Plus de 200 000 : c’est le nombre de jeunes qui, au cours de l’année scolaire 2021-2022, étaient en apprentissage dans l’artisanat, d’après la dernière édition du baromètre de l’Institut supérieur des métiers (ISM) — MAAF. Un record absolu — le précédent remontant à 2010 —, principalement dû aux effets de la réforme de 2018 sur l’apprentissage. Avec 201 000 apprentis recensés sur l’année scolaire, la progression est de +14 % par rapport à l’année précédente, qui avait déjà enregistré une hausse similaire.
Les titres du supérieur font le plein, d’après le baromètre ISM-MAAF
La conclusion du baromètre ISM-MAAF est donc simple, et encourageante : longtemps dévalorisé, l’apprentissage a désormais le vent en poupe, particulièrement dans les métiers de l’artisanat. D’après la même étude, un apprenti sur quatre s’orienterait aujourd’hui vers l’artisanat, tous secteurs et territoires (villes, campagnes) confondus. Bonne nouvelle également : la proportion d’apprentis visant des titres du supérieur est en hausse : +40 % en BTS, +32 % en licence, bachelor ou master, etc. Une tendance qui s’inscrit dans celle, plus générale, de l’élévation des compétences des actifs français.
Il s’agit, ici encore, d’une conséquence positive de la réforme de 2018. En offrant de plus larges perspectives aux apprentis diplômés, par exemple, d’un bac pro, celle-ci fait en effet miroiter de meilleures chances d’insertion aux jeunes — et à leurs parents, que ces parcours prolongés et sécurisés rassurent. En somme, le baromètre ISM-MAAF confirme que l’image dégradée longtemps accolée à l’apprentissage appartient au passé : loin d’être l’apanage des jeunes en situation d’échec scolaire, l’alternance et l’artisanat représentent, aujourd’hui, la promesse de débouchés solides, avec des compétences reconnues et des carrières valorisées.
Une tendance qui s’inscrit dans la durée
Et cela n’est pas près de s’arrêter, si l’on en croit l’évolution de l’apprentissage dans l’artisanat telle que mesurée par le baromètre ISM-MAAF. Portant sur l’année scolaire 2019-2020, la précédente édition de l’étude recensait quelque 153 000 apprentis « seulement », soit près de 50 000 de moins que deux ans plus tard. Constatant, déjà, une appétence croissante des apprentis pour les cursus plus longs, l’étude ISM-MAAF de septembre 2021 relevait également que les apprentis des entreprises artisanales bénéficiaient d’un taux d’emploi supérieur à celui des diplômés de la voie scolaire traditionnelle.
Par ailleurs, le taux d’emploi est également plus élevé à mesure que le niveau de diplôme progresse, grimpant à 77 % pour les apprentis de niveau 5/BTS, contre 58 % pour les élèves de la voie scolaire. Pâtisserie, coiffure, maçonnerie, mais également gestion de PME, électrotechnique ou aménagement paysager : comme le démontre, édition après édition, le baromètre ISM-MAAF, l’artisanat ouvre ses portes à tous les profils et toutes les évolutions de carrières et n’a, définitivement, plus rien d’une voie de garage.
Alexandre Bodkine