La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS
On le sait désormais, les Français sont de plus en plus attentifs à ce qu’ils mangent. Et aujourd’hui c’est plus que jamais, la tendance du « consommer sain », de « saison », « fait maison » et éthique comme le confirme les dernières analyses du baromètre de la Consommation et de perception des produits biologiques en France.
Près de deux tiers des personnes déclarent avoir modifié leurs habitudes d’achat, leurs comportements alimentaires, culinaire ou d’hygiène et ce, plus particulièrement depuis la période de la crise sanitaire.
Il est évident que nos attitudes ont radicalement évolué, et la pandémie a d’autant plus accéléré ces bouleversements, tant au niveau des produits que l’on souhaite avoir dans nos assiettes que sur notre corps, mais aussi des modalités de transport pour les acheminer. Les marques commencent à comprendre ce besoin d’authenticité et de traçabilité. Elles s’inscrivent parfaitement dans un changement de prisme générationnel et prennent en considération ce nouveau paradigme.
En rappelant ces nouvelles appétences sociétales en termes de consommation, il faut tout de même garder à l’esprit que les évolutions qui se dessinent aujourd’hui concernent notre bien-être, une alimentation saine, notre conscience écologique, la croissance du choix des livraisons à domicile etc….
Mais d’où vient cette tendance pour les produits bio ?
En 2020, il apparait une croissance forte de la cuisine chez soi ,même si les acteurs de la restauration rapide ont réalisé une année exceptionnelle. Les Français (qu’ils soient consommateurs bio ou non) ont été motivés à cuisiner dans des conditions plus proches des valeurs de terroir à savoir : éviter les pertes et le gaspillage (56% des Français l’ont évoqué et 57% de consommateurs bio), acheter davantage de produits frais (57% de la population et 59% de consommateurs bio) et de produits de saison (57% de la population et 59% de consommateurs bio) et privilégier les produits locaux et les circuits courts, qui devient la première raison citée cette année. Cette montée en puissance du «locavore» est devenue un véritable engagement, amplifié indéniablement par la crise sanitaire.
En 2020, près de 9 Français sur 10 affirmaient avoir consommé des produits bios l’année précédente. Parmi eux, 43 % sont des consommateurs réguliers tandis que 83 % s’y intéressent de façon occasionnelle. Même si évoquer les produits naturels et bio c’est souvent faire référence à l’alimentation, il apparaît que la tendance est maintenant généralisée : il y a aussi une consommation accrue de produits naturels, notamment dans le secteur des soins et de la cosmétique (savon de bave d’escargot, shampooing à l’aloé vera, lait d’ânesse, produits à base de pépin de figues, etc..).
Prenons par exemple l’utilisation phare de l’amande : celle-ci s’oriente notamment pour les produits de beauté naturels.Aujourd’hui les consommateurs sont plus exigeants quant à la qualité des biens qu’ils achètent ainsi que la possibilité de connaître la traçabilité… et il existe une réelle appétence et une forte attractivité pour ces produits bio et naturels.
La relève de la nouvelle génération
Aujourd’hui, on pointe grandement l’intérêt de la génération Z, les 18-24 ans, qui se sent plus concernée par le bien-être animal (37 % contre 28 % pour l’ensemble de la population), mais aussi par les raisons éthiques ou sociales (32 % pour les jeunes et 25 % pour l’ensemble). Seule contrainte pour ces consommateurs : le prix, qui reste trop élevé. Ainsi, leur consommation est moins soutenue, car bénéficient d’un pouvoir d’achat moins important. Cependant, les jeunes considèrent comme normal de payer plus cher un produit bio (47 % contre 27 % pour les plus de 50 ans) et sont aussi très motivés pour poursuivre leur consommation : près de 60 % d’entre eux ont l’intention de maintenir leur consommation et 27 % s’engagent même à l’augmenter.
Cet intérêt de la jeune génération en fait la clientèle qui consomme le plus régulièrement des produits bios. On peut même rappeler que 93 % des 25-34 ans et 91 % des 18-24 ans sont des consommateurs occasionnels de produits issus des épiceries bios. Car si elles n’étaient pas légion au début du siècle, trouver aujourd’hui une épicerie bio près de chez soi est quasiment devenu la norme. La proximité de ce type d’établissement s’explique entre autres par une demande de plus en plus forte de produits sains et écologiques.
