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Sébastien Bazin, de plus en plus pressé

L’ancien financier est aujourd’hui devenu, à 54 ans, un chef d’entreprise à la vision industrielle, qui vient de faire entrer son groupe à la 5ème place mondiale, 3 ans seulement après son entrée en fonction.

Entreprendre - Sébastien Bazin, de plus en plus pressé

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L’ancien financier est aujourd’hui devenu, à 54 ans, un chef d’entreprise à la vision industrielle, qui vient de faire entrer son groupe à la 5ème place mondiale, 3 ans seulement après son entrée en fonction.

Des débuts comme trader

Après une enfance bourgeoise dans le XVIème et des études au lycée catholique Saint-Jean-de-Passy, Sébastien Bazin décroche une relativement modeste maîtrise de gestion à la Sorbonne.

Son beau-père, l’homme d’affaires Guy de Chabaneix, l’a fait entrer chez le géant de l’aluminium Kaiser comme trader à New York. Le krach d’octobre 1987 met fin à cette carrière américaine, ce qui a été une véritable chance…

Un prédateur redoutable

À la tête du fonds d’investissement Colony Capital Europe, Sébastien Bazin a acquis une solide réputation d’investisseur hyper-actif (7 Mds€ d’investissements), efficace (comme le redressement et la revente de la chaîne Buffalo Grill, avec un bénéfice de 300 M€) et sans états d’âme, comme peuvent en témoigner Jean-Marc Espalioux, Gilles Pélisson et Denis Hennequin, les trois patrons successifs d’Accor, tous trois débarqués sans ménagement.

Actionnaire du PSG

En 2006, Sébastien Bazin, actionnaire du Paris Saint-Germain, via Colony Capital depuis 2006, en prend la présidence en 2009, suite au départ de Charles Villeneuve. Si l’homme d’affaires discret a apprécié les soirées au Parc des Princes, il a dû faire face à une véritable levée de boucliers des supporters.

Un passage difficile qui lui a fait dire : «Le PSG représente 5% de mes investissements et 95% de mes soucis». Il a cédé sa place à Robin Leproux puis à ‎Nasser Al-Khelaïfi, représentant des Qataris, propriétaires du club depuis 2012.

Impressionnant carnet d’adresses

Entre ses amis de lycée comme Bernard Liautaud, cofondateur de Business Objects, ou Laurent Mignon, directeur général de Natixis, ses partenaires de golf, dont le président du groupe Barrière Dominique Desseigne, ou les amis de sa femme (Nicolas de Tavernost, P-DG de M6), Sébastien Bazin disposait d’un solide réseau personnel, qu’il a enrichi tout au long de son parcours.

Il est proche des financiers Matthieu Pigasse (banque Lazard), Patrick Sayer (Eurazeo) et Nicolas Durand (banque Rothschild), ou d’entrepreneurs, comme Martin Bouygues et Jérôme Seydoux, mais aussi de Nicolas Sarkozy et l’architecte Roland Castro.

Un fils aventurier

Marié à 24 ans à Juliette de Chabaneix, Sébastien Bazin mène une vie de famille sage, avec ses quatre enfants, entre son domicile parisien du XVIème arrondissement et sa maison de Dinard en Bretagne. Seul son fils Martin a soulevé l’intérêt des médias en 2011, en participant à l’émission de télé-réalité «Koh-Lanta».

Un sulfureux mentor

L’arrivée à la tête d’Accor n’est pas le premier contact de Sébastien Bazin avec l’industrie hôtelière, même s’il n’en fait plus trop état. Il a en effet été associé à Clément Vaturi, un promoteur italo-égyptien, pour créer une petite chaîne de palaces, Amanresorts, dont il prendra même, à 31 ans, la direction générale.

L’aventure s’achèvera en 1997, Clément Vaturi étant condamné à 2 ans de prison pour fausses factures. Mais il l’assure : «Sébastien n’a jamais été inquiété, parce qu’il n’avait rien à se reprocher».

Des ambitions mondiales dans le luxe

En mettant la main sur le canadien FRHI (Fairmont, Raffles et Swissôtel) en décembre dernier pour un montant de 2,9 Mds€, le patron d’AccorHotels a réalisé un superbe coup, prenant position dans le Top 3 mondial des groupes hôteliers de luxe, comblant son retard sur ce segment porteur, où il était relativement peu présent.

Accor devient notamment propriétaire du mythique palace parisien, le Royal Monceau.

Un véritable hôtelier

Lorsqu’il était administrateur d’Accor pour le fonds Colony Capital, Sébastien Bazin avait une approche très financière du secteur, exigeant que le groupe vende des actifs et cèdent les murs de ses hôtels pour délivrer des dividendes.

Depuis son arrivée à la tête du groupe, il a radicalement changé de cap, avec une vision industrielle et une volonté de croissance externe. En 3 ans, AccorHotels, qui réalise plus de 5,5 Mds€ de CA, s’est hissé au 5ème rang mondial.

La tentation du numérique

Sébastien Bazin, nommé P-DG Digital de l’année 2015, est un «geek converti». L’homme d’affaires, qui a déclaré «j’aurais adoré participer à AirBnB», est particulièrement impliqué dans la transition numérique de son groupe, pour attaquer les acteurs du secteur sur leur terrain et surtout identifier ceux qui vont apparaître dans 10 ou 15 ans : «Le problème ne sera plus AirBnB. En revanche, il y a sûrement trois crétins, peut-être en Asie, qui sont en train d’inventer un service qui va me casser les pieds !».

Il a ainsi présenté fin 2014 un plan d’investissement de 225 M€ sur 4 ans pour anticiper la future vague numérique.

Le modèle américain

Sébastien Bazin a passé 15 ans à la tête du fonds d’investissement spécialisé dans les secteurs de l’immobilier, de l’hôtellerie et des casinos Colony Capital, fondé par Tom Barrack.

Cet Américain d’origine libanaise, qui n’a jamais cessé de soutenir son poulain avec qui il partage un fonctionnement intuitif et la passion de la pierre, a dû rebondir après le départ de celui-ci. Colony Capital Europe, désormais dirigé par Nadra Moussalem et Jean-Romain Lhomme, doit retrouver le chemin du succès.

Les Qataris, alliés fidèles

À l’occasion du rachat de FHRI, dont le fonds souverain qatari (Qatar Investment Authority) était propriétaire, aux côtés des Saoudiens et d’un fonds canadien, l’actionnariat d’AccorHotels est sensiblement modifié.

L’opération a en effet été financée par une augmentation de capital réservée, qui permettra aux investisseurs qatari et saoudien de prendre respectivement 10,5 et 5,8% du capital, les Qataris devenant le premier détenteur de parts du groupe. Les bonnes relations nouées avec le prince Al Thani, devenu émir du Qatar en 2013, à l’occasion de la vente du PSG, ont visiblement porté leurs fruits.


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