Après avoir manifesté la volonté de construire un empire de la presse, Patrick Drahi est en passe de se désengager du secteur. Le milliardaire va recentrer ses activités autour de BFM et RMC.
Il y eut d’abord la cession de 51 % de L’Express à Alain Weill, puis l’intégration de Libération, de sa régie publicitaire et de sa société de développement technologique dans une fondation créée par Altice. Dernière opération de délestage en date : la vente du kiosque numérique (SFR Presse) à Cafeyn (ex-LeKiosk) pour 5 millions d’euros.
Le groupe spécialisé dans les télécommunications et les médias tourne donc le dos à la presse pour concentrer ses efforts sur les principales marques de NextRadioTV (BFM-TV, RMC, RMC Sport, RMC Découverte…). Première étape : une cure d’amaigrissement massive, qui aboutira à des réductions d’effectifs dans les différentes entités du groupe. Un plan de départs volontaires va être soumis aux 1 600 salariés du groupe. Intitulé « plan de reconquête post-Covid », cette stratégie, qui inquiète au plus haut point les syndicats, doit permettra à NextRadioTV de réaliser de substantielles économies. C’est Arthur Dreyfuss, directeur général d’Altice Médias France, qui sera en première ligne pour gérer la communication relative à ce plan de restructuration.
Altice tourne le dos au sport
Comment Altice, qui a misé gros sur le sport et les médias, a-t-il en arriver là ? Citée par Challenges, une source proche du groupe de télécommunications expliquait la nouvelle stratégie de Patrick Drahi : « Les ambitions de constituer un grand groupe média en France sont derrière lui. Pour lui, c’est le moment opportun de couper dans les coûts. Ils vont y aller très dur pendant douze mois, au moment où l’économie est à plat. Après, tout sera aplani. »
S’il existe de multiples raisons à la réorganisation soudaine d’Altice, deux déconfitures récentes y ont fortement contribué. La première concerne les difficultés du groupe à rentabiliser ses investissements massifs — un milliard sur trois ans — dans les droits sportifs, notamment dans le football (Premier League, Ligue des champions et Europa League). Ce choix s’est révélé être un panier percé pour Altice. La maison-mère de l’opérateur SFR a donc renoncé définitivement à ses ambitions dans le sport. La seconde débâcle majeure tient à l’échec des négociations avec Orange et Free, qui ont refusé de débourser le moindre centime pour diffuser les chaînes de NextRadioTV, en raison notamment de la concurrence exacerbée dans le secteur (CNews, LCI, Franceinfo…).