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Biotechs : la médecine de demain en mal de financement


Par Jean-David Haddad, Professeur Agrégé d’Economie et Sciences Sociales, rédacteur en chef et co-fondateur de Francebourse.com Le marché a ses modes et ses tendances. Il a ses bulles spéculatives et ses krachs. Les stars d’hier sont parfois les oubliés d’aujourd’hui. Ainsi, très peu d’investisseurs s’intéressent encore aux biotechs aujourd’hui. Ces...

Entreprendre - Biotechs : la médecine de demain en mal de financement

Par Jean-David Haddad, Professeur Agrégé d’Economie et Sciences Sociales, rédacteur en chef et co-fondateur de Francebourse.com

Le marché a ses modes et ses tendances. Il a ses bulles spéculatives et ses krachs. Les stars d’hier sont parfois les oubliés d’aujourd’hui. Ainsi, très peu d’investisseurs s’intéressent encore aux biotechs aujourd’hui. Ces sociétés prometteuses, qui oeuvrent pour la recherche et pour sortir un médicament ou un vaccin qui permettrait de soigner ou guérir telle ou telle maladie. 

Pourtant, il y a 10 ans, elles étaient les grandes stars des marchés boursiers. 

Toute la première partie des années 2010, on ne jurait que par les biotechs. 

Prenons un titre emblématique de cette époque : Genfit. 

Ce titre a flambé entre 2011 et 2014 : il a été multiplié par 60! Et depuis, c’est terminé. Qui donc en parle encore? 

On peut compter aujourd’hui 40 biotechs cotées sur la bourse de Paris. Sur ces 40 valeurs, 27 sont en baisse depuis le 1er janvier et 13 en hausse soit un ratio Hausse/Baisse de 33/67. La performance moyenne (non pondérée) des 40 titres en question est de -8.21% depuis le 1er janvier alors que le CAC 40 gagne 9.4%. 

Les biotechs sont généralement des sociétés non rentables, qui ne font pas ou quasiment pas de chiffre d’affaires puisque leur activité consiste à faire de la recherche et leur espoir consiste à  trouver « le » médicament ou « le » vaccin miracle qui permettra de générer d’énormes revenus ou de se faire racheter par une « big pharma ». 

La méthode pour valoriser une biotech consiste à prendre les DCF (cash flow attendus) et à décomposer projet par projet avec une probabilité de réussite des essais, puis de faire une moyenne pondérée. La faiblesse de ce modèle est que les taux de réussite sont très faibles. Pour contrebalancer tous ces inconvénients, il est cependant important de noter que pour chaque produit, chaque médicament, on sait quelle serait la cible dans le monde. Contrairement à une société classique où tout dépendra du marketing et de la réaction des consommateurs, on a ici à chaque fois une quasi-certitude sur le nombre de personnes qui seront concernées par le produit vendu. C’est ici que réside la force des biotechs. Du moins c’est là qu’a résidé leur force. Et plus la cible est importante plus la valorisation est élevée. 

Aujourd’hui, les biotechs ne font plus recette car les investisseurs ne sont pas des mécènes et se sont lassés d’attendre des essais cliniques qui s’éternisent. Ils ont perdu patience dirons-nous. Et se sont entre temps focalisés sur autre chose, d’autres thématiques, comme l’hydrogène ou l’intelligence artificielle ou, à une certaine époque, révolue elle aussi, les crypto-monnaies. C’était d’ailleurs la bulle spéculative qui avait remplacé celle des biotechs sur la fin de la précédente décennie. 

La période COVID avait fait flamber quelques biotechs mais cela est révolu aussi.

Aujourd’hui, cependant, ces sociétés ne sont pas totalement tombées dans l’oubli, sinon il n’y en aurait pas 33% qui soient en hausse depuis le 1er janvier. Sur ces biotechs qui sont en hausse, nous avons à noter Abivax qui gagne 150% et Valerio (anciennement Onxeo) qui gagne 72%.

Les deux ont flambé à un moment donné, car elles ont annoncé des résultats positifs d’essais cliniques permettant de passer à une phase suivante. 

Le marché s’est lassé, il est devenu sélectif mais suit encore les biotechs du coin de l’oeil!

Notons que chaque biotech est porteuse d’espoir pour l’humanité et peut se réveiller très vite… 

A titre d’exemple, Biothytis est un titre qui perd 58% depuis le 1er janvier, qui perd 99% en 5 ans, mais qui est pourtant une société spécialisée dans le développement de candidats médicaments permettant de ralentir les processus dégénératifs et d’améliorer les capacités fonctionnelles chez les patients atteints de maladies liées à l’âge, le COVID en faisant partie, mais aussi la sarcopénie. Dirigée par Stanislas Veillet, cette entreprise promet de reculer les frontières du vieillissement…

Toujours à titre d’exemple, TME Pharma (anciennement Noxxon) est une société qui vise tout simplement, comme d’autres d’ailleurs, à combattre le cancer. Le cancer du cerveau est leur priorité, avec, selon son PDG Aram Mangasarian, « 83% de survie au-delà de 15 mois » pour leur traitement qui est bien sur toujours en phase de test. A coté du cancer du cerveau, celui qui fait si peur, le cancer du pancréas est aussi dans leur viseur. TME Pharma est un titre qui perd 2% depuis le 1er janvier. 

Le souci que rencontrent ces entreprises, c’est qu’avec la baisse des cours de bourse, les effets dilutifs de chaque financement sont plus importants… 

Ce sont des sociétés à ne pas abandonner de vue, qui peuvent à un moment redevenir à la mode…

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