Vous souhaitez souscrire à une assurance vie et vous n’êtes pas sûr de vous ? Voici le top 15 des erreurs à éviter.
L’assurance-vie, avec près de 1 500 milliards d’euros investis, est le placement préféré des Français. Devenue un produit financier courant, vendue par d’innombrables réseaux et pour tous les niveaux de patrimoine, elle fait figure de produit financier simple.
Pourtant, ses particularités juridiques, fiscales et financières en font un placement plus compliqué qu’il n’y paraît. Aussi, pour en tirer le meilleur parti, mieux vaut s’y pencher à deux fois et éviter de tomber dans les travers les plus fréquents…
1. Attendre pour ouvrir un contrat
L’assurance-vie réserve sa fiscalité la plus avantageuse aux contrats qui ont une durée d’au moins huit ans : les gains retirés à partir de ce délai bénéficient en effet d’un abattement de 4 600 euros chaque année (9 200 euros pour un couple marié) et l’excédent éventuel est taxé au taux réduit de 7,5 %. Peu importe la date à laquelle l’argent a été versé, car seule la date d’ouverture du contrat est prise en compte.
Notre conseil.
« Il faut ouvrir un ou plusieurs contrats au plus vite, même avec des sommes modestes, pour commencer à faire tourner l’horloge fiscale ». Ainsi, lorsque vous aurez de grosses sommes à placer plus tard, vous n’aurez pas à attendre longtemps pour profiter des exonérations.
2. Tout miser sur un seul assureur
Avoir une assurance-vie, c’est bien. En avoir plusieurs, c’est encore mieux. Vous pouvez ainsi diversifier les risques, limiter les conséquences d’une défaillance d’un assureur et profiter d’une plus large ouverture financière, car chaque contrat comporte sa propre gamme de fonds d’investissement.
Le rendement d’un fonds en euros est également variable d’une société à l’autre. Vous limiterez ainsi les risques de sous-performance de l’un d’eux. Vous pourrez aussi plus facilement jongler avec différents bénéficiaires. Le nombre d’assurances-vie n’étant pas limité, ne vous privez pas.
Notre conseil.
Ne vous dispersez pas pour autant, car la gestion de multiples contrats peut vite devenir problématique.
3. Se décider sans regarder tous les frais
Au moment de souscrire un contrat, la plupart des épargnants se focalisent sur les frais d’entrée, ceux qui sont prélevés sur chaque versement. Il est vrai qu’ils diminuent d’autant le montant investi et retardent le moment où l’argent commence à fructifier. Pourtant, ce ne sont pas les plus handicapants : ceux prélevés chaque année au titre de la gestion sont bien plus lourds à long terme, car prélevés chaque année sur un capital en augmentation. Attention aussi aux frais d’arbitrages. Si beaucoup de contrats, notamment sur Internet, ne les facturent plus aujourd’hui, quelques assureurs continuent à avoir la main lourde en prélevant jusqu’à 1 % des montants, ce qui freine les investisseurs au moment de faire changer de cap à leur épargne.
Notre conseil.
Pas plus de 2 % sur les frais d’entrée, moins de 0,7 % pour les frais de gestion, et 0 % sur les arbitrages. C’est sous ces niveaux qu’on juge qu’un contrat est bon marché. Méfiez-vous si la note est plus élevée, sauf si la vente du contrat s’accompagne de conseils très pointus.
4. Souscrire sur une promesse de taux
3 % garantis l’année prochaine ? C’est le genre de promesse à laquelle beaucoup de souscripteurs ont envie de succomber. C’ est une erreur, car il s’agit d’une garantie à court terme, qui n’a pas forcément grand rapport avec le rendement réel qu’aura le fonds en euros, le compartiment garanti de l’assurance-vie, sur le long terme. » N’oubliez pas qu’un contrat est appelé à durer parfois plusieurs dizaines d’années…
Notre conseil.
Regardez le rendement du fonds en euros sur plusieurs années et sa tendance. Les meilleurs du marché ne font pas de promesses.
