La Chronique Economique de Bernard Chaussegros
Entreprendre… c’est le rêve de beaucoup d’entre nous mais face aux obstacles qui se dressent sur la route du futur Chef d’Entreprise, la plupart des postulants renoncent. Et la période actuelle n’est pas réellement propice à favoriser les vocations .
Les grands économistes de ce pays l’annoncent depuis quelques mois, nous allons connaître une zone de turbulence intense qui va se caractériser par la faillite de dizaines de milliers d’entreprises. Par voie de conséquence, cela va provoquer une hausse massive du chômage et par effet miroir, cela induira un appauvrissement des ménages et une baisse significative du pouvoir d’achat.
Tout cela trouve confirmation les chiffres et les communications journalières de la presse économique, nombre de nos « pépites » sont en grande difficulté, plus particulièrement dans les métiers du tourisme et du secteur culturel. C’est pourquoi nous appelons de tous de nos vœux, une relance de la production hexagonale, afin de ne plus avoir à souffrir de cette dépendance qui nous affecte, conséquence de politiques pensées et prises dans une vision à très court terme…
Ce qui est certain, c’est que nos TPE-PME n’étaient absolument pas préparées à un tel choc. Pour certaines d’entre elles, bien trop nombreuses à date, il va falloir affronter longuement, outre le marasme économique, les couloirs des tribunaux de commerce et les affres des procédures collectives.
En effet, le regard du Chef d’entreprise se pose généralement et avant tout sur le Chiffre d’Affaires et le carnet de commandes. Son livre de chevet, c’est son tableau de bord. Il doit bien évidemment anticiper et détecter les difficultés mais la prise de conscience de celles-ci est très souvent tardive. C’est le déni et l’isolement bien connu qui frappent le dirigeant de TPE-PME.
La législation, qui s’est considérablement assouplie ces dernières années, sans doute pour répondre aux aléas d’un monde économique et financier en perpétuelle mouvance, a pourtant prévu une batterie de mesures préventives. Et malheureusement, ces dernières sont trop souvent ignorées par les intéressés qui hésitent à faire appel à la « Prévention », véritable système d’alerte des institutions consulaires.
Plus que de déterminer l’origine des difficultés, il s’agit d’en expertiser les raisons qu’elles soient conjoncturelles, structurelles ou contextuelles, afin d’y apporter la meilleure réponse, au plus tôt, et éviter l’état de « cessation des paiements », souvent inéluctable …
Malgré les aides importantes de l’Etat dont le PGE, les Entreprises ont emprunté massivement et, selon la Banque de France, leur endettement (hors dettes fiscales et sociales) s’est envolé ! Et pourtant, un jour, bientôt, il faudra rembourser !
La trésorerie constituée par défaut, et non par la création de valeur, sert actuellement à financer la sous-activité même si la grande majorité des entreprises fait appel au chômage partiel pour amortir l’impact des charges salariales, ce qui, certes, a réduit artificiellement le nombre d’entreprises insolvables…mais c’est un « miroir aux alouettes ».
Cela ne sera pas suffisant…Pourquoi ? Parce que le taux d’endettement élevé pèse sur la capacité des entreprises à investir et sans recapitalisation, il sera quasi impossible de maintenir un outil de production performant et concurrentiel.
Est-ce donc l’instant de mettre en place ce grand serpent de mer : Le Grand Emprunt National garanti par l’Etat, ayant pour objectif d’accompagner les secteurs créateurs de valeurs en consolidant leurs fonds propres ?
Si l’intervention publique est justifiée en période de pandémie, elle s’impose dans une perspective de relance.
Les Français veulent se réconcilier avec leur économie, c’est le moment de produire « Made in France » et de soutenir, sur l’ensemble du territoire, les « licornes » si chères à notre Président mais aussi toutes ces entreprises qui ont un vrai savoir-faire tant pour satisfaire le marché intérieur que pour devenir une alternative crédible aux « géants américains » et autres ogres de la mondialisation.
Pour l’heure, il est trop tôt pour connaitre les effets durables ou non de cette crise hors norme, il faudra attendre de connaitre la réaction des consommateurs (qui ont aussi modifié leurs habitudes pendant cette période) face à la reprise attendue de l’activité…mais les consommateurs seront-ils au rendez-vous si nous devons affronter un chômage de masse ?
Bernard Chaussegros