Plus de 200 morts, une ville dévastée, des survivants hagards, traumatisés et en colère. Et, sans doute, des millions voire des milliards d’euros de dégâts matériels. Quelques jours après la catastrophe naturelle qui s’est abattue sur Valence, la ville espagnole panse encore ses plaies. Alors que les secours sont toujours à la recherche d’éventuels survivants et que des bénévoles affluent de tout le pays pour tenter d’apporter leur aide aux victimes de « l’inondation du siècle », certains désignent les responsables – l’urbanisation, le changement climatique –, quand d’autres pensent déjà à l’après.
Un avenir indissociable de la question, centrale, de l’indemnisation des sinistrés. Et donc de celle, plus générale, de l’assurance. Chacun le sait désormais : avec le dérèglement du climat, les évènements météorologiques extrêmes tels que celui qui a frappé Valence seront plus nombreux et, surtout, plus intenses. En 2023, la facture liée aux événements climatiques avait ainsi atteint 6,5 milliards d’euros, d’après France Assureurs. D’où la nécessité d’être, demain encore plus qu’hier, bien assuré contre les petits – et les gros – imprévus naturels. Or aujourd’hui, rien n’est en apparence plus simple que de souscrire une nouvelle assurance en ligne, en quelques clics et, cerise sur le gâteau, à des tarifs défiant toute concurrence. Au risque d’oublis ou d’erreurs qui pourraient, plus tard, se payer au prix fort.
Souscrire en ligne : gare à la précipitation
Avec le développement des assurances 100 % en ligne, la tentation est grande, en effet, de ne pas s’attarder sur la lecture des « petites lignes » – et après tout, c’est bien cette simplicité et cette facilité de souscription qui attirent vers les « néo-assureurs » une partie des assurés, surtout les plus jeunes. Qui ont parfois vite fait d’oublier que « l’assuré n’est pas spécialiste de l’assurance. Il omet certains détails dans l’approche tarifaire proposée en ligne », comme le rappelle Cyril Hottevart, agent général MMA à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Des détails dont l’oubli peut, en cas de sinistre, faire regretter la précipitation avec laquelle on a parfois souscrit à telle ou telle offre entièrement dématérialisée.
« Sur les comparateurs d’assurances en ligne », poursuit l’assureur malouin, « les assurés ont l’impression d’avoir souscrit ce dont ils ont besoin. Visiter l’agence physique pour échanger avec son assureur est alors, la plupart du temps, l’occasion d’affiner leur contrat en fonction de leur situation spécifique ». Impossible en effet, lorsque l’on souscrit en ligne, d’entrer dans le même niveau de détail qu’en répondant aux questions de son assureur en chair et en os. Et ce pour une bonne raison : implanté localement, doté d’une solide expérience et d’une fine connaissance de son territoire et de ses acteurs, un assureur traditionnel peut, au contraire d’un algorithme, offrir du vrai sur-mesure à ses clients.
« Un bon assureur est un « vieil » assureur »
Un savoir-faire qui ne s’apprend pas du jour au lendemain. Face à l’instantanéité des offres 100 % en ligne, Cyril Hottevart oppose le temps long. La patience. La remise, permanente, en question. Être assureur, « c’est un métier qui s’apprend avec le temps », confirme l’entrepreneur breton, selon qui « si l’aspect technique du métier d’assureur peut s’apprendre très vite, celui-ci n’est pas suffisant et ne remplacera jamais la pratique du terrain et la connaissance client ». Et l’assureur malouin de convoquer un dicton en vogue dans la profession, selon lequel « un bon assureur est un vieil assureur » – pas parce qu’il est âgé, précise Cyril Hottevart, mais parce qu’il a acquis une expérience irremplaçable ; « qu’il fait partie du paysage ».
Si l’agent général MMA défend son modèle de patient enracinement local, pas question, pour autant, de jeter le bébé numérique avec l’eau du bain digital. « On ne peut pas lutter contre une révolution en cours », balaie Cyril Hottevart, conscient que de moins en moins de nouveaux clients pousseront, dans les années à venir, les portes des agences physiques pour souscrire un nouveau contrat. L’occasion, selon lui, de dégager du temps et des ressources pour « monter en compétences, en savoir, en relationnel ». Et de parvenir à offrir aux assurés une expérience « phygitale », qui allie « le meilleur des deux mondes » physique et numérique. Alors que le coût des dommages liés au climat pourrait augmenter de l’ordre de 50 % à horizon 2050, les assurés auront besoin de toutes les armes pour se prémunir dans un monde incertain.