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Vivre à l’euro près : un champ d’action de la Tech For Good

Entreprendre - Vivre à l’euro près : un champ d’action de la Tech For Good

Tribune. Pascal Lorne, fondateur de gojob.com

En plaçant l’humain au centre de leur démarche, les start-up peuvent innover pour le bien commun, notamment en matière d’emploi.

Gagner 3 400 € nets en un mois en travaillant les vendredi, samedi et dimanche : une grande entreprise industrielle nous avait demandé de pourvoir 100 postes en intérim, pour tenir son carnet de commandes en pleine surchauffe. Avec ces conditions, nous trouvons facilement 100 personnes, elles s’intègrent parfaitement aux équipes. Mais au bout d’une semaine nous sommes recontactés par l’usine, plusieurs salariés sont absents. Nous partons à leur recherche.

Très vite, nous découvrons que l’un est à l’hôpital, il n’a plus de quoi s’acheter à manger. L’autre ne s’est pas réveillé : il dort dans sa voiture, il n’a plus de quoi se payer l’essence pour faire ses trajets domicile-travail… Aujourd’hui en France, soixante-quinze ans après la création de la Sécurité sociale, des salariés qui pourraient gagner près de trois fois le SMIC n’arrivent pas à boucler une fin de semaine. Certains n’arrivent pas à boucler une journée.

C’est un des obstacles majeurs sur lequel vient buter la politique de l’emploi. Pour beaucoup de chômeurs, démarrer un nouvel emploi c’est se mettre financièrement en danger. En l’espace de quelques mois, avec des effets de seuil qui peuvent entraîner des hausses d’impôts et/ou des baisses d’allocations.

Mais aussi en quelques jours, avec des dépenses de transports, d’hébergement, de garde d’enfants, qui peuvent faire basculer instantanément un compte dans le rouge. Tous les jours, plusieurs de nos intérimaires nous demandent des acomptes, pour quelques dizaines d’euros. Particulièrement le 4 du mois, jour où les opérateurs GSM coupent les abonnements en cas d’impayé.

Cercle vertueux

Comment combiner travail salarié et paiement presque en temps réel ? En mixant de la technologie, de la finance et de la confiance. La technologie avec plusieurs dizaines de développeurs sur le pont pour numériser tous les flux. Car pour payer à la journée, il faut maîtriser en temps réel une multitude d’informations : validité du contrat, signature électronique, vérification du début de la mission, relevé d’heures quotidien via une appli mobile… Puis avoir un logiciel de paie qui intègre toutes les variables : conventions collectives, primes etc. Le tout pour arriver à ce que, dès le premier jour travaillé, le salarié puisse voir en direct sur son appli l’acompte sur salaire auquel il a droit, et en faire virer instantanément tout ou partie sur son compte.

La finance ensuite, pour réussir à obtenir des taux réduits auprès des banques, pour que ce crédit  sur salaire n’ait pas de coût pour l’intérimaire. C’est là que joue la force du collectif : un salarié isolé obtiendrait au mieux un crédit à la consommation ou un crédit renouvelable, dont le taux pourrait grimper jusqu’à 15 %. A l’inverse, avec 4 000 salariés et des entreprises clientes de toutes tailles et secteurs, partout en France, nous pouvons obtenir du 1 % annuel, que nous ne refacturons pas à nos intérimaires.

La confiance, enfin, pour tenir l’ensemble et créer un cercle vertueux. Grace à de la technologie, nous arrivons à créer de la confiance entre des parties : salariés, entreprises, banques, qui traditionnellement sont dans la défiance les unes par rapport aux autres. Nous donnons confiance à nos intérimaires en faisant sauter des verrous à l’embauche, par un recrutement selon des compétences et des qualités personnelles plutôt que sur une simple liste de diplômes. Ces intérimaires en confiance mènent à bien leur mission, donnant confiance à nos entreprises clientes. Cette dynamique nous accorde la confiance des banques pour obtenir de meilleurs taux. Grâce à la technologie, nous arrivons à tirer une partie la société, en l’occurrence le marché de l’emploi, vers le haut.

Cette démarche a un nom : la tech for good. Elle n’est possible que quand la technologie est intégrée à chaque étape du process de l’entreprise. Quand les développeurs et les chargés de clientèle partagent le même bureau. Quand les besoins des utilisateurs remontent au fur et à mesure aux développeurs pour se transformer rapidement en pistes d’innovation, qu’on teste tout aussi rapidement.  Quand on cherche l’utilité plutôt que la perfection. Quand la technologie est d’abord un moyen, pour atteindre un objectif qui profite à toute la collectivité. [FL2] La tech for good peut prendre toutes les formes : celle d’une appli qui met en place au Kenya un système de recommandations pour favoriser l’emploi des femmes et des jeunes. Celle d’une start-up qui optimise l’utilisation de l’électricité à l’échelle d’une gare ou d’un quartier, en reliant producteurs et consommateurs et en les incitant à mieux coopérer. Dans toutes ces formes, la tech for good part d’une même priorité : l’humain. Et elle carbure toujours à une même énergie : la confiance. En tant que pays de chercheurs, pays d’entrepreneurs, en tant que pays qui défend un modèle social avancé, la France doit y jouer un rôle majeur.

Pascal Lorne, fondateur de Gojob.com, agence d’intérim 100% digitale



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