5. Investir uniquement dans le fonds en euros
Le fonds en euros garanti de l’assurance-vie ressemble à une martingale : il rapporte plus que tous les placements sans risque, il ne peut jamais perdre de valeur, et les intérêts que l’on accumule au fil du temps bénéficient de la même sécurité. Pas étonnant que les détenteurs d’assurance-vie lui consacrent plus de 85 % de leurs investissements. Problème : son rendement s’érode d’année en année. Il est tombé en moyenne à 2,9 % et on n’attend rien de mieux en 2013. »Diversifier son contrat avec de l’immobilier, des obligations et des actions est vivement recommandé, c’est le meilleur moyen de trouver de la rentabilité et de s’affranchir des cycles de marché », estime José Fernandez, directeur à l’UFF.
Notre conseil.
Conservez sur le fonds en euros l’argent dont vous pourriez avoir besoin rapidement. Et prenez l’air du large pour les sommes qui resteront investies à long terme… mais en choisissant des fonds de qualité, qui ont fait leurs preuves.
6. Vendre quand les marchés baissent
Vous avez investi sur un support en actions et l’avez revendu lorsqu’il a décroché de 10 % ou plus ? Raté. Vous n’avez pas pu profiter de la remontée des cours quand la Bourse est repartie à la hausse. Comme pour un portefeuille boursier, il faut savoir faire le dos rond et continuer à investir dans la tourmente, quitte à modérer les sommes versées. Vous en profiterez quand le cycle s’inversera. Il est recommandé de ne pas prendre de décision à chaud et de faire le point une ou deux fois par an pour prendre des décisions en fonction des évolutions profondes des marchés.Il vaut mieux vendre après une hausse et mettre ainsi ses gains à l’abri. »
Notre conseil.
Méfiez-vous des arbitrages automatiques « stop loss » (arrêt des pertes), car ils vous font sortir des marchés et concrétiser votre perte, mais ne vous permettent pas d’y rentrer à nouveau rapidement s’ils repartent à la hausse.
7. Investir après 70 ans sur un contrat ancien
C’est une bonne idée de continuer à investir en assurance-vie après 70 ans, car de nouveaux avantages s’ajoutent à ceux acquis avant cet âge. Mais mieux vaut le faire sur un nouveau contrat. A défaut, si vous avez besoin d’argent et que vous effectuez un rachat, celui-ci sera prélevé proportionnellement sur les deux compartiments fiscaux : celui d’avant 70 ans et celui d’après. »
Notre conseil.
Ouvrez un contrat après 70 ans pour accueillir vos nouveaux versements et effectuez vos rachats sur ce contrat en priorité pour conserver intacts les avantages successoraux acquis avant cet âge.
8. Ne pas préciser le remploi de biens propres
Un classique. Une personne mariée sous un régime communautaire reçoit une donation ou un héritage, puis elle l’investit dans son assurance-vie. Résultat : le contrat appartient à la communauté et la moitié de l’argent revient à son conjoint, en cas de divorce par exemple. Pour éviter cela, il suffit de faire une déclaration de remploi au moment d’investir, afin que la somme d’argent reste identifiée comme un bien propre ».
Notre conseil.
Ne mélangez pas vos biens propres avec l’assurance-vie du ménage. Mieux vaut investir cet argent dans un contrat spécifique, quitte à nommer le conjoint bénéficiaire.
9. Désigner un seul bénéficiaire
La clause bénéficiaire d’un contrat d’assurance- vie permet de désigner la ou les personnes à qui reviendront les capitaux au décès de l’assuré. Elle est très importante, car elle conditionne les avantages civils (l’assurance-vie ne fait pas partie de la succession) et fiscaux (exonérations de droits) du contrat. Il faut donc éviter de désigner un seul bénéficiaire, car, si celui-ci disparaît avant l’assuré, il n’y aura plus personne de désigné au contrat, et ce dernier reviendra dans la succession, avec la dévolution et la taxation ordinaire.
Notre conseil.
Prévoyez toujours plusieurs rangs de bénéficiaires pour parer à cette éventualité, en ajoutant « à défaut » après chacun d’eux (« Mon conjoint, à défaut mes enfants nés ou à naître, à défaut mes héritiers »). Ainsi, il y aura toujours un ou plusieurs bénéficiaires désignés qui profiteront intégralement des avantages de l’assurance-vie.
10. Ne pas rédiger une clause spécifique si vous êtes pacsé
« Mon conjoint, à défaut mes enfants » : c’est l’ordre des bénéficiaires que prévoient la plupart des contrats dans leur clause bénéficiaire type. Si elle est valable pour un couple marié, elle ne l’est pas pour des personnes pacsées, car le partenaire n’a pas la qualité de conjoint.
Notre conseil.
