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Start-up : où sont les femmes ?

En France, seulement 15 à 20% des créateurs de start-up sont des femmes. La gente féminine n’est pourtant pas en manque d’idées, mais plutôt victime d’une absence de culture d’entreprise.

Entreprendre - Start-up : où sont les femmes ?

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En France, seulement 15 à 20% des créateurs de start-up sont des femmes. La gente féminine n’est pourtant pas en manque d’idées, mais plutôt victime d’une absence de culture d’entreprise.

Frichti, One Ragtime, Daphni, Leetchi… le nombre des start-up lancées par des femmes et leur succès montrent que le beau sexe n’est pas en reste quand il s’agit d’entreprendre. Pourtant, alors que la part salariale féminine frôle les 48%, elle chute à seulement 27% dans le secteur numérique*.

Rien d’étonnant donc à ce que la levée de fonds moyenne obtenue en 2015 par une startuppeuse soit inférieure à celle d’un startuppeur : 2,3 M€ contre 3,6 M€. Pourtant, les femmes aux manettes affichent de meilleures performances, tiennent leurs objectifs et contribuent à la croissance mondiale.

«Je prône que les femmes sont meilleures que les hommes», affirme Jean-Louis Louvel, chef d’entreprise et cofondateur en Normandie de l’incubateur de start-up NFactory. Il indique d’ailleurs que, parmi les «protégés» de ce réservoir de jeunes pousses, il compte beaucoup plus de femmes que d’hommes.

Prouver plus sa légitimité

Selon Céline Lazorthes, créatrice de Leetchi en 2009, le site dédié à la collecte d’argent entre particuliers, être une femme n’est pas forcément un frein. «Au contraire, cela peut parfois se révéler être un réel atout ! Par exemple, les femmes disposent d’une couverture médiatique plus importante que les hommes. Nous sommes moins nombreuses alors nous sommes davantage visibles. La vraie difficulté réside dans le fait que les femmes n’osent pas se lancer par peur ou par manque de confiance en elles. Il faut les convaincre qu’elles peuvent y arriver et devenir chef d’entreprise !»

Seul bémol, un démarrage plus difficile. «J’ai du prouver ma légitimité. Voir débarquer une jeune femme de 26 ans qui espère construire sa banque, cela dénotait dans les milieux très masculins de la finance et de la technologie ! En revanche, maintenant que j’ai fait mes preuves, on m’accorde exactement la même crédibilité que celle dont bénéficient les hommes».

Comme 63% des startuppeuses, la créatrice de Leetchi s’est lancée dans le e-commerce alors que les hommes se tournent plus volontiers vers les nouvelles technologies. «En effet, l’accès aux études technophiles, aux écoles d’ingénieurs notamment, est plutôt réservé aux jeunes hommes. Historiquement, les femmes sont esthéticiennes et les hommes garagistes. Ce sont toujours des lignes à faire bouger», constate Stéphanie Pélaprat, présidente de Restopolitan.

Pour la jeune entrepreneuse de 32 ans, les choses évoluent déjà puisque l’accès aux formations de codage notamment s’ouvrent de plus en plus aux femmes. Il faudrait néanmoins lever les barrières de la formation pour qu’hommes et femmes aient droit aux mêmes études.

Autre constat entre entrepreneurs de sexes différents, les femmes se développent moins et moins vite à l’international, souffrant d’une absence de culture de l’entrepreneuriat. Là encore, il est nécessaire de faire bouger les lignes. A contrario, la solidarité féminine joue à plein.

Céline Lazorthes partage ainsi volontiers son expérience. «Il est essentiel de soutenir les femmes et de les encourager à se lancer, à avoir confiance en elles et en leur projet. Il faut leur répéter qu’il est possible pour une femme d’entreprendre, au même titre qu’un homme. Il faut leur donner envie car l’entrepreneuriat est une bien jolie aventure ! ».

Solidarité féminine

Pour aller plus loin, la fondatrice de Leetchi est d’ailleurs devenue business angel. «C’est une chose très importante à mes yeux et mon rôle de business angel me tient à cœur. Je suis ravie de donner un peu de mon temps dès que je le peux pour aider et soutenir de jeunes créatrices d’entreprise. C’est aussi une manière de redistribuer à l’écosystème ce que j’ai reçu à mes débuts. Et puis, c’est un rôle qui me permet de beaucoup apprendre et de me détendre un peu !»

Une analyse que partage Marie Ekeland qui se voue corps et âme au lancement de start-up. Avec l’association France Digitale créée en 2012, dont elle est fondatrice et coprésidente, la jeune femme souhaite transformer la France en un territoire propice au développement des jeunes pousses, après avoir constaté que l’Hexagone pèche par une méconnaissance de son potentiel économique et social dans l’écosystème numérique.

Pire, notre territoire souffrirait même d’une incapacité à créer de nouveaux champions numériques. Pourtant, Marie Ekeland reste persuadée que les femmes seraient plus libres que les hommes et pourraient ouvrir la voie. La solution ? Promouvoir une plus grande diversité afin de permettre l’épanouissement de la richesse.

La question du financement restant le nerf de la guerre, Marie Ekeland a ainsi lancé en 2015 Daphni, une société de capital risque parisienne dédiée à l’amorçage de start-up à l’échelle de l’Europe. Elle vient d’ailleurs de lever 150 M€ auprès de BpiFrance, Société générale, Fnac-Darty, Nokia et Xavier Niel (Free).

La complémentarité forme la richesse

Le nombre de structures dédiées aux startuppeuses montre à quel point les femmes ne sont pas en reste, à l’image du Forum des jeunes femmes et du numérique, de l’incubateur Paris Pionnières, du réseau Girls in Tech… Un bouillonnement bien venu dans le monde de l’entrepreneuriat féminin.

Les banques aussi ont bien compris l’intérêt de s’intéresser aux entrepreneuses. BNP Paribas a ainsi lancé en février le programme #ConnectHers destiné aux femmes créatrices d’entreprise afin de leur proposer une offre de services et d’expertise adaptée à leurs besoins.

«De plus en plus de femmes se lancent et n’ont pas peur d’être mises en avant. Je ne suis pas féministe dans l’âme mais je suis sûre que l’apport de la femme, aussi bien dans l’entrepreneuriat, la politique, le social… est un vrai plus», estime Stéphanie Pélaprat. La jeune entrepreneure met en avant la sensibilité féminine, différente de celle des hommes. « La parité apporte une vraie complémentarité qui fait la richesse d’une entreprise»

* Source Syntec numérique


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