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Acceptation de l’IA en entreprise : le grand chantier à venir pour les dirigeants ?


En France, l’Intelligence Artificielle est actuellement perçue comme une menace, et son acceptation risque de prendre du temps. Une étude conduite par Odoxa en juin dernier souligne la part grandissante du nombre de Français qui la redoutent : 67% des Français considèrent l’IA comme une menace, soit + 14 points...

Sébastien Marotte

En France, l’Intelligence Artificielle est actuellement perçue comme une menace, et son acceptation risque de prendre du temps. Une étude conduite par Odoxa en juin dernier souligne la part grandissante du nombre de Français qui la redoutent : 67% des Français considèrent l’IA comme une menace, soit + 14 points par rapport à février dernier. Comment renverser la tendance et mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’intégration de l’IA dans son organisation et remporter l’adhésion des collaborateurs ?

1/ Rassurer les collaborateurs avec une IA digne de confiance

La définition d’un cadre éthique et de chartes de bonnes pratiques concernant l’usage et la finalité de l’instauration d’une solution IA en entreprise n’est pas une mince affaire. En avril 2019, un groupe d’experts de la Commission européenne, ayant un grand niveau de compétences sur l’IA, a présenté des lignes directrices en matière d’éthique pour une intelligence artificielle digne de confiance. Selon eux, trois grands principes doivent être respectés pour y parvenir :

Légalité : respecter toutes les lois et réglementations en vigueur

Éthique : respecter les principes et valeurs éthiques

Fiabilité : la technologie doit prendre en compte l’environnement social qui l’entoure

« Réguler l’IA est la base d’une bonne acceptation car les développements peuvent comporter des risques. Également, leur intégration au sein des entreprises entraînera des conséquences indéniables sur les organisations et les modes de travail des collaborateurs. Certains redoutent les bouleversements qu’elle engendrera sur leur façon de travailler, craignant même pour la pérennité de leur poste. Les principes fondateurs tels que définis par la Commission européenne peuvent constituer la base solide de l’encadrement de solutions d’IA. Appliquées aux entreprises, ces grandes lignes directrices peuvent se concrétiser par exemple sous la forme de la rédaction d’une charte éthique et de bonnes pratiques qui détaillerait en toute transparence les mesures prises pour protéger la vie privée des collaborateurs et l’équité, le degré de responsabilité des entreprises, la nature de l’IA intégrée ainsi que ses finalités. » précise Sébastien Marotte.

2/ Impliquer les collaborateurs et les faire monter en compétences

Les résultats d’une enquête conduite en 2022 sur le déploiement de l’IA dans les organisations par LaborIA, laboratoire de recherche créée par le gouvernement et dédié à l’intelligence artificielle, indique que le ressenti d’impact positif de l’IA est bien plus élevé chez les répondants qui l’utilisent (90 %) que chez ceux qui ne l’utilisent pas (48 %). Face à la méconnaissance, les collaborateurs ont un a priori négatif sur cette nouvelle solution de travail qui pourtant, peut se révéler être un véritable atout. La même enquête révèle que 70 % des répondants déclarent que les systèmes d’IA ont des effets sur l’ensemble des dimensions du travail, telles que le sens, l’autonomie, la responsabilisation des salariés, les relations sociales, mais aussi et surtout sur l’évolution des compétences et des savoir-faire.

« Les dirigeants d’entreprise doivent s’engager auprès des parties prenantes de l’ensemble de l’organisation afin de recueillir leurs commentaires et leur adhésion à la stratégie d’IA. Cela permettra de s’assurer que la stratégie est alignée sur les objectifs généraux de l’entreprise et que toutes les parties prenantes s’investissent dans sa réussite. » précise Sébastien Marotte, ajoutant « À mesure que l’IA fait partie de l’entreprise, le suivi de son intégration est clé. Les DSI doivent contrôler régulièrement leur stratégie d’IA pour s’assurer qu’elle continue à créer de la valeur et si nécessaire apporter des améliorations. Ils ont également la responsabilité de s’assurer que les salariés possèdent les compétences nécessaires pour utiliser efficacement les outils d’IA et interpréter les informations générées. »

3/ La pédagogie sera clé pour favoriser l’acceptation de l’IA

“Plutôt que de laisser la crainte de l’IA s’installer insidieusement dans l’esprit des collaborateurs, les entreprises doivent prendre les devants et lever les peurs que ce nouvel outil est susceptible de générer. Adopter une posture pédagogique est clé : les dirigeants devraient mettre en avant auprès des employés les avantages qu’elle peut apporter à la productivité au travail, comme l’analyse plus rapide des contrats, la détection plus approfondie des fraudes, l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement et l’amélioration de la gestion des risques.” conclut Sébastien Marotte.

A. Bodkine

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