements, dans la tyrannie de l’ultrasécurisation. Bientôt, il faudra s’encorder pour marcher sur des trottoirs. Bref, l’aventure nous permet de sortir du destin pas très drôle que nous propose le supermarché global. Très subversif… Même si l’aventure fait vivre des choses plus immédiates, comme le dépassement de soi ou le courage, l’anticonformisme est l’une de ses grandes vertus.

Et parmi les contradictions qu’elle oppose à l’organisation sociale contemporaine, il y a le principe de responsabilité. Ces aventuriers ne peuvent trouver d’autres responsables qu’eux-mêmes, en cas de problème. C’est quelque chose que nous avons totalement oublié, dans notre société ultra-judiciarisée ! Aujourd’hui, c’est un scandale absolu d’être victime d’un accroc de la vie.

Pourquoi entreprendre ? L’aventure, c’est aussi le culte du mouvement ? Pourquoi sortir de sa chambre, c’est la vieille question pascalienne. C’est vrai que lorsque l’on voit ces kayakistes se balancer dans des chutes de 22 mètres, on peut se demander pourquoi ils ne s’assoient pas plutôt sur la berge en jetant une canne à pêche…

Pourquoi partir ? La question revient souvent. La réponse d’anthropologue d’Hamid Sardar est intéressante. Sa théorie est que nous étions des nomades avant de devenir des sédentaires et cette nostalgie nous taraude. Alors, on apaise le démon par le mouvement, on va se guérir par l’usage du monde et les outils de l’aventure.

L’usage du Beau, aussi ? Il est urgent de s’enivrer de la beauté du monde et de célébrer le réel. Christian Clot, membre du jury du festival, développe d’ailleurs à ce sujet une thèse intéressante. Pour lui, la capacité d’émerveillement est aussi importante à la survie dans un milieu hostile que l’entraînement ou la technique.

Il faut aimer ce qui s’offre à vous, sinon on est condamné à périr de tristesse. Je me souviens d’ailleurs de l’histoire de Tavae, ce pêcheur tahitien qui a dérivé pendant 118 jours dans le Pacifique. Il a raconté avoir tenu en s’émerveillant des couchers de soleil en mer ou de la lumière jouant sur le plancton recueilli dans un seau.

Il est probable que des neurasthéniques survivraient moins longtemps que d’autres dans un milieu hostile… L’émerveillement est peut-être une protection efficace, la condition de l’adaptation.

2 mai 2017 – Depardieu au téléphone

Au téléphone, Gérard Depardieu m’indique « ne plus vouloir répondre aux journaleux… Tu as vu dans quel état est le pays… » « Gérard, je ne suis pas journaliste mais un entrepreneur. » « Robert, si tu es entrepreneur, tu me comprends… » « Oui, ils t’ont traité vraiment d’une mauvaise manière. » « Ayrault, le Premier ministre qui m’a conseillé de partir a été condamné trois fois par la justice. Alors, je n’en ai plus rien à foutre … »

« Gégé », fidèle à lui-même, parle cash. C’est sa force. C’est sa faiblesse. C’est pour cela qu’on l’aime.

23 mai 2017 – Attractivité : la France revient dans la course

Ce n’est pas l’effet Macron, mais celui-là ne peut que l’amplifier…

En 2016, si la France enregistre 30 % de projets en plus d’investissements étrangers, score 2 fois supérieur à celui de l’Allemagne (+ 12 %) et 4 fois supérieur à celui de l’Angleterre (+ 7 %). Même si cette excellente nouvelle correspond à un rattrapage du retard des dernières années». Les dirigeants internationaux plébiscitent la capacité d’innovation, le rayonnement touristique et l’accessibilité internationale de notre pays.

Vous imaginez ce que cela donnerait si on arrivait à réformer certains de nos handicaps (ISF, Code du Travail)… Notre pays redeviendrait vite un Tigre ! Tout le monde le souhaite. Comme le clame la radio (BFM radio) si « la France a tout pour réussir », encore faut-il mettre en œuvre ses atouts.

23 mai 2017 – Bruno Lemaire a jusqu’au 19 juillet

Bruno Lemaire, le nouveau ministre de l’Économie, doit prendre les devants. Il a jusqu’au 19 juillet pour faire jouer son droit de préemption pour obliger le groupe italien  Fincantieri à nous assurer le contrôle (Etat + DCNS) du fleuron industriel de Saint-Nazaire, STX France (2 600 salariés et 500 sous-traitants).

Il n’y a aucune raison de passer la main sur ce symbole de Made in France industriel et son authentique savoir-faire (1.4 Md de commandes et un carnet de commandes rempli jusqu’en 2026). C’est à de tels actes forts de volontarisme économique que le gouvernement peut marquer sa détermination et sans complexe.

23 mai 2017 – Paris doit renouer avec l’Iran puisque Trump accepte les dollars de Riyad !

Excellent rappel des faits de Renaud Girard dans Le Figaro : « Lors de la visite à Riyad le 21 mai 2017, le président américain, qui venait signe pour 100 milliards de dollars de contrats militaires, a fustigé « le terrorisme » caractérisant à ses yeux le régime iranien. Donald Trump a-t-il oublié qu’il n’y avait pas un seul Iranien, pas un seul chiite, au sein du groupe des dix-neuf jeunes hommes qui perpétra l’attentat du 11 septembre 2001 ? Le président américain ignore-t-il que c’est le wahhabisme saoudien qui fonde l’idéologie de Daech, État islamique qu’il a pourtant désigne comme son ennemi principal ? N’a-t-il pas compris que la société saoudienne est bloquée par oulémas gaddiens du wahhabisme dans sa progression vers davantage de tolérance ?

