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Avec la chaîne NEO, Bernard de La Villardière veut réinventer la télé


À 62 ans, il prend même le contrepied en se lançant dans une nouvelle aventure entrepreneuriale, celle d’une plateforme digitale et media social 100% vidéo, dénommée Neo.

Entreprendre - Avec la chaîne NEO, Bernard de La Villardière veut réinventer la télé

À 62 ans, il prend même le contrepied en se lançant dans une nouvelle aventure entrepreneuriale, celle d’une plateforme digitale et media social 100% vidéo, dénommée Neo.

Pour Bernard de La Villardière, le journalisme est une seconde nature. Diplômé du Celsa avec en poche une maîtrise en sciences politiques, il débute dans la profession à 25 ans. Le jeune homme participe en 1987 à la création d’une nouvelle chaîne, France Info, aux débuts de LCI et perce rapidement en passant entre autres à la présentation du journal du week-end sur RTL. Mais c’est M6 qui le fera vraiment connaître du grand public avec le fameux magazine « Zone Interdite » et ses sujets chocs. Il poursuit sur sa lancée avec « Enquête Exclusive » et d’autres émissions tout en fondant sa société de production « Ligne de Front ».

Innover avec de la vidéo en ligne

Bernard de la Villardière aime créer mais aussi surprendre avec des enquêtes vues sous un autre angle, comme ses reportages sur le Darfour ou son enquête sur l’affaire d’Outreau. La collaboration avec M6 va durer lui permettant de mettre en lumière ses nouveaux concepts et enquêtes, dont le dernier « Dossier Tabou ». Ses récents ennuis de santé oubliés, l’homme est reparti de plus belle dans ses projets. Depuis plus de deux ans, il planche en effet sur son nouveau bébé : Neo. Avec cette plateforme digitale lancée le 30 novembre 2020, le journaliste-producteur devient créateur d’un nouveau média social totalement consacré à la vidéo.

Positiver par l’image

« Vidéo – Réseaux Sociaux – Grand public », telle pourrait être l’équation de base du concept. Mais il y manque le principal : le sujet des vidéos et l’optique de départ. La ligne éditoriale choisie par le journaliste est de mettre en avant les initiatives qui fleurissent un peu partout en France en matière « d’engagements, d’aspirations et de convictions » avec de courtes vidéos sous forme de portraits, interviews, reportages (3 à 5 minutes).

Celles-ci sont réalisées par des journalistes et pigistes – une vingtaine pour l’instant – qui constituent l’équipe de Neo. « Des valeurs positives » qui ont aussi pour objet de lutter contre le « diviser pour régner » qui s’étale sur certains réseaux sociaux. Neo fera donc entendre sa voix sur Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIN et YouTube. Rassembler, raconter, motiver… une ambition presque démesurée en ces temps complexes.

Les bases du lancement

La concrétisation de la création de la plateforme digitale a été facilitée par l’expérience du fondateur. Bernard de la Villardière n’a pas travaillé pendant des années sur M6 sans avoir créé des liens solides avec la chaîne, ce qui qui lui a permis d’aller de l’avant. C’est donc M6 Publicité qui sera la régie publicitaire de Neo. Par ailleurs, une levée de fonds d’amorçage d’un montant de 1,55 million d’euros a été effectuée, indispensable au lancement de la nouvelle plateforme. Bernard de la Villardière ne part pas seul dans l’aventure et s’est associé à Stéphane Simon, lui aussi journaliste-producteur, Anne-Henri de Gestas et Louis Perrin qui assureront le côté partenariats & marketing, ainsi que Sami Biasoni, banquier d’investissement. Ces cofondateurs restent majoritaires après la levée de fonds.

Pas de concurrence directe

Brut et Loopsider, deux plateformes vidéo qui montent en France, ont gagné énormément d’audience en mettant en exergue les vidéos de violences policières fin 2020, rapidement devenues virales, ce qui a entraîné ensuite l’interview d’Emmanuel Macron. Elles s’adressent à un large public, dont une majorité de jeunes dont bon nombre s’informe en majeure partie sur les réseaux sociaux. Ces deux médias digitaux sont sur le même marché et donc a priori concurrentes de Neo, cependant les différences sont bel et bien réelles, et le créneau occupé est loin d’être identique.

Des objectifs différents

La cible de Neo se veut plus adulte, contrairement à Brut par exemple, vu comme un support très orienté sur les moins de 25 ans. L’orientation stratégique est également différente d’après les premières déclarations de Bernard de la Villardière. Avec Neo, il ne s’agit pas d’être en lien direct avec l’actualité du jour. L’info choc et percutante ne sera donc pas la ligne éditoriale. « Fédérer, donner des raisons d’espérer, d’éprouver de la fierté », tels sont les termes utilisés par le journaliste lors du lancement. Donner de l’optimisme en ces temps complexes est une ambition un peu folle ; le public étant plus friand de sensations fortes que de bonheur sur écran. Quoique… les comédies romantiques font un carton. Peut-être l’influence d’une grand-mère bouddhiste joue-t-elle aussi un rôle au-delà même des convictions personnelles de Bernard de la Villardière.

Des modèles économiques distincts

Pour ce qui est du modèle économique, Brut a indiqué que la publicité représentait environ 30% de ses revenus, alors que Loopside s’est pour l’instant refusé à aller dans ce sens. Le modèle économique des deux entreprises repose en majeure partie sur des partenariats avec d’autres médias pour du partage de contenu, et surtout sur des vidéos commandées par des donneurs d’ordre sélectionnés par les plateformes. Le « publirédactionnel » se sophistique, mais reste néanmoins nécessaire aux finances.

Bernard de la Villardière a toujours aimé les aventures entrepreneuriales. Il a d’ailleurs déjà cofondé plusieurs entreprises dans le monde du digital et collaboré à de nombreuses associations. Mais l’homme de médias parfois critiqué pour les titres racoleurs de ses enquêtes télévisées a toujours semblé motivé à faire de l’audience grâce à des sujets souvent polémiques. Est-on en train d’assister avec ce nouveau concept résolument positif et différent à du Neo-Bernard de la Villardière ?

A.F.

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