L’expérience, la connaissance des marchés, un réseau relationnel… apportent aux seniors nombre d’atouts pour créer une entreprise. Et ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance. Des exemples à suivre !
Dans l’imaginaire, l’image du créateur de start-up est celle d’un jeune, tout juste sorti d’une école de commerce, plein de morgue et avec la certitude – ou presque – que son concept va connaître un succès fulgurant voire, pour les plus idéalistes, changer le monde.
Le dynamisme, l’univers souvent innovant et numérique dans lequel évoluent les jeunes pousses entretient d’ailleurs le mythe. Mais derrière cette image d’Épinal, une majorité de ces nouveaux entrepreneurs affichent une grande expérience et se lancent dans l’aventure entrepreneuriale la quarantaine passée. Preuve en est : en moyenne un créateur d’entreprise est âgé de 40 ans, 51% d’entre eux étant même des serial-entrepreneurs.
En outre, 94% des créateurs ont un niveau d’étude équivalent ou supérieur à Bac +5, loin d’un autre mythe galvaudé, celui de l’entrepreneur autodidacte. L’expérience, un réseau solide, une meilleure capacité d’auto-financement donnent aux quadras et quinquas de sérieux atouts, notamment pour un succès sur la durée.
« Pour nous, le partenaire idéal est celui qui mêle maturité, flexibilité et séniorité », dresse d’ailleurs en portrait type Michel de Guilhermier. Avec Day One Entrepreneurs & Partners, il accompagne ainsi les jeunes pousses sur le long terme, de la création au développement en passant par le financement.
L’adaptabilité en question
« La plupart des seniors avec lesquels nous travaillons ont déjà créé une entreprise qui, soit n’a pas fonctionné, soit a été vendue. Le plus souvent, ils ne sont pas en reconversion », illustre Michel de Guilhermier. Sur 500.000 entreprises créées chaque année en France (dont 40% d’auto-entreprises), la moitié ne passent pas le cap des cinq ans, et 90% des start-up échouent.
Pour passer un certain stade de développement, l’adaptabilité reste une qualité clé. Une jeune entreprise tâtonne, cherche son modèle, sa structure et fait face à des écueils quotidiens. Pour l’expert, « il faut avoir cette capacité d’adaptabilité, se demander tous les matins si on est sur la bonne route et changer rapidement de direction si besoin ». Une qualité qui, pourtant, peut faire défaut aux personnes d’expérience après vingt ans passés dans de grandes entreprises.
« Ceux-ci peuvent avoir du mal à être flexible puisqu’ils ont appris à gérer un modèle qui marche. Ils ont perdu ces facultés d’agilité et de remise en question ». Pour autant, avoir 20 ans d’expérience apporte nombre de qualités essentielles !
Le temps, un atout pour senior
S’il n’existe pas de statistiques fiables, Michel de Guilhermier observe une tendance des entrepreneurs seniors à s’orienter vers la création d’entreprise en BtoB, là où un plus jeune s’oriente plus volontiers vers les secteurs des réseaux sociaux, des applications mobiles…
Pour autant, il n’y pas de réflexe atavique. Cette segmentation par l’âge ressort également dans les motivations. « À 40 ans, l’expérience et la maturité font que l’on est plus pragmatique ». Bénéficier d’un réseau et se lancer avec des associés permettent de mieux définir le marché ou la niche à cibler. Surtout, le temps est un élément important.
Un bon projet se mûrit en effet pendant plusieurs mois, ce qu’un senior peut se permettre plus facilement qu’un jeune. De même, une start-up n’est bien souvent pas rentable immédiatement, ce qui nécessite des financements importants en amont. Enfin, en cas d’échec, un senior semble avoir moins de difficulté à se réorienter qu’un jeune dont la création était la première expérience.