Renonçant à la diplomatie dans le Golfe qu’initia Obama, Trump revient à la classique et juteuse alliance stratégique américo-saoudienne nouée par Roosevelt et Ben Saoud en février 1945. C’est l’occasion pour la France de se démarquer de son allié américain et de devenir leader en Occident du rétablissement des ponts culturels, politiques et économiques entre l’Europe et la Perse. Transformons l’essai courageux des modérés iraniens !

Deux raisons plaident pour cette nouvelle diplomatie. Premièrement, l’Iran, la Turquie et l’Egypte sont les trois seules vraies nations du Moyen-Orient. Deuxièmement, la population iranienne, vaccinée contre l’islamisme au pouvoir, est très favorable aux valeurs occidentales. Laissons à l’Amérique sont protectorat wahhabite et renouons avec cette immense civilisation orientale ! » 

Que rajouter de plus ?

29 mai 2017 – Refus de deux emplois : Macron a raison de supprimer les allocations chômage

Le nouveau président ne doit pas caler sur sa volonté de supprimer les allocations chômage après le refus de deux propositions d’emplois.  Rermettre la priorité sur la valeur travail est une nécessité absolue dans un pays où plus de 500 000 emplois ne trouvent pas preneur ! Un seul exemple, à 14 kms d’Auxerre, au bord de l’Yonne, le restaurateur Alain Renaudin (Les Tilleuls, 14 salariés à  Vincelottes) fulmine.

« Je suis obligé de faire venir mon personnel du Portugal. Il n’y a jamais eu autant de chômage. Pourtant, je propose des jobs de serveur à 1600 €, logé, nourri. Impossible de trouver en Bourgogne. » Alain Renaudin, 60 ans, a repris il y a 40 ans l’auberge en faillite et sa formule s’apparente à un cri du cœur : « Il y en a beaucoup qui usent plus de draps que des godasses. » C’est vrai aussi dans les restaurants huppés, tel le Carmin (une étoile à Beaune)… C’est sur le terrain que les choses s’expriment le mieux et c’est encore plus fort que toute statistique ! Heureusement, je sais que le Président nous lit …

30 mai 2017 – Vous avez dit Made in France : chiche

Le problème du made in France n’est pas uniquement affaire de consommateurs. Toutes les études le prouvent, si dans les magasins les consommateurs plébiscitent le label tricolore… de nombreuses PME oublient paradoxalement de le mettre en avant…

Au plan économique, il est très important que les entreprises privilégient les fournisseurs tricolores. Faire jouer la solidarité inter-entreprises devrait être un réflexe de la part des acheteurs… C’est le beau combat d’Yves Jego et Arnaud Montebourg avec leur label « France Origine Garantie ».

Les mésaventures de l’équipementier GM&S à la Souterraine (Creuse) est symptomatique. Comment nos deux grands constructeurs automobiles peuvent-ils ne pas défendre d’avantage un tel fournisseur, deuxième employeur du département ? Renault recourt à la « French Touch » dans ses messages pub, encore faut-il au plan industriel privilégier l’approvisionnement sur le territoire.

Bruno Lemaire a eu raison de leur rappeler…Il faut aller plus loin et savoir à due proportion, quel est le degré d’intégration du Made in France dans toutes les fabrications.

Un bon exemple, celui de Louis Le Duff qui s’engage avec ses 500 restaurants « Brioche dorée » ou « Arte » à s’approvisionner en poulets uniquement tricolores. Le groupe rennais achetera en 2017 380 tonnes de viande.

Autre phénomène, d’autres entreprises, et c’est encourageant, relocalisent sur le territoire. C’est le cas de Guy Degrenne, le groupe normand d’arts de la table (92M€ de CA, 120 salariés) qui rapatrie ses fabrications à Vire (14) tout en fermant son usine en Thaïlande.  Tant il est plus facile d’innover, de contrôler et de progresser sur un site français que dans le fin fond du sud-est-asiatique. Après tout, si la finalité de l’économie n’est-elle pas d’apporter la prospérité… Autant en faire d’abord profiter son pays…

31 mai 2017 – Pourquoi Macron ne doit pas lâcher STX

Nous n’avons pas autant de fleurons industriels que cela. Après la cession d’Alstom à GE, l’exil de Technip, ou Lafarge, voire d’Arcelor, les chantiers navals de l’Atlantique représentent un véritable emblème de notre savoir-faire industriel.

Réputé pour son expertise dans la conception de navires complexes et innovants (les paquebots géants comme le Harmony of the Seas), STX France emploie 2.600 salariés à Saint-Nazaire et fait travailler 500 sous-traitants. Dès lors, pourquoi laisser Fincantieri prendre la main avec 66.6% pour 79.5M€. Une aubaine si l’on considère les revenus de STX France, environ 1.4 milliards d’euros en 2016, et un carnet de commandes rempli jusqu’en 2026, avec 14 paquebots à construire, des navires militaires, et des sous-stations électriques dans le domaine des énergies renouvelables.

Le gouvernement a jusqu’au 19 juillet pour faire valoir son droit de préemption. Il y va de notre crédibilité industrielle. L’État a déjà 33.3% et d’autres industriels tels que DCNS alliés à MSC peuvent le rejoindre. Emmanuel Macron a parfaitement raison de demander « une nouvelle structure actionnariale ». « Là où il y a une volonté, il y a déjà un chemin » disait déjà Georges Pompidou. C’était il y a déjà 50 ans !


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