Pour Eloa Guillotin, tout a commencé lorsqu’elle est devenue ingénieure de l’ISAE-Supaéro avant de terminer son cursus par le master X-HEC. La création d’entreprise a suivi dès 2020. Eloa Guillotin est plus particulièrement en charge de l’aspect commercial, financier et des ressources humaines dans la startup. Dotée d’un véritable esprit d’entrepreneure, elle a déjà lancé plusieurs projets avant Beyond Aero, et connaît déjà certaines des difficultés liées à la création d’entreprise.
Elle dit elle-même avoir contacté plus de 200 investisseurs potentiels avant que BpiFrance ne s’intéresse au projet. Elle considère que le fait d’être trois associés est une force essentielle. Car ses partenaires sont tout autant passionnés qu’elle. Eloa Guillotin a rencontré Hugo Tarlé lors de ses études à Supaéro, ils ont poursuivi ensemble leurs cursus avant de rencontrer Valentin Chomel en 2019 à Polytechnique qui terminait sa thèse chez Safran sur le thème des essais en vol. Il est aujourd’hui notamment en charge des processus de certifications, sans quoi rien ne peut se faire dans l’aérien.
27 ANS ET 24 MILLIONS D’EUROS
Être une femme, jeune, ingénieure, dans le monde de l’aéronautique ne devrait pas paraître exceptionnel dans le monde d’aujourd’hui et encore moins de demain. Comme le fait de voir des avions voler à l’électrique et à l’hydrogène. Selon Eloa Guillotin, la France est en avance ! Vous ne pouvez en croire vos yeux ? En effet, voici une phrase que l’on n’entend pas suffisamment.
Pour la jeune créatrice, son aventure entrepreneuriale se trouve être au bon moment, au bon endroit, avec les bonnes personnes, car aucun doute n’existe : l’électrique est déjà là et le virage vers l’hydrogène est en cours. Avec l’aide du programme France 2030 et celle de BpiFrance, l’avenir s’annonce a priori hyperactif mais optimiste.
Il est vrai que lorsque des acteurs comme Airbus prévoient le lancement d’un premier grand porteur à propulsion hydrogène d’ici à 2035, il y a de fortes chances de voir le monde de l’aérien changer en profondeur dans les cieux de la planète. Ce changement de paradigme technologique a aussi pour conséquence la naissance de nombreuses structures nouvelles qui travaillent sur ce secteur d’avenir. Lors du dernier salon du Bourget, Beyond Aero a décidé de prendre la lumière et révélé avoir levé 24 millions d’euros auprès de différents investisseurs, tels que Initialized Capital, Reddit, 7percent Ventures, les dirigeants de Y Combinator (l’incubateur star) et Female Funders Fund pour citer les principaux.
Le Business plan de l’avion électrique
Avec trois personnalités aussi diplômées, on peut s’attendre à ce que tout soit clair en termes d’avenir. C’est le cas. L’objectif est clairement tracé, le mot exact serait plutôt la vocation, voire la mission de l’entreprise plutôt que son objectif. Beyond Aero se positionne comme intégrateur d’une somme de sous-systèmes déjà existants dans un premier temps afin d’aller vers une concrétisation plus rapide.
La cofondatrice met en avant que le choix d’un avion d’affaires léger et propre correspond à la fois à un besoin du marché, une faisabilité technologique, et un risque acceptable pour s’être lancé. L’enjeu principal qui déterminera le planning est la certification. Pour rappel, la certification d’un avion classique prend de 5 à 8 ans, celle portant sur une propulsion hydrogène reste à écrire, le travail est en cours avec de nombreux partenaires concernés pour y parvenir avant la fin de la décennie.
L’effet Le Bourget
Beyond Aero a participé au dernier salon du Bourget et présenté son prototype d’avion d’affaires de 4 à 8 passagers maximum. Les professionnels ont pu voir l’aéronef, dont la motorisation électrique à propulsion hydrogène doit permettre d’atteindre une vitesse de 575 km/h pour une distance estimée à 1500 km pour 6 passagers. Mais, comme toujours en aviation, il va falloir respecter les étapes indispensables au développement et à la sécurisation du processus.
De premiers essais au sol seront donc effectués début 2024 avant d’aller vers une motorisation intermédiaire, puis le modèle définitif. Des phases indispensables pour poursuivre et finaliser la phase de réflexion sur l’architecture finale et détaillée de l’avion. Last but not least, la PDG annonçait à la presse avoir engrangé pour 580 millions de dollars de lettres d’intention, ce qui correspond à quelques 70 avions et être en cours de finalisation pour des partenariats avec des infrastructures aéroportuaires. Toulouse n’a pas fini d’être en pointe pour la construction aéronautique.
Anne Florin