En décembre 2023, le fondateur de Molotov et d’Allociné, Jean-David Blanc, qu’Emma Pariente a croisé quelques mois plus tôt au cours d’un événement, la contacte. « Il m’a dit : « On vient de se faire planter par nos formateurs. J’ai 130 salariés chez Molotov à former à l’IA dans deux semaines. Ça vous intéresse ? » » Ni une ni deux, Emma et Chloé Pariente concoctent au pied levé une formation. « C’est ainsi qu’on a créé notre premier « show » d’intelligence artificielle », précise Emma Pariente.
Des formateurs en t-shirt rose, des ateliers interactifs, de la musique, des vidéos, des auditoires pouvant rassembler jusqu’à 500 personnes… Le moins que l’on puisse dire, c’est que les formations prodiguées par AI Sisters sont aux antipodes du cours magistral. « C’est un spectacle, souligne l’entrepreneure parisienne. Nos formations sont conçues comme des « shows » immersifs au cours desquels on apprend aux collaborateurs à se servir de l’IA de façon ludique. »
Ces « shows », dont le coût varie entre 6 000 et 15 000 euros, « n’ont pas vocation à raconter l’histoire de l’IA, ajoute Emma Pariente. Le contenu est extrêmement concret. Nous montrons les gains de productivité que l’IA est capable d’apporter à l’entreprise. » Outre ces « shows », la start-up des sœurs Pariente propose aussi des ateliers spécifiques adaptés à chaque métier.
Des ressources humaines au juridique, en passant par le marketing et le commercial, tous les services peuvent bénéficier de l’IA, assure la cofondatrice d’AI Sisters. Les cas d’usage sont nombreux : rédaction (mails, cahier des charges…), création de fiches de poste, optimisation d’Excel, génération d’images…
La sortie de ChatGPT
Si elles partagent une même passion pour la technologie, les deux fondatrices d’AI Sisters ont des profils très différents. D’un côté, Emma, diplômée de l’ESCP, a fait ses armes dans le private equity ; de l’autre, Chloé, l’ingénieure du tandem, diplômée de CentraleSupélec et du MIT. Un événement va pousser les deux sœurs à entreprendre ensemble : le 30 novembre 2022, la société américaine OpenAI annonce le lancement de ChatGPT.
Quelques mois plus tard, Chloé participe, en tant que data scientist, à l’implémentation de ChatGPT au sein d’un grand hôpital new-yorkais. De l’autre côté de l’Atlantique, la situation est diamétralement opposée : « En France, raconte Emma Pariente, la plupart des gens n’étaient même pas au courant de l’existence de ChatGPT. J’étais sidérée de voir que les entreprises françaises n’y avaient pas encore accès. »
Une levée de fonds à venir ?
AI Sisters peut se targuer d’avoir séduit plusieurs entreprises françaises de premier plan : JCDecaux, Accor, Publicis, Vivendi, BPCE, Webedia… La réputation de la start-up a même franchi l’Atlantique : Fubo, plateforme américaine de VOD, a sollicité AI Sisters pour former ses 400 salariés.
Lancée il y a moins d’un an, la société, qui emploie dix ingénieurs, est « rentable », assure Emma Pariente. « Jusqu’à présent, poursuit-elle, nous avons décidé de ne pas ouvrir notre capital. » Cela changera peut-être en 2025 : AI Sisters pourrait réaliser une première levée de fonds.