Par Romain Pia, Sales Manager – Opengear
Tribune. La commercialisation de l’attribution de fréquences 5G en mai prochain devrait rapporter au moins 2,17 milliards d’euros à l’Etat français. Si certains ne voient dans la 5G qu’une nouvelle prolifération d’antennes relais, les opportunités technologiques qu’elle laisse entrevoir sont vastes. Avec elle sonne l’heure d’une bande passante plus large et de niveaux de latence beaucoup plus faibles, de -1 ms contre 20 ms pour les réseaux actuels. Autrement dit, avec elle les opérations traitées dans le Cloud seront beaucoup plus réactives. Par conséquent, la 5G sera à l’origine de la démocratisation de nombreuses technologies émergentes (réalité virtuelle, réalité augmentée, etc.) et de la révolution de plusieurs secteurs comme l’industrie, la santé, les transports, le retail ou encore les services financiers.
Pour les acteurs de la banque et des finances, la 5G s’annonce, par la connectivité offerte, comme le socle de services nouveaux. Le marché imagine déjà les bénéfices notamment à destination des clients. Déployer des guichets vidéo accessibles aux clients à distance ou encore des services basés sur l’IA (Intelligence Artificielle) qui regroupent en temps réel des données comportementales pour favoriser une réponse plus adaptée et directe. Dans le domaine du retail (réseaux de magasin), l’usage de technologies telles que la réalité augmentée et virtuelle, l’affichage numérique et la reconnaissance vidéo sont déjà au cœur de projets pilotes pour créer une expérience client encore plus personnalisée. Car il est indéniable que la bande passante supplémentaire et la latence plus faible qu’offre la 5G révolutionneront l’expérience client !
Dans ce contexte, rares sont les industries qui ne tireront pas leurs épingles du jeu de l’émergence de la 5G. Ses bénéfices soutiendront le développement économique des secteurs secondaires et tertiaires et amélioreront le quotidien de chaque individu. La technologie favorisera l’automatisation et le succès du modèle avancé de l’industrie 4.0. Elle soutiendra également le développement de l’un des plus importants secteurs : l’automobile, notamment dans l’avènement de la conduite autonome et de la voiture connectée. Le secteur de la santé pourra, grâce à elle, uniformiser et viabiliser les consultations par vidéo tout en favorisant un usage accru des appareils portables et de la télémétrie par ses professionnels et in fine une qualité de prise en charge et de soins aux patients renforcée.
Toutefois, le déploiement de la 5G engendrera également des changements majeurs au sein des infrastructures technologiques. Etant donné la rapidité, la souplesse et l’adaptabilité qu’elle apportera aux réseaux, elle constituera surtout un puissant facilitateur de l’expansion de l’Internet des objets (IoT). Au fur et à mesure que l’IoT se développe et s’étend, il précipite l’emplacement des ressources (computer locations) hébergées de plus en plus à la périphérie du réseau et la volonté de traiter et de hiérarchiser les données plus près du point de collecte.
Dans ce contexte, l’arrivée de la 5G oblige les opérateurs à réaliser d’importants investissements dans leurs infrastructures afin d’être en mesure de gérer le trafic de données supplémentaire qui sera généré. Ils seront contraints de revoir la structure globale de leurs installations informatiques afin de la faire évoluer avec des nouveaux équipements en mesure d’opérer la 5G. Cela signifie notamment externaliser une partie de l’infrastructure de leur datacenter traditionnel sur la partie edge, au plus près de la donnée. Dans ce schéma, les ‘grands’ datacenters continueront à traiter et à stocker les données, mais avec le support de datacenter de proximité (edge data center) pour soulager les réseaux et diminuer le temps de latence, en vue d’une expérience utilisateur améliorée.
Si en termes de fonctionnalité, l’endroit où les dispositifs sont connectés et hébergés importent peu, la nécessité de maintenir le même délai de disponibilité et de réponse de l’infrastructure réseau demeure iso, voir supérieure. Le choix du edge data center à l’heure de la 5G pose toutefois certains défis, notamment en matière de monitoring et de résilience. Là où les datacenters traditionnels bénéficiaient de personnel informatique sur site pour en assurer la gestion et la maintenance, l’edge data center les en prive. Il réduit également la remontée d’indicateurs clés nécessaires au fonctionnement de l’entreprise.
Conscients des défis posés par la 5G, les acteurs du marché de l’IT s’organisent. Le marché voit émerger des technologies qui permettent d’anticiper les besoins actuels et futurs du réseau de nouvelle génération tout en assurant sa résilience. Grâce à des capacités d’intelligence artificielle intégrée, certaines, comme l’Out-Of-Band (OOB), permettent aux ingénieurs de centre d’exploitation du réseau (NOC) d’accéder aux appareils situés en périphérie pour leur garantir un accès et une visibilité à distance en cas de pannes critiques et faciliter ainsi la résolution de problèmes et/ou le dépannage.
L’avènement de la 5G, aussi enthousiasmant soit-il, apporte aussi un mélange complexe d’opportunités et de challenges. Lorsqu’elle sera pleinement disponible, sa vitesse et sa capacité de bande passante accrues devraient engendrer de nouveaux cas d’usage dans de nombreux secteurs d’activités. Son déploiement et l’accélération de l’informatique qui lui est associée poseront toutefois certains défis, notamment en matière de résilience et de redondance des réseaux. Pour profiter pleinement des atouts de la 5G, tout en faisant des économies sur son déploiement et son entretien, les entreprises devront avant tout avoir pris la mesure des défis à relever. C’est dans ce contexte, que les technologies intelligentes, dont la gestion des réseaux hors bande (out-of-band), pourront s’affirmer à elles comme une voie d’avenir.