Les Bourses mondiales ont connu le 27 janvier une séance tout à fait particulière. Pour les non-initiés, je vais tenter d’expliquer ici ce qui s’est déroulé à Wall Street et dans les Bourse européennes par mimétisme.
Le comportement usuel d’un opérateur en Bourse est l’investissement dans le capital des Sociétés cotées. L’investisseur achète des actions, dont il espère que la croissance des résultats lui assurera des dividendes substantiels et l’augmentation du cours. Il forme donc sa décision sur l’idée qu’il se fait de l’avenir proche et lointain de l’activité économique du secteur dans lequel opère la Société dans laquelle il investit quand il en achète les actions.
L’opinion un jour donné des différents investisseurs décidés à acheter ou vendre ce jour-là va conduire à une hausse des cours si les capitaux des opérateurs décidés à acheter sont supérieurs aux capitaux de ceux qui sont décidés à vendre. Ce qui conduit à une variation la plupart du temps quotidienne du cours de chaque action. Il faut bien comprendre que la décision d’acheter ou de vendre peut résulter soit de facteurs propres à la Société soit de facteurs généraux de l’économie. Ainsi par exemple une hausse attendue des taux d’intérêt aura pour conséquence que certains détenteurs d’actions y verront comme conséquence future la baisse des marges et par conséquent pourra occasionner une baisse des cours.
Voyant la volatilité des cours, c’est-à-dire le jeu incessant des hausses et des baisses, certains opérateurs de court terme pratiquent aussi bien l’achat puis la revente après une hausse que la vente suivie d’un rachat après une baisse. Cette pratique s’appelle la vente à découvert si le vendeur n’est pas le propriétaire des titres vendus, et qu’il les a simplement empruntés grâce à certains mécanismes autorisés en Bourse.
Certains fonds spéculatifs (hedge funds en anglais) se spécialisent dans la vente à découvert, ou la pratiquent sur une grande échelle. Ils la pratiquent de façon agressive, conduisant souvent à une baisse du cours de la valeur attaquée largement supérieure au niveau d’équilibre qui aurait été atteint par le jeu normal de l’offre et de la demande. Ce qui est préjudiciable à la collectivité des possesseurs de l’action attaquée.
Récemment, compte tenu de la situation sanitaire mondiale et des incertitudes engendrées dans l’idée qu’on peut se faire de l’évolution des économies des pays atteints, d’énormes quantités de titres ont été vendues à découvert. Considérant cette situation, des animateurs ont répandu sur les réseaux sociaux des incitations à acheter massivement des titres survendus, faisant ainsi exploser des hausses de cours de 100%, 200%, voire plus.
Être vendeur à découvert dans de telles circonstances est générateur de pertes qui peuvent devenir énormes. Les vendeurs se sont donc rachetés, non seulement sur les valeurs signalées sur les réseaux sociaux mais par précaution sur toutes les valeurs faisant apparaître une position de place vulnérable, mais également sur les valeurs décotées en général.
Le premier effet de ces manœuvres a donc été de faire flamber des valeurs jusque-là délaissées.
Pour se procurer les fonds nécessaires pour racheter les titres vendus, les vendeurs subissant de très lourdes pertes ont dû se résoudre à vendre des actifs, c’est-à-dire d’excellentes valeurs jusque-là très bénéficiaires.
Le second effet qui a suivi le premier a donc été une forte baisse des meilleures valeurs de la cote.
Voyant cette baisse, autant d’occasions d’acheter des très bonnes valeurs à des cours inespérés, les opérateurs classiques se sont portés massivement acheteurs.
Le troisième effet, dans la même journée, a été une reprise massive des meilleures valeurs.
Ajoutons que les effets particuliers observés au cours de la journée ont été parfois exacerbés par des achats et des ventes d’options sur le MONEP. En effet quand on est vendeur à découvert, on protège une partie au moins de sa position en achetant des calls (options d’achat). De cette façon on diminue ses gains, puisqu’il faut payer les calls, mais on limite ses pertes au cas où les cours sont pris dans une spirale haussière. Mais les vendeurs de calls eux-mêmes se couvrent partiellement en achetant des titres fermes. Tout ceci fait que les cours subissent des oscillations parasites qui peuvent être très importantes, en débordant les effets des variations normales des Marchés.
Roland Monet