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Un industriel français méconnu champion de l’export

Avec ses produits «made in France» à la pointe de la technologie, l’industriel mayennais GYS prouve qu’une ETI peut rester provinciale et s’imposer au niveau mondial.

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Avec ses produits «made in France» à la pointe de la technologie, l’industriel mayennais GYS prouve qu’une ETI peut rester provinciale et s’imposer au niveau mondial.

Méconnu, le fabricant mayennais de postes de soudage et de chargeurs de batterie est pourtant l’un des leaders du secteur ! Son rayonnement international prouve qu’il existe toujours aujourd’hui une réalité industrielle à fabriquer en France.

Cette belle PME familiale créée en 1964 n’a pas attendu pour sortir des frontières de l’Hexagone. Depuis son siège de Saint-Berthevin et avec ses 5 filiales (à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Inde et à Shanghai), elle réalise déjà 50% de son activité à l’export dans 112 pays, et ambitionne même d’atteindre rapidement 75%.

Des produits technologiques

Créée en 1964 par Guy Yves Stephany avec, comme idée de base, la construction de transformateurs 110 V/230 V (au moment où EDF décidait de changer la tension du réseau électrique de 110 à 230 V), l’entreprise, cherchant un relais de croissance, se positionne alors sur les chargeurs de batterie (fin des années 60) et les postes de soudage (fin des années 70).

Le décès du fondateur et les 20 ans de reventes successives qui suivent conduisent la PME au tribunal de commerce où Nicolas Bouygues (frère de Martin, le patron de TF1) et son fils Bruno la rachètent en 1998. Une bonne affaire pour le duo qui a imposé la PME (500 salariés) provinciale comme un acteur innovant au niveau mondial. «L’innovation n’est pas géolocalisée dans une région ou dans un pays.

Toute entreprise peut être très innovante dans son domaine, si elle arrive à trouver des débouchés commerciaux et à attirer des talents. Chez GYS, nous avons une conception très allemande de l’innovation ou nous essayons d’accumuler et d’acquérir des compétences et des savoirs technologiques dans le temps. Chez nous, l’innovation est tout autant une innovation des processus de fabrication qu’une innovation produit.

C’est pour cela que nous avons développé une philosophie industrielle basée sur l’intégration verticale de la fabrication de tous nos semi-ouvrés dans un campus industriel. Cette philosophie nous permet de mieux nous différentier à chaque étape de fabrication, d’être plus flexible et plus réactif et surtout d’avoir un contrôle qualité très rigoureux.

Notre positionnement actuel, des produits de qualité innovants et haut de gamme, est la résultante d’un chemin parcouru pendant 18 ans dans lequel nous avons beaucoup investi sur nos outils industriels et sur nos collaborateurs», insiste Bruno Bouygues, qui codirige le groupe aux côtés de son père.

Destinés au grand public, aux artisans, aux PME et aux industriels, GYS fabrique 3 gammes de produits : des postes de soudage à l’arc (70% de la production), des chargeurs de batterie (15%), et des équipements pour la réparation automobile (15%), tous «bourrés» de technologie, ce qui explique leur succès.

«Les chargeurs ont été conçus avant les postes de soudure. En fait, à l’époque de l’électrotechnique, certains composants pouvaient être utilisés indifféremment dans les deux types de produits. Aujourd’hui, l’électronique ayant pris le pas sur l’électrotechnique, ces deux gammes sont bien différenciées avec des perspectives et des marchés bien segmentés», explique cet ingénieur diplômé du MIT, dont la PME réalise deux tiers de son CA dans l’industrie et un tiers dans l’automobile. Malgré une conjoncture du marché automobile encore tendue, GYS affiche de bons résultats. «Nous avons réalisé une bonne année 2014, avec une progression organique de 7%. Sur 2015, nous sommes confiants dans notre capacité à continuer à progresser, notamment à l’export car le terrain de jeu est immense. Surtout, nous commençons à bénéficier de l’effet positif de la baisse de l’euro/dollar. Sans oublier la très forte croissance de nos marchés en Afrique qui compense les difficultés dans les zones russophones où la demande s’est affaiblie».

