Une conjoncture anxiogène
L’année 2024 marque un retour massif des défaillances d’entreprises à des niveaux élevés, proches de ceux observés après la crise des subprimes en 2009. En seulement dix mois, plus de 70 000 entreprises ont jeté l’éponge. Comparé à l’année précédente, c’est un bond de 20 %.
Rien qu’au troisième trimestre 2024, 13 000 entreprises se sont déclarées en cessation de paiement, un niveau comparable aux pires périodes de la crise Covid-19.
Outre une conjoncture internationale anxiogène, ce coup de froid s’explique largement par la fin des dispositifs d’aide d’urgence, tels que les prêts garantis par l’État (PGE) et les mesures de soutien à l’emploi, qui avaient temporairement protégé les entreprises pendant et après la pandémie.
Impact majeur sur les TPE et PME
Les très petites entreprises (TPE), qui emploient moins de dix salariés, sont les plus vulnérables et concentrent 90 % des défaillances. Rien d’étonnant à cela puisqu’elles sont souvent prestataires ou sous-traitantes des PME, dont les défaillances ont elles-mêmes bondi de 47 % par rapport à l’année précédente.
Les petites et moyennes entreprises, traditionnellement plus robustes, se trouvent désormais fragilisées par des coûts de production élevés et une consommation atone.
Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), la hausse des coûts des matières premières, le poids des dettes et des impayés amplifient les difficultés. Des secteurs tels que le bâtiment, fortement impacté par la crise de l’immobilier, sont particulièrement touchés, avec des défauts de paiement qui affectent directement les sous-traitants et toute la chaîne de valeur.
Dans le secteur B2B, les services de transport, le conseil aux entreprises, la sécurité et certains segments de l’industrie (automobile, fabrication de machines et équipements) traversent également une période difficile, avec une augmentation des faillites. Le commerce interentreprises a vu ses défaillances augmenter de 40 % en raison d’une demande affaiblie et de retards de paiement généralisés.
Optimisme pour 2025 ?
Pour l’année 2025, les économistes prévoient un maintien élevé des défaillances jusqu’au premier trimestre, où un pic de 66 500 défaillances pourrait être atteint.
Les experts se veulent tout de même rassurants : les entreprises pourraient à nouveau respirer… à condition que les pressions inflationnistes s’atténuent et que la consommation intérieure reparte à la hausse. Une baisse des coûts de l’énergie et des matières premières, ainsi qu’une stabilisation de la demande intérieure, sont attendues pour permettre aux entreprises de retrouver une certaine marge de manœuvre.
L’amélioration potentielle des trésoreries permettrait un retour progressif des investissements, et donc un renforcement du tissu économique. Cependant, la situation demeure fragile pour les PME et les ETI, car tout regain de sinistralité pourrait affecter durablement l’emploi et la stabilité économique de nombreux territoires français.
Le retour à un niveau plus bas de défaillances dépendra en grande partie de la politique économique menée pour accompagner les entreprises en difficulté dans les mois à venir.