Par Thierry Blandinières, Directeur général d’Invivo
L’enjeu de l’agriculture française et européenne est de produire plus, mieux et durable pour garantir notre souveraineté alimentaire et contribuer à apporter des solutions au réchauffement climatique et à la préservation de la biodiversité.
Cette transformation du modèle agricole se fera avec nos agriculteurs dont le revenu doit être amélioré et sécurisé sur le long terme. Les acteurs économiques de la filière alimentaire, soutenus par des politiques publiques incitatives à l’échelle européenne, ont le devoir d’investir massivement dans des programmes de recherche pour réinventer les modes de production et ainsi apporter des nouvelles solutions concrètes aux agriculteurs.
Accélérer la transformation du modèle collecte/approvisionnement
La crise du Covid et la guerre en Ukraine ont changé la donne : la mondialisation heureuse est finie, nous entrons dans une nouvelle ère où la géopolitique revient au centre du jeu. Dans un monde qui se fragmente et où la construction des rapports de force est essentielle pour préserver notre liberté, la force de l’Europe est d’avoir une agriculture encore solide qui garantit la souveraineté alimentaire, encore faut-il la renforcer et la stabiliser. Le Green Deal avec son programme Farm to Fork élaboré avant ces crises doit être révisé pour intégrer ce changement majeur.
S’agissant de notre métier principal, les céréales, InVivo a investi, depuis 2020, 100 millions d’euros dans sa digital factory pour accélérer la transformation du modèle collecte/approvisionnement de ses coopératives adhérentes et ainsi développer une agriculture de précision qui permet de diminuer significativement l’utilisation des intrants tout en optimisant le rendement à l’hectare, démontrant ainsi qu’il est possible d’augmenter le volume de production pour garantir notre souveraineté tout en réduisant l’impact environnemental de celle-ci.
Décarboner les filières céréalières
Nous souhaitons que la Commission européenne prenne en compte ces expériences terrain réussies et s’engage à les soutenir financièrement pour accélérer le changement d’échelle.
La décarbonation de nos filières céréalières est aussi possible à moyen terme, à condition de favoriser des investissements pertinents pour résoudre l’équation : produire plus et durable. L’exemple des engrais est en ce sens révélateur de notre manque d’intelligence collective. Nous importons massivement des engrais chimiques indispensables pour notre agriculture, et omettons d’en parler quand nous évoquons la souveraineté alimentaire.
La Commission européenne ne devrait-elle pas se saisir du sujet et inciter les acteurs économiques à se mobiliser pour relocaliser cette industrie en Europe en investissant dans une nouvelle génération d’engrais verts produits avec un énergie verte ? Des subventions seront bien évidemment indispensables pour compenser l’écart de prix inévitable au départ, comme il a été fait pour soutenir les transitions vers l’électricité.
Accélérer un programme de croissance compétitif
Voilà un programme qui – s’il était intégré au New Green Deal – redonnerait le moral à nos agriculteurs en leur envoyant un signal politique fort et clair.
Ne laissons pas croire à nos concitoyens que la décroissance de notre agriculture européenne est la solution pour répondre aux défis environnementaux en passant sous silence l’augmentation inéluctable de nos importations pour lutter contre l’inflation et ainsi accroître la puissance des régions du monde concurrentes qui n’intègrent aucune de nos contraintes environnementales.
L’union InVivo et ses coopératives adhérentes sont mobilisées pour faire bouger les lignes à Bruxelles et soutenir des actions structurantes pour accélérer un programme de croissance compétitif, rémunérateur pour nos agriculteurs, en phase avec les attentes de nos concitoyens.
La victoire, ça se cultive !
Thierry Blandinières
Directeur général d’Invivo
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