Levées de fonds record, parts de marché en hausse : les Assurtechs assurent ! Qu’il s’agisse d’assurance santé, automobile, moto, habitation, d’assurances professionnelles ou emprunteur, le marché de l’assurance en ligne est immense et fait l’objet d’une concurrence acharnée. Longtemps dans le giron de quelques acteurs, assureurs et banques, la législation a évolué, permettant à de nouvelles entreprises de se positionner.
Tous les Français connaissent les noms d’Allianz, Axa, AMF, CNP, GAN, GMF, Groupama, MAIF, Matmut et autres MMA. Tous ces acteurs ont démarré avec des agences physiques présentes sur tout le territoire, car le contact et le relationnel sont toujours des éléments essentiels pour une partie de la clientèle. Les prix pratiqués ne leur permettent pas de faire croître leur part de marché sur ce circuit, elles développent donc d’autres solutions, comme leur offre en ligne, ce qui est le cas de Direct Assurance, filiale à 100% d’AXA.
Les atouts du service digital
Les assurances en ligne disposent d’avantages importants. En premier lieu, la simplicité et la rapidité permettant de tout faire à partir d’un appareil nomade et ce, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Ensuite, tout comme le e-commerce, elles ont des frais fixes inférieurs aux entreprises disposant de bureaux, elles peuvent donc proposer des tarifs attractifs, des frais de dossier moindres, des taux bas pour un niveau de garanties identique. Enfin, les démarches sont sécurisées : modifier son contrat ou déclarer un sinistre se fait en quelques clics, les clients ont appris à faire confiance au fil du temps à ce type de solutions digitales.
Un nouveau monde à venir
La transition s’est faite en douceur jusqu’à présent ; les assureurs ayant élargi leur offre via des filiales dédiées à la vente en ligne, le monde de l’assurance n’était donc pas bouleversé. De nombreux groupes ont cependant eu des difficultés à se positionner sur le web si l’on examine les résultats financiers, souvent médiocres, de ces filiales. Depuis 2017, on assiste à la naissance d’un autre type d’acteurs, les assurtechs, qui veulent bouleverser les règles. Avec beaucoup de mal, car ce secteur fortement réglementé demande du capital. Elles ont cependant pour caractéristique d’être totalement centrées sur le client ; un client familiarisé au digital dans sa vie professionnelle et privée.
Alan.com, 183 millions pour aller loin
Si vous ne connaissez pas encore Alan, il va falloir vous familiariser avec cette startup, devenu licorne tricolore. Elle est l’assurtech qui monte. Spécialisée dans l’assurance santé 100% en ligne, le produit conçu a séduit son public, allant jusqu’à attirer 10 000 entreprises clientes, 180 000 utilisateurs au total, et 100 millions de revenus annuels. Lors du premier semestre 2021, Alan a levé 185 millions, inimaginable il y a cinq ans lors de sa création. Elle n’est pas encore un géant de l’univers de l’assurance santé avec ses un peu plus de 1% du marché, mais avance conformément aux objectifs qu’elle s’est fixée, à contre-courant du marché, plutôt amorphe.
Jean-Charles Samuelian-Werve, cofondateur d’Alan, a déjà annoncé les ambitions de la startup : franchir le million de membres d’ici à 2023, et poursuivre son internationalisation en Belgique et en Espagne. Il emploie déjà plus de 300 personnes et prévoit d’en recruter 400 de plus. Si l’entreprise évolue si rapidement et parvient à séduire la clientèle professionnelle, ce n’est pas simplement pour une offre services et prix performante, mais par des plus qui la démarquent clairement des offres concurrentes.
Deux assureurs atypiques
Alan a souhaité se démarquer dans sa relation client et annonce un temps de réponse médian aux membres de 2 minutes et des délais de remboursement effectués à 75% en moins d’une heure. Une vision nouvelle de l’assurance santé qui explique en grande partie le succès de la toute nouvelle licorne. Jean-Charles Samuelian et Charles Gorintin ont prouvé que leur vision décalée pouvait trouver son public. Ils ont aussi un regard sur la gestion de l’entreprise, associant les salariés à leur succès après une présence d’un minimum de deux ans dans la société.
Une façon de faciliter les recrutements et de minimiser les turnovers dans un monde de geeks qui a la bougeotte. Leur type de management est aussi innovant, privilégiant la responsabilisation, les forums de discussions, afin de réduire au minimum la réunionite et la multiplication de mails si chers aux entreprises.
Dalma, la santé pour animaux
Les animaux de compagnie sont un marché juteux à bien des niveaux. Mais on oublie souvent que l’assurance santé peut aussi les concerner, une précaution dont on comprend l’utilité lorsque l’on a déjà eu à faire soigner un animal malade. Lancée en mai de cette année, Dalma mise aussi sur l’efficacité et la simplicité. Au-delà des services classiques, sa promesse est de rembourser ses adhérents en 48 heures, et d’offrir des consultations vidéo en illimité. Elle propose un abonnement concurrentiel, à hauteur de 7,99 euros mensuels pour un chat. La startup d’Alban de Préville et de Raphaël Sadaka a levé deux millions d’euros pour se lancer.
Tous deux se connaissent bien pour avoir travaillé chez Frichti, l’entreprise de livraison de repas à domicile. En consultant les avis sur les assurances d’animaux, ils ont pu se rendre compte que les taux de satisfaction étaient très mauvais. Un créneau était à prendre, d’autant que les Français assurent peu leurs animaux contrairement à d’autres pays. Le secteur est d’ailleurs en forte croissance de par le coût élevé des frais vétérinaires.
Acheel, la petite dernière
Lancée sur une offre généraliste, Acheel entend bien grignoter le gâteau d’Alan, et sans doute beaucoup plus si l’on se fie au fait que l’on retrouve parmi ses actionnaires Xavier Niel et Jean de la Rochebrochard. Les assurtechs aiment décidément les duos. Ralph Ruimy et Francky Defossé sont des fondateurs qui ont déjà plusieurs années d’expérience. Comme Alan ou Oscar aux Etats-Unis, leur société porte un prénom, la forme phonétique d’Achille : Acheel.
Le duo affiche ses ambitions, devenir une licorne, rien de moins, et elle démarre fort en bouclant son premier tour de table à 29 millions d’euros, soit plus du double des levées réalisées par les deux néo-assureurs Alan et Seyna (spécialisé dans l’assurance dommages). C’est clair, la révolution du monde de l’assurance a vraiment commencé !