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[Tribune] Alexia Germont : l’émergence de la société civile


Quiconque réellement engagé dans le débat public suit avec un intérêt particulier l’évolution du positionnement de la société civile dans notre mode de gouvernance démocratique. Le besoin de société civile dans le bon fonctionnement de la démocratie est réel. Elle est souvent à l’initiative de prises de position fortes, parfois...

Quiconque réellement engagé dans le débat public suit avec un intérêt particulier l’évolution du positionnement de la société civile dans notre mode de gouvernance démocratique. Le besoin de société civile dans le bon fonctionnement de la démocratie est réel. Elle est souvent à l’initiative de prises de position fortes, parfois agissant comme un lanceur d’alertes ou contre-pouvoir efficace dans les démocraties en devenir.

Mais en matière de société civile, les à-peu-près sont légions. Alors quels contours lui attribuer ?

D’éminents philosophes ou sociologues, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, ont travaillé cette question. D’Aristote à Cicéron, de Hobbes à Rousseau, de Ferguson à Hegel, de Tocqueville à Marx et plus près de nous de Jürgen Habermas à Pierre Rosanvallon… chaque époque a apporté sa pierre à la définition de la société civile.

Curieusement, la définition moderne communément admise est une définition a contrario : pour l’opinion publique, la société civile représente les individus qui ne sont pas issus des rangs de la classe politique ou de l’administration mais qui viennent de la société économique.

Pourtant, des définitions positives existent. Elles sont données par de grandes institutions telles l’Union Européenne, l’Organisation des Nations Unies, la Banque Mondiale ou le Conseil Economique Social et Environnemental  pour lesquelles la société civile est un ensemble structuré et organisé d’individus représentant une catégorie bien distincte de la population, individus rassemblés autour d’un projet et de valeurs et qui participent à l’animation de la vie publique.

Pour ma part, il me semble que la société civile est composée de citoyens experts dans leur domaine de compétence, organisés et structurés autour de valeurs communes, visant à faire entendre la voix de la société économique, philosophique ou culturelle dans le débat public.

Alors peut-on aujourd’hui affirmer que la société civile a réellement émergé ?

Bien avant les dernières élections présidentielles déjà, l’appui de la société civile était recherché par tous les partis politiques, espérant ainsi faire une cure de jouvence pour retrouver une certaine légitimité intellectuelle. L’élection d’Emmanuel Macron a accentué ce mouvement en permettant à des citoyens engagés dans la vie publique d’être élus. Mais est-ce à dire que la société civile est véritablement représentée ? C’est loin d’être certain, car comme souvent, la réalité est plus complexe. Les plus aguerris étaient en fait très proches des milieux politiques et la très grande majorité possède une expérience parfois très restreinte de la chose publique qui est une matière qui ne s’improvise pas.

Or faire parler la voix de la société civile ce n’est pas seulement contester mais proposer. Pour cela, seul un travail de fond permet à la société civile d’être légitime face à la classe politique traditionnelle.

Aujourd’hui, notre pays est à un carrefour. Il a besoin que chacun s’engage, depuis  la place qui est la sienne.

Forte de ce constat, j’ai choisi de rassembler des personnalités de la société civile, légitimes par leurs parcours et sans attaches dogmatiques, au sein du think tank « France Audacieuse » que j’ai fondé il y a un an. Laboratoire d’idées et réservoir de compétences, France Audacieuse porte une vision libérale, européenne et humaniste… et une conviction : celle de la nécessité de l’émergence d’une société civile experte dans le débat public. En un an, nous venons de passer le cap de 500.000 visites du site internet autour de 125.000 visiteurs uniques. C’est un bon début.

Pour conclure, la société civile ne sera légitime aux yeux de la classe politique que si elle est compétente, forte, structurée et audible dans les grands débats nationaux. Tous les Audacieux s’y emploient activement, tout en méditant ces quelques mots de Jean Cocteau : « Le tact, dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin »…

Alexia Germont

Présidente Fondatrice du think tank France Audacieuse

www.franceaudacieuse.com

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