A 74 ans, il part comme il est arrivé, discrètement, rayé d’un coup de plume, ou plutôt un coup de stylo. Le fils du fondateur historique de la célèbre marque de stylos BIC n’avait peut-être ni la faconde ni la flamboyance propre à son père Marcel.
On se souvient que ce dernier n’avait pas hésité à lancer dès 1992 un Yacht aux couleurs tricolores à l’assaut de la prestigieuse course de l’America. Le célèbre promoteur du stylo à bille avait le titre de Baron. Titre accordé à son aïeul en 1841 par le roi de Sardaigne‚ mais que seul l’aîné de la famille peut porter.
Fondé en 1945, Bic qui fabriquait à ses débuts des pièces détachées pour stylo-plumes a connu un spectaculaire essor en signant des 1950 une concession de licence du brevet du stylo-bille que le groupe familial vend désormais à plus de 100 milliards d’exemplaires dans 165 pays sur la planète. Un formidable succès d’une PME familiale ( qui détient 44,8% du capital), cotée sur Euronext Paris, devenue multinationale avec 1,43 Milliard d’euros de chiffre d’affaires er de nombreux sites industriels en Bretagne (Vannes, Redon…), Bruno Bich, qui a dirigé Bic de 1993 à 2006, laisse en partant un acquis managerial de premier plan dont ferait bien de s’ inspirer nombre de dirigeants. Artisan du formidable succès de Bic aux États-Unis,en commercialisant outre Atlantique et contre l’avis de son père les stylos Roller, ce Diplômé en marketing de l’université de New-York incarne l’ambition et l’offensive du made in France vis à vis des marchés étrangers.
Une démarche conquérante qui fait plaisir au jeune ministre Franck Riester qui cherche actuellement par tous les moyens à inciter nos entrepreneurs à pousser d’avantage leurs feux à l’international. Comme l’a fait Bic pour assoir son développement hors frontières, n’hésitant pas à racheter des marques établies comme en 1997 avec Tipp-Ex, leader des produits de correction ou Velleda et Conté.
Deuxième leg de Bruno Bich, une stratégie marketing particulièrement agressive qui a fait de BIC une marque innovante, grand public et mondiale. Ce n’est pas si fréquent et devrait inspirer l’action de son fils, Gonzalve, Harvard bon teint qui est aux commandes de la multinationale de Clichy (92). Malgré quelques diversifications hasardeuses (parfum jetable, planches à voile…). Bic reste un formidable label pour commercialiser toute sorte de produits grande consommation. Cela peut concerner bien des secteurs d’activité, et pas seulement la papeterie. À Gonzalve de poursuivre la belle aventure !
Robert Lafont