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Aida M’Dalla : une femme qui décoiffe


Femme d’affaires déterminée, Aïda M'Dalla a bataillé pour monter sa chaîne de salons à petits prix, Allure Coiffure. A l’âge de 43 ans, la sémillante Tunisienne assume plus que jamais qui elle est et d’où elle vient et témoigne d’une indéfectible ambition entrepreneuriale.

Entreprendre - Aida M’Dalla : une femme qui décoiffe

Femme d’affaires déterminée, Aïda M’Dalla a bataillé pour monter sa chaîne de salons à petits prix, Allure Coiffure. A l’âge de 43 ans, la sémillante Tunisienne assume plus que jamais qui elle est et d’où elle vient et témoigne d’une indéfectible ambition entrepreneuriale.

Quel est votre parcours ?

Mon parcours fut sinueux et les épreuves furent multiples mais j’ai toujours persévéré afin de réaliser mes rêves et de repousser les limites. « En prenant le chemin de l’apprentissage à l’âge de 14 ans, il n’était guère facile pour une jeune adolescente d’origine tunisienne comme moi de trouver sa place.

A force de résilience et de pugnacité j’ai décroché mon premier poste mais mon patron m’a fortement incité à changer de prénom. » C’est ainsi que Aïda M’Dalla fut rebaptisée Johanna. Je n’avais pas pour vocation initiale de devenir coiffeuse, ce projet était celui de ma mère.

J’aspirais à être une femme d’affaires mais en réalisant son rêve j’ai finalement accompli ma propre ambition. J’ai très rapidement pris conscience que je n’avais pas vocation à être salariée, j’étais animée par l’envie d’entreprendre et de manager. En 1997, j’ouvrais mon premier salon au 55 rue Jeannin en plein centre de Dijon.

Le groupe Allure célèbrera ses 20 années le 1er avril et compte désormais 35 salons de coiffure. Issue d’un milieu modeste, j’avais à cœur de rendre la coiffure accessible à toutes les femmes en pratiquant la qualité à prix très contenus.

Quelle femme êtes-vous ?

Il y a deux femmes en moi : « l’homme » d’affaires d’un côté et la femme d’intérieur de l’autre.

Je suis passionnée de cuisine et j’éprouve un immense plaisir à cuisiner en pyjama le week-end entourée de mes proches. La cuisine est une forme d’art et d’expression assez comparable à la coiffure et qui fait l’objet des mêmes préjugés.

Comment expliquez-vous votre réussite entrepreneuriale ?

Je ne suis pas d’une nature à prévoir ou planifier, je suis assez instinctive et spontanée, je vis les choses comme elles se présentent. Je ne suis pas quelqu’un qui imagine, programme et se projette, je laisse le hasard faire les choses. Je mets tout en œuvre afin de relever les défis que je me donne mais je vis au jour le jour. La vie m’a appris qu’il est difficile  de prévoir, même si on est actrice de sa vie, le destin infléchit parfois notre existence sans que l’on puisse le contredire.

Je suis attentive à tous les détails et rien ne m’échappe dans la vie de l’entreprise. Je suis hyperactive et souhaite tout maîtriser. Je fais preuve d’une grande polyvalence  en intervenant  sur l’ensemble des  sujets, que cela soit en matière de communication, de marketing, de ressources humaines ou de comptabilité.

Vous venez de créer la marque Aïda M’Dalla cosmétiques, pourquoi ce nouveau lancement ?

Cette troisième marque est différente des deux précédentes dans la mesure où elle porte mon nom. Cette nouvelle marque est pour moi emprunte d’une symbolique forte, je l’ai créée et façonnée avec mon cœur. J’ai créé le packaging, choisi les formules, imaginé le logo… C’est une façon pour moi de revendiquer mon identité et mes origines et de me faire accepter comme je suis sans artifice ou prête-nom. J’ai eu le courage d’affirmer que je suis Aïda et non Johanna et de le faire savoir publiquement. Transmettre ce message était essentiel.

Comment ce projet a-t-il été accueilli ?

Lorsque j’ai exprimé mon intention de baptiser la marque Aïda M’Dalla, bon nombre de personnes ont essayé de m’en dissuader. Leur réserve ne m’a pas freiné, bien au contrainte, je me suis sentie portée par un élan encore plus fort. Je suis intimement persuadée que les Français ne jugeront pas une marque au regard d’un nom et de ses origines.

Cette nouvelle marque de cosmétique lancée sur Internet et au travers nos 35 salons est composée de shampoings sans sulfate, de sprays coiffants, de cires, de soins et huiles … Nous proposons aujourd’hui une gamme de dix produits mais nous travaillons très activement afin de faire connaître reconnaitre la marque. Nous allons progressivement ajouter des produits afin de développer de la cosmétique femme. Nous souhaitons en effet élargir la gamme afin de passer à plusieurs dizaines d’articles. Nous souhaitons densifions notre offre et gagner très doucement des parts de marché.

Vos produits cosmétiques sont fabriqués à Périgueux (Dordogne), quelle importance accordez-vous au « made in France » ?

Je suis un peu comme Trump, j’estime que chaque pays doit revenir à son savoir-faire, nous devons faire travailler les Français en leur donnant du travail.

Je n’ai pas souhaité fabriquer nos produits en Allemagne, en Asie ou ailleurs, je souhaite valoriser les savoir-faire français. Les Français doivent travailler afin de faire évoluer positivement leur pouvoir d’achat et pouvoir concrétiser leur rêve, ne serait-ce que de s’acheter une voiture ou de partir en vacances.

Quelle est votre ambition pour la marque Aïda M’Dalla ?

Je rêve que la marque Aïda M’Dalla devienne une marque reconnue comme l’est Allure Coiffure. Mon rêve serait de voir mes shampoings positionnés en grande surface à côté des produits Franck Provost. A mon niveau, l’enjeu est double : je suis une femme et je m’appelle Aïda M’Dalla.

Dans l’univers de la coiffure, 90% des coiffeurs sont des femmes mais pour autant, les grands acteurs de la profession sont des hommes. Je ressentirai donc une immense fierté à me retrouver aux côtés de Franck Provost en tant que femme, qui plus est d’origine tunisienne. J’espère qu’Aida, le sublime opéra de Verdi ne demeurera pas le seul Aida connu et que le nom d’Aïda M’Dalla aspirera également à la reconnaissance.

Implantation : Chenove (21 300)

CA 2017 : 7 M€

Effectif : 150 salariés

Chiffres clés : 35 salons

Concurrents : Tchip coiffure, Coiffirst

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