Le colosse Bordelais aux 40 «châteaux» n’est pas prêt de prendre sa retraite. À 78 ans, Bernard Magrez poursuit l’extension de son «empire du goût». Dernière conquête : La Grande Maison Bernard Magrez, en partenariat avec Joël Robuchon, le chef le plus étoilé au monde.
Cet hôtel-restaurant aussi prestigieux que luxueux a ouvert ses portes fin 2014 dans une ancienne demeure bordelaise, construite au début du siècle dernier. «À 16 ans, je suis sorti de l’école avec un CAP d’affûteur-scieur en poche, mon seul diplôme. À 21 ans, j’ai créé mon entreprise», rappelle Bernard Magrez.
C’est à l’aube des années 60, que ce «bon à rien» (selon les mots de son père) envoyé en apprentissage à 13 ans dans un établissement spécialisé de Luchon, en Haute-Garonne, prend les manettes d’une petite boutique spécialisée dans les spiritueux (porto, whisky et tequila) et amorce son ascension.
Surfant sur la déferlante des hypermarchés qui, à l’époque, poussent comme des champignons aux quatre coins de l’Hexagone, il propulse ses marques au rang de leaders.
En 2004, au lieu de faire fructifier ses gains dans une obscure banque en Suisse, il vend l’intégralité de ses spiritueux au groupe Castel pour acquérir de grands vins. «Aujourd’hui, je suis le seul propriétaire de 4 crus classés à Bordeaux», se félicite-t-il le propriétaire d’une quarantaine de domaines pour un CA estimé à 50 M€, soit 950 hectares de vignoble dans le monde : en Languedoc-Roussillon, en Provence, en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Argentine, au Chili, en Uruguay, en Napa Valley (Californie) et au Japon, ainsi que 4 grands crus classés dans les vignobles bordelais les plus prestigieux (Pape Clément en Pessac-Léognan, Fombrauge à Saint-Émilion, La Tour Carnet dans le Médoc, Clos Haut-Peyraguey à Sauternes).
Ces 4 bijoux, «c’est ma plus grande réussite entrepreneuriale», admet l’entrepreneur, dont l’ambition aujourd’hui est d’ériger son nom en griffe. Une façon de devenir immortel… «Ce qui me pousse à entreprendre encore à mon âge, c’est la volonté d’amener la signature “Bernard Magrez”, tout comme chacun de mes crus classés, au rang de première référence qualitative dans les Bordeaux haut de gamme. Quant à ma retraite, il n’en est absolument pas question», poursuit-il. Bernard Magrez nourrit d’ailleurs l’ambition d’acquérir encore un ou deux crus classés.