Pour que les capitaux reviennent à votre partenaire de pacs, remplacez la mention « mon conjoint » par « mon partenaire ». Et si vous vous mariez ultérieurement, pensez à mettre la clause à jour. C’est gratuit .
11. Désigner le conjoint bénéficiaire par son nom
Le mieux est souvent l’ennemi du bien. La preuve avec cette désignation fréquente : « Mon conjoint, M. ou Mme X. » En cas de divorce ultérieur et de remariage, l’assureur ne saura pas s’il faut verser le capital à votre conjoint lors du décès, ou à celui que vous avez désigné nominativement. Il demandera donc à la justice de trancher, et vos volontés risquent de ne pas être exaucées.
Notre conseil.
Désignez tout simplement votre « conjoint », en précisant : « Non divorcé, ni séparé de corps ». C’est la personne qui aura cette qualité lors de votre décès qui recevra les capitaux. Sauf, bien sûr, si vous voulez vraiment avantager votre conjoint actuel, quoi qu’il arrive par la suite.
12. Oublier la représentation et la renonciation
Autre classique : un assuré désigne ses enfants comme bénéficiaires avec la volonté qu’ils soient traités à égalité. Si l’un d’eux disparaît prématurément, ce sont les seuls enfants survivants qui se partageront le capital. Les enfants de l’enfant disparu, eux, n’auront droit à rien. Le mécanisme de la représentation[NDLR : les petits-enfants prennent la place de leur parent]ne se présume pas. Il faut donc apporter cette précision. Idem si vous voulez que l’un de vos enfants puisse renoncer au capital prévu en sa faveur au profit de ses propres enfants : « Si la renonciation n’est pas indiquée dans la clause, elle ne peut avoir lieu et les enfants du renonçant n’ont droit à rien », détaille Anne Moreau, directrice à l’Afer.
Notre conseil.
Indiquez dans la clause bénéficiaire : « Mes enfants, nés ou à naître, vivants ou représentés par suite de prédécès ou de renonciation. » Ainsi, tous les cas de figure seront couverts.
13. Désigner les ayants droit comme bénéficiaires
Mieux vaut ne pas utiliser des mots que vous ne maîtrisez pas totalement dans la désignation des bénéficiaires, car cela peut réserver de mauvaises surprises. Ainsi, si vous indiquez dans la clause que le capital reviendra à vos « ayants droit », ce sont vos héritiers qui le recevront, mais aussi vos créanciers !
Notre conseil.
Si vous n’êtes pas juriste, ne vous lancez pas seul dans la rédaction d’une clause sur mesure. Demandez conseil à votre conseiller ou à l’assureur.
14. Utiliser un vocabulaire successoral
Il est possible de rédiger la clause bénéficiaire de votre contrat par testament. Mais, dans ce cas, attention aux mots utilisés : il ne faut pas indiquer que vous « léguez » le capital, car, pour les juges, ce mot sous-entend que vous entendez inclure le capital dans la succession. De ce fait, il perdra les avantages civils et fiscaux attachés à l’assurance- vie.
Notre conseil.
Ecrivez plutôt que le capital de l’assurance-vie est « attribué » à la personne que vous avez choisie. Il n’y aura alors pas de contestation possible.
15. Démembrer sans prévoir
Le démembrement de clause bénéficiaire est à la mode. Il permet d’attribuer la jouissance du capital à une personne, en général le conjoint, et la nue-propriété à d’autres, les enfants le plus souvent. C’est une astuce fiscale intéressante : les enfants seront créanciers du conjoint et recevront donc, à son décès, la valeur de l’assurance- vie sans droits de succession. Attention, l’abattement de 152 500 euros sur les droits à acquitter au moment du décès de l’assuré est partagé entre l’usufruitier et le ou les nuspropriétaires. En l’absence de liens entre l’usufruitier, le nu-propriétaire, par exemple un nouveau conjoint et des enfants d’un premier lit, il faut aménager la clause pour prévoir la protection des nus-propriétaires. A défaut, ils pourraient ne jamais recevoir l’argent qui leur est destiné.
Notre conseil.
Dans une famille recomposée, prenez conseil auprès d’un juriste pour démembrer la clause bénéficiaire, et écartez la possibilité d’un « quasi-usufruit », car l’usufruitier jouit de l’intégralité du capital et peut le dépenser. La créance des enfants ne vaut alors que du vent…