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A Saint-Etienne, Lactips va industrialiser un plastique 100% biodégradable


Cofondé par Marie-Hélène Gramitikoff et Frédéric Prochazka, Lactips emploie déjà une cinquantaine de personnes et prévoit de produire 10 000 tonnes d’ici 2025, grâce à un nouveau site de production de 2500 m2 dans la vallée du Gier : « Un polymère naturel complètement biodégradable en milieu marin : 100% d’ingrédients naturels sans produits chimiques. »

Entreprendre - A Saint-Etienne, Lactips va industrialiser un plastique 100% biodégradable

Cofondé par Marie-Hélène Gramatikoff et Frédéric Prochazka, Lactips emploie déjà une cinquantaine de personnes et prévoit de produire 10 000 tonnes d’ici 2025, grâce à un nouveau site de production de 2500 m2 dans la vallée du Gier : « Un polymère naturel complètement biodégradable en milieu marin : 100% d’ingrédients naturels sans produits chimiques. »

Certaines entreprises donnent envie de dire cette fameuse phrase : « nous l’avons rêvé, ils l’ont fait ». Un polymère sans plastique, 100% biosourcé et totalement biodégradable, voici qui attire l’attention. Il ne remplacera probablement pas tout le plastique, mais pourrait contribuer à trouver une partie de la solution.

Des années de R&D

C’est la recherche universitaire qui est à l’origine de la trouvaille. Les travaux ont été réalisés à l’université de Saint-Etienne pour une cible industrielle. En R&D, il faut savoir être patient. Une dizaine d’années au global pour étudier la possibilité d’utiliser les caséines, des protéines de lait bien connues et déjà utilisées en tant qu’additifs pour les colles, les papiers, ainsi qu’en alimentaire ou cosmétique, afin de créer une nouvelle matière. C’est ce que l’on peut qualifier d’innovation de rupture. L’équipe de chercheurs développe donc un plastique sans plastique. Ce substitut naturel peut être utilisé par les équipements industriels existants.

Naissance il y a 7 ans

Basée dans la Loire, Lactips a vu le jour en 2014, cofondée par Marie-Hélène Gramitikoff et Frédéric Prochazka, un duo complémentaire. La première est la pro de la plasturgie et de l’entreprise, le second est enseignant-chercheur et directeur scientifique. Un troisième partenaire intervient également, Fabrice Plasson, qui joue le rôle de conseiller de Lactips.

Ensemble, leur objectif est de vendre les produits innovants développés a partir de ces protéines à des industriels qui souhaitent lancer de nouveaux produits ou séduire de nouveaux marchés, grâce à ce procédé propre sans résidus, avec un produit allant jusqu’à être comestible ! Cette nouveauté possède de véritables propriétés barrières, à l’oxygène, au gras comme aux huiles végétales.

La réponse au financement

Mais développer une entreprise, cela signifie du temps et de l’argent. Jusqu’à présent, 20 millions d’euros ont été investis pour développer et produire au plus vite le plastique le plus vert de la planète. Lactips emploie déjà une cinquantaine de personnes et prévoit de produire 10 000 tonnes d’ici 2025, grâce à un nouveau site de production de 2500 m2 dans la vallée du Gier. Jusqu’alors, l’entreprise ne produisait que 450 tonnes sur une ligne, les deux autres étant consacrées au développement de produits. Désormais, six lignes sont dédiées à la production.

Le bioplastique de Lactips a déjà trouvé un client, BASF, intéressé depuis la création, qui s’en sert pour emballer ses tablettes destinées à la vaisselle ou à la lessive. Un partenariat d’exclusivité a été signé avec l’industriel. L’entreprise vient également de présenter son nouveau produit, Unidro, pour les sacs de blanchisserie permettant d’isoler le linge contaminé.

Une augmentation de capital

Il y a un an, Lactips clôturait une augmentation de capital de 13 millions d’euros. Cet apport financier a permis de créer la première usine. Les investisseurs sont sur cette levée BpiFrance via son fonds SPI pour les deux tiers, et le fonds de Mitsubishi MCHC pour un tiers. Il s’agit en fait de la troisième levée de fonds depuis la naissance de l’entreprise, une première de 1,2 million d’euros, puis une seconde 3,7 millions ont précédé cette dernière. Lors de ses premiers financements, la BPI était déjà présente, ainsi que le fonds Demeter, BNP, Crédit Agricole, et BASF.

La conviction de Marie-Hélène Gramatikoff

Née en Argentine, la Française a entamé une carrière d’ingénieur plasturgiste qui s’annonçait sous les meilleurs auspices. Chef de projets internationaux dans l’automobile, elle décide pourtant de changer de vie. La grossesse est une étape dans une vie de femme, c’est un temps de réflexion qui mène parfois à des remises en question. Ce fut le cas pour Marie-Hélène Gramatikoff en 2004. Travailler, même involontairement et indirectement, pour finalement polluer les océans n’avait plus grand sens. Il convenait d’adapter la réalité au discours, son activité professionnelle a ses convictions.

Changement d’orientation complet en 2006, la jeune femme se lance dans l’entrepreneuriat dans le secteur du solaire, puis rejoint un cabinet de conseil en stratégie en 2009, ce qui la passionne. L’occasion pour elle de poursuivre aussi une formation complémentaire sous la forme d’un MBA. En 2014, l’aventure Lactips est lancée.

De grandes ambitions

Depuis la naissance de sa boîte, c’est elle qui monte au créneau pour défendre et communiquer sur la solution de l’entreprise, et ses ambitions sont grandes. La PDG de Lactips avoue elle-même ne pas avoir peur de faire bouger les lignes, et n’avoir aucun complexe d’infériorité. Après tout, cela fait bien longtemps qu’elle évolue dans un monde d’hommes, ce qui ne lui fait ni chaud ni froid. Son mantra est simple mais ambitieux « Je suis fière de participer à la transformation de la filière pour enlever le plastique des océans tout en conservant nos industries et nos emplois ». Son ambition pour Lactips est internationale.

E.S.

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