Un marché domestique à grande échelle

Face à la concurrence mondiale, le groupe mise à la fois sur son département R&D, où œuvrent 60 personnes, et son usine, un bijou de technologie. «Notre usine est très intégrée et bien équipée en automate et robot, que ce soit en production ou au centre de recherche.

Dans notre cœur de métier, notre offre ne s’étend pas encore au générateur de soudage connectable aux robots, mais donnez-nous encore 18 mois et nous devrions avoir finalisé nos premières affaires», promet le dynamique entrepreneur. De quoi continuer à grignoter des parts de marché à l’export qui prévoit non seulement d’ouvrir d’autres filiales commerciales (4 à ce jour, Inde, Chine, Allemagne, Angleterre) mais surtout de renforcer ses partenariats dans le monde entier.

Pour l’ETI mayennaise, les frontières de l’Hexagone sont définitivement trop étroites ! «65 millions de personnes est un marché trop petit pour faire vivre une usine ayant des savoir-faire technologiques importants. C’est dans cette optique que nous avons ouvert les filiales allemandes et anglaises pour constituer un marché domestique de 200 millions de personnes et que nous nous battons pour avoir un groupe en Europe qui soit tri-culturel.

Les produits, les stratégies commerciales et la communication doivent tenir en compte des spécificités de ces trois pays qui, à nos yeux, ne doivent en former qu’un seul si nous voulons protéger et faire grandir le site de production mayennais», insiste le codirigeant, plus souvent en avion, afin d’ouvrir de nouveaux marchés, qu’en Mayenne.

L’ouverture de la filiale en Allemagne avait un double objectif : prendre des parts de marché et être un laboratoire technologique pour mieux se positionner par rapport à une offre allemande percutante. Une réussite qui a conduit l’entreprise à récemment réitérer la démarche, cette fois en Grande-Bretagne.

«Le double objectif ? Prise de parts de marché et être un laboratoire des prix. Il n’y a pas autant de fabricants anglais que de fabricants allemands dans notre industrie. En revanche, il y existe de nombreux importateurs de produits asiatiques ! En ouvrant la filiale anglaise, nous avons souhaité répondre à la question : existe-t-il encore une réalité industrielle à fabriquer en France et vendre en Angleterre en restant compétitif ? Après plusieurs années à se battre et avec le retournement de l’euro/dollar, la réponse est : oui ! Et c’est pour cela que nous avons décidé d’investir davantage en Grande-Bretagne en achetant ce centre logistique à Rugby», un investissement de 1,8 M€.

À la conquête du monde

Pour GYS comme pour tous les acteurs industriels internationaux, la Chine représente un marché majeur, notamment pour Bruno Bouygues, qui fait une partie de ses études à Singapour. «J’ai pu me rendre compte très jeune de l’importance de bien comprendre les différences entre les différents marchés mondiaux».

C’est lui d’ailleurs qui y a implanté les deux très belles filiales du groupe. «La première est une très belle entreprise de production qui conçoit et fabrique des produits adjacents à ceux fabriqués en France ; la deuxième est une entreprise de distribution qui importe des produits très haut de gamme fabriqués en France», indique le jeune patron, dont l’épouse coréenne est Partner chez McKinsey.

Mais pas question pour l’ETI de délocaliser ne serait-ce qu’une partie de la production hors de la Mayenne. En témoigne la phase d’expansion de son outil industriel. GYS vient d’ailleurs d’acquérir un terrain, qui jouxte le site actuel, afin de disposer dès 2016 d’une capacité de stockage supplémentaire, portant l’ensemble des surfaces construites à plus de 40.000 m². Sur ces terres, Bruno Bouygues invite volontiers clients, partenaires et distributeurs à visiter son complexe industriel de premier plan, le plus important d’Europe de l’Ouest dans le domaine de la production d’équipements de soudure.

«En revanche, si la question est de savoir si nous souhaitons avoir des outils industriels dans d’autres pays à moyen terme, la réponse est oui», dévoile l’entrepreneur. Une belle ambition pour l’industriel français qui mise sur l’innovation, en termes de produits comme de processus de fabrication, pour vendre des produits «made in France» à la pointe de la technologie sur un marché domestique élargi et à l’export !


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