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Les petits patrons attendent d’être convaincus par Macron

Emmanuel Macron était dépeint par ses détracteurs, pendant la campagne présidentielle, comme le candidat des grandes entreprises. Aujourd'hui, les petits patrons s'interrogent vraiment sur la capacité du nouveau Président de la République à être à l'écoute de leurs préoccupations.

Entreprendre - Les petits patrons attendent d’être convaincus par Macron

Emmanuel Macron était dépeint par ses détracteurs, pendant la campagne présidentielle, comme le candidat des grandes entreprises. Aujourd’hui, les petits patrons s’interrogent vraiment sur la capacité du nouveau Président de la République à être à l’écoute de leurs préoccupations.

Si le chef de file d’En marche! a pu bénéficier, pendant la campagne présidentielle, de nombreux soutiens parmi les grands patrons, c’était moins le cas chez les petits chefs d’entreprises, un peu plus circonspects. D’autant que l’ancien ministre de l’Economie les a souvent heurtés, lorsqu’il était à Bercy, en particulier sur la question des qualifications des artisans ou des micro-entrepreneurs, qui bénéficient d’un régime fiscal plus favorable et qui viennent concurrencer les entreprises traditionnelles.

«L’idée que c’est le candidat du Medef est un sentiment très présent» parmi les petits patrons, confiait à l’AFP Marc Sanchez, président du Syndicat des indépendants (SDI), organisation qui entend représenter les entreprises de moins de 20 salariés et qui revendique 25.000 adhérents. Pour Luc Nadaud, artisan spécialisé dans l’aménagement de piscines, installé près d’Aubusson, dans la Creuse: «le candidat de la finance, des grands groupes, c’est l’image qu’il traîne de par son passé».

Le chef de l’Etat, énarque, est issu du corps de l’Inspection générale des finances (dont il a démissionné l’an dernier) et il a fait une incursion dans le privé en travaillant, comme associé, dans la banque d’affaires Rothschild. Ce parcours lui a souvent été reproché pendant la campagne présidentielle, en particulier par la candidate du Front National, Marine Le Pen, qui a fait du soutien aux petites entreprises le coeur de son programme économique.

Pour Marc Sanchez: «Il n’a pas cette culture-là, il a des choses à apprendre sur cette réalité économique». Il souligne, notamment, l’absence de réflexion de la part d’Emmanuel Macron sur «le financement des crédits de trésorerie», véritable problème pour les TPE.

Pour Luc Nadaud, le nouveau Président de la République «a un programme relativement libéral» et, même s’il n’a pas voté pour lui au premier tour, il pense que libérer les contraintes de travail pesant sur les très petites entreprises (TPE) n’est «peut-être pas une mauvaise chose». Il ajoute: «Maintenant, est-ce qu’il va pouvoir le faire? Je suis relativement dubitatif».

L’annonce du nouveau gouvernement a conforté les petits patrons dans leurs interrogations. Dans un communiqué, l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans, commerçants et professions libérales, s’est étonnée «de ne voir aucun portefeuille ministériel se référer aux priorités des entreprises qu’elle représente, pourtant mises en avant par Emmanuel Macron en amont du scrutin présidentiel».

L’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA) s’est elle aussi émue de voir que l’artisanat, confié à Martine Pinville dans le gouvernement sortant, était «le grand absent du gouvernement d’Edouard Philippe».

Nathalie Bergère, à la tête, avec son mari, de deux petites entreprises de plomberie-chauffage et d’électricité, dans la Mayenne, se dit «déçue» de ne pas savoir à qui revient le portefeuille. Ce pan du tissu économique est «souvent un peu mis de côté», dit-elle. «Pourtant, quand on sait ce que les TPE-PME représentent en nombre d’emplois, cela n’est pas très réaliste», souffle la chef d’entreprise. «Et nous, on ne délocalise pas, on paie nos impôts en France!».

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) plaide de son côté auprès du nouvel exécutif pour qu’une «loi-cadre TPE-PME» soit adoptée, dès le début de la législature, afin de donner de la visibilité aux chefs d’entreprise «sur l’évolution du coût du travail, de la fiscalité ou des règles sociales».

François Asselin, président de l’organisation patronale, en contact avec l’équipe d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, croit en l’avenir: «Il y a tellement eu, pendant cette campagne présidentielle, de bienveillance vis-à-vis des PME et des TPE que nous pensons qu’il serait judicieux de passer des paroles aux actes». Dont acte pour le nouveau gouvernement et son Premier ministre…


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