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Alexandre Bompard : les ambitions du patron de la FNAC


Deux ans après l'introduction en Bourse du Groupe Fnac, l'opération est un succès. Pour la première fois depuis longtemps, son chiffre d'affaires a progressé en France, confirmant les ambitions d’Alexandre Bompard, son PDG, à la pointe du combat pour l'ouverture le dimanche. En moins de trois ans, l’énarque et homme de médias est devenu un vrai commerçant.  

Entreprendre - Alexandre Bompard : les ambitions du patron de la FNAC

Deux ans après l’introduction en Bourse du Groupe Fnac, l’opération est un succès. Pour la première fois depuis longtemps, son chiffre d’affaires a progressé en France, confirmant les ambitions d’Alexandre Bompard, son PDG, à la pointe du combat pour l’ouverture le dimanche. En moins de trois ans, l’énarque et homme de médias est devenu un vrai commerçant.
 

Fils d’Alain Bompard, chef d’entreprise et président du club de football de Saint-Étienne de 1997 à 2003, Alexandre Bompard est diplômé de l’IEP de Paris et de l’ENA. Sorti inspecteur adjoint en 1999, il devient inspecteur des finances en 2002. En 2003, après un an comme chargé de mission auprès du chef du service de l’Inspection générale des finances, il occupe le poste de conseiller technique auprès de François Fillon, alors ministre des Affaires sociales et du Travail.

 

De l’Ispection Générale des Finances  aux médias

Alexandre Bompard entre en 2004 chez Canal+ comme directeur de cabinet du président Bertrand Meheut, et en devient directeur des sports en juin 2005. On lui doit le redressement la chaîne cryptée en arrêtant l’hémorragie des abonnés, obtenant les droits de la Ligue 1 de football, et négociant le rachat de TPS.

En juin 2008, il prend la tête d’Europe 1 en qualité de PDG de la radio, et de sa filiale « sport ». Il remanie rapidement en profondeur la grille des programmes, avec le recrutement de plusieurs personnalités médiatiques, de Michel Drucker à Marc-Olivier Fogiel en passant par Marie Drucker et Alexandre Ruiz.

Il choisit la Fnac

L’audience de la station cesse de baisser pour revenir au-dessus de 9 % et dépasse les 10 % de janvier à mars 2010. Sous sa présidence, la station connait des recettes publicitaires croissantes, une position de leadership sur les podcasts, un club des auditeurs dynamique et un site internet à la fréquentation forte, et décroche deux records d’audience en 2010. Même si son nom est cité pour la présidence de France Télévisions, il annonce son arrivée comme CEO de la FNAC le 23 novembre 2010, filiale du groupe Kering, spécialisée dans la distribution de biens culturels et technologiques.

Un plan stratégique pour la Fnac

Face à la concurrence de l’ e-commerce et l’érosion du marché de la musique et de la vidéo, il présente en juillet 2011 un plan stratégique de transformation de l’enseigne baptisé « Fnac 2015 », reposant sur quatre piliers : l’élargissement de l’offre, le renforcement de la relation client, le développement du parc de magasins dans les villes moyennes et la mise en place d’une intégration multicanale entre les enseignes physiques et le site fnac.com.

Pour renforcer la stratégie numérique de l’enseigne et contrer le Kindle d’Amazon, il annonce en octobre 2011 le lancement d’une liseuse en partenariat avec le constructeur canadien Kobo, devenue un véritable succès commercial.

Diversification du modèle économique de la Fnac

En juin 2013, Alexandre Bompard pilote l’introduction en bourse de la Fnac, dans un contexte difficile pour le secteur marqué notamment par la liquidation de l’enseigne Virgin Megastore et la numérisation de l’économie.

L’action monte rapidement grâce à l’arrivée de nouveaux fonds d’investissement français et étrangers, intéressés notamment par la diversification du modèle économique de la Fnac  et le développement de nouvelles activités davantage rentables comme la distribution de produits d’électroménager haut de gamme. Depuis, le patron a également initié de nombreuses innovations au sein du groupe : de la location d’appareils high-tech au développement de partenariats dans la billetterie.

Son combat pour ouvrir le dimanche

Le CEO résume ainsi sa philosophie : « Ma conviction, depuis mon arrivée à la Fnac, c’est que l’avenir, ce n’est ni le déclin inéluctable du commerce physique ni le triomphe exclusif de l’e-commerce. Le commerce de demain sera un commerce hybride, pluriel, combinant physique et digital afin de répondre au mieux à la clientèle. Pour effectuer cette mutation vers l’omnicanal, la Fnac a dû transformer en profondeur ses organisations et investir puissamment dans ses systèmes informatiques et logistiques. Mais, surtout, nous avons revu la formation de nos vendeurs pour qu’ils deviennent le trait d’union entre nos commerces physiques et le digital. Ce nouveau modèle monte rapidement en puissance : aujourd’hui, 35 % des ventes sur Fnac.com sont reliés d’une façon ou d’une autre au magasin. »

Et ça marche ! Le groupe Fnac vient de publier des résultats pour l’année 2014 très encourageants, avec un bénéfice de 41 millions d’euros. L’enseigne a su efficacement redresser la barre après avoir traversé plusieurs passes difficiles.

D’où l’objectif actuel pour Alexandre Bompard de se battre pour l’ouverture de ses magasins le dimanche, car affirme-t-il : « C’est essentiel pour le commerce en général, et pour la Fnac en particulier. Il faut bien comprendre que nos marchés ont été les premiers touchés par la révolution numérique et que nous subissons de plein fouet l’agressivité des e-commerçants, qui ont fait des produits culturels leurs produits d’appel. Aujourd’hui Amazon réalise 25 % de son chiffre d’affaires le dimanche. Ouvrir le dimanche des magasins culturels dans lesquels les gens peuvent se promener, feuilleter des livres, cela crée aussi du lien social en centre-ville. Ces ouvertures doivent naturellement être accompagnées de vraies contreparties sociales pour les salariés. C’est le cas à la Fnac où, dans les magasins où ces ouvertures sont possibles, nous pratiquons volontariat, repos compensateur et paiement double des heures effectuées. » Espérons que son message sera entendu.

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