Pour Arnaud Touati, associé fondateur du cabinet Alto Avocats, le financement participatif est une alternative pour le financement de la presse. Mais cette solution comporte toutefois des limites.
Le crowdfunding est-il être une solution viable pour la presse ou juste un moyen de survie ?
Il peut en effet faire office de moyen de survie et s’adresse alors à des titres qui bénéficient d’une notoriété (Charlie Hebdo, Nice-Matin). Mais il peut aussi être un nouveau moyen de développement pour la presse pour des journalistes qui espèrent lancer leur propre support. Cette solution autorise tous les donateurs à contribuer au projet, alors que les solutions classiques s’adressent à des investisseurs confirmés.
Peut-il devenir une véritable alternative aux financements classiques ?
Oui… et non ! Le crowdfunding est déjà une alternative. De nombreux projets se lancent sur des plateformes comme Ulule ou KissKissBankBank. En revanche, il est aujourd’hui difficile d’imaginer un quotidien réputé, comme Le Monde ou Le Figaro, avoir recours à une campagne de crowdfunding alors que la structure a les moyens de pallier aux difficultés économiques du papier. Il est inconcevable qu’un Xavier Niel, actionnaire du groupe Le Monde, sollicite ses lecteurs pour développer les applications mobiles ou le site.
Quelles sont les implications financières et juridiques ?
Le crowdfunding n’est pas, stricto sensu, un investissement financier. Le business angel qui investit 100.000 euros dans une start-up recevra des titres en contrepartie, bénéficiera d’un pouvoir d’influence lors des assemblées générales et pourra recevoir des dividendes. Avec le financement participatif, les contreparties s’éloignent de tout cadre juridique et n’impliquent aucune prise de participation dans la société ni de retour sur investissement. L’intention des contributeurs est ailleurs puisque plus d’un quart d’entre eux refusent leur contrepartie.