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Le fondateur milliardaire des magasins GiFi va-t-il tout perdre ?


Cela devrait rassurer les pourfendeurs du capitalisme échevelé. Car si des entrepreneurs peuvent faire fortune, ils peuvent aussi mordre la poussière.

Entreprendre - Le fondateur milliardaire des magasins GiFi va-t-il tout perdre ?

La roue ne tourne pas toujours dans le bon sens pour les grands entrepreneurs, même parmi ceux qui ont fait fortune à partir de rien. Prenez le cas du dirigeant fondateur de GiFi (1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec 720 magasins dans 18 pays), le fantastique Philippe Ginestet.

Régulièrement présent dans le classement des milliardaires, le châtelain du Lot-et-Garonne, également propriétaire de Tati, doit faire face, à 70 ans, à une crise dont il se serait bien passé. Tout est venu d’une crise informatique de premier ordre, lors d’un changement de logiciel du système informatique interne en 2023, qui a obligé la célèbre enseigne de déstockage à ne plus pouvoir assurer le réapprovisionnement de ses magasins. Il aura fallu attendre plusieurs mois pour que l’enseigne puisse retrouver la normale.

Le manque à gagner est considérable, obligeant Philippe Ginestet à réinvestir sur fonds propres. Il aurait même été obligé de céder plusieurs de ses propriétés immobilières, même si l’intégrité de son mirifique chalet de luxe de Megève, celui-là même où il organisait des séminaires festifs avec ses cadres dirigeants, n’est pas concernée.

L’heure n’est décidément plus à la fête pour GiFi, concurrencée par l’essor de nouvelles chaînes de discount telles que Stockomani, Centrakor, Maxi Bazar, le breton Noz ou le néerlandais Action. Sans idées de génie, pour reprendre son slogan publicitaire, GiFi, selon nos informations, a dû prendre langue directement avec le ministère de l’Économie pour trouver des solutions de refinancement.

L’enjeu au plan social n’est pas négligeable et concerne directement 6 550 emplois. Avec l’appui du Ciri, un prêt bancaire de 100 millions d’euros a été accordé à GPG, le holding personnel de la famille Ginestet. L’hypothèse privilégiée est de s’acheminer vers une cession intégrale des magasins à un groupe concurrent, Philippe Ginestet conservant les murs. C’est le groupe de Moez-Alexandre Zouari (Stockomani, Maxi Bazar) qui paraît le mieux placé.

Celui qui vient de reprendre l’entièreté du capital de Picard deviendrait, avec ce rachat, le nouvel homme fort indépendant de la distribution spécialisée, même s’il a manqué, avec ses alliés Xavier Niel et le groupe coopératif InVivo dirigé par Thierry Blandinières, d’un cheveu récemment la reprise des magasins Casino, après la trahison d’un grand banquier d’affaires, comme l’a bien expliqué dans son dernier livre Xavier Niel lui-même. Si, pour le rachat de GiFi, Moez Zouari semble actuellement le mieux placé, ne sous-estimons pas non plus la position du self-made-man breton de Noz (680 millions d’euros de chiffre d’affaires), Rémy Adrion, qui, avec la reprise de GiFi, disposerait d’un marchepied sans équivalent pour s’imposer comme un géant.

Le revers de fortune de Philippe Ginestet démontre à tous ceux qui en douteraient que le métier d’entrepreneur est tout sauf un parcours parsemé de roses. Que le chemin reste semé d’embûches et que même ceux qui réussissent ne sont pas à l’abri de mésaventures ultérieures.

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