Mais d’où viennent leurs produits ?
Les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) sont actuellement les lieux où l’on s’approvisionne le plus en produits bios. Quant aux épiceries bios, elles sont seulement la seconde source d’approvisionnement mais leur marge de progression est de loin supérieure à celle des GMS.
Mais de plus en plus de jeunes entrepreneurs tissent des partenariats avec des producteurs et agriculteurs choisis avec soin, et dont la majorité vient de France. Si nous sommes nombreux à opter pour le bio, nous sommes tout aussi nombreux à vouloir consommer local. Cet engouement pour des produits du terroir et de saison explique les attentes de plus en plus fortes des populations auprès des supérettes, des fermes et surtout auprès des artisans.
Les circuits courts et solidaires sont devenus gages de consommation responsable et de de respect de l’environnement, mais c’est aussi une manière de consommer local. « Je veux faire marcher les commerces et les producteurs de ma région » est une phrase que chacun d’entre nous a pu entendre au moins une fois. On souhaite redynamiser notre artisanat, notre agriculture qui souffrent des grandes multinationales qui proposent de produits venant de l’autre bout du monde, souvent avec un bilan carbone désastreux, et dont les conditions de conservation ne sont pas connues du grand public.
L’autre partie est importée en fonction de la qualité et de la fraicheur.On peut donc en déduire que circuit court et production locale sont les secrets d’une réussite annoncée !
Une solution digitale pour tracer les produits : IBM Food Trust
La plateforme IBM Food Trust, créée en 2016, est un réseau cloud collaboratif basé sur la blockchain fournissant aux distributeurs, fournisseurs, producteurs et aux industriels de l’agroalimentaire des données provenant de l’ensemble de leur écosystème. Le but étant de partager de manière complète les données liées à la sécurité du produit au profit des consommateurs comme la composition nutritionnelle ou encore la présence d’allergènes.
Moins d’intermédiaires et meilleure traçabilité des produits sont en effet des critères privilégiés et preuves de qualité pour le consommateur ; mais ces derniers sont aussi à présent des critères indispensables pour l’ensemble de l’ecosystème. Ces 20 dernières années, les scandales alimentaires en Europe et dans le monde se sont suivis et se ressemblent tristement : lait infantile, viande de cheval, e-coli… Loin de l’impression d’hygiène que peuvent susciter les aliments suremballés et bien présentés dans les rayons de nos supermarchés, ils mettent avant tout en lumière les comportements des acteurs de l’agro-industrie qui n’hésitent pas à contourner les règles pour produire toujours plus à moindres frais. Mais il est temps que l’ensemble des acteurs comprennent l’engouement des consommateurs à manger mieux, consommer plus sainement et mettent en place des circuits-courts et traçables pour répondre aux règles sanitaires et aux exigences de tous.
FOCUS sur une start-up digitale répondant à ces nouveaux enjeux : WHAT MATTERS
Créée l’année dernière par Charlotte Catton et Franck Ladouce, la marque propose toute une gamme de produits de soin, d’hygiène et de la maison. Le tout 100% francais, bio et rechargeable.
What Matters est une marque digitale qui propose une nouvelle manière de consommer ces produits. Sa mission est de proposer les essentiels du quotidien, livrés seulement quand le consommateur en a besoin. Les formules sont BIO, saines, efficaces, le packaging sont des flacons en « verre renforcé » et des éco-recharges très légères, permettent de réduire la consommation de plastique.
Mais ils sont aussi sans risque pour l’acheteur et pour l’environnement ; ils sont certifiés bio par ECOCERT, vegans, et testés sous contrôle dermatologique mais pas sur les animaux ! Allier des produits de qualité, de qualité, écologiques et une fabrication respectueuse de l’environnement : le consommateur peut trouver les réponses aux questions environnementales et qualitatives qu’il recherche.
Cette société a su s’inspirer des requêtes des utilisateurs de réseaux sociaux pour « construire » une « offre produits » répondants aux enjeux actuels, sans doute une nouvelle « licorne » dans le secteur du « bien consommer » et du « bien vivre ».