Faute de trouver des clients, nos entreprises et leurs savoir-faire reconnus risquent de disparaître. Un défi que veut relever un jeune entrepreneur grâce au e-commerce.
Aujourd’hui, 73% des Français se disent prêts à consommer des produits français même s’ils étaient 5% plus chers. Mais entre l’intention et l’action, il y a un pas d’autant plus difficile à franchir que trouver des fournisseurs qui fabriquent dans l’Hexagone relève un peu du parcours du combattant.
C’est en partant de ce constat qu’Adrien Bodennec a eu l’idée de lancer un site dédié. Comme souvent, la prise de conscience de l’entrepreneur est née d’un besoin personnel insatisfait. «Avec ma femme, nous cherchions beaucoup de produits de qualité fabriqués en France pour notre fils… et nous avions du mal à en trouver. En lançant ByFrançais, nous essayons de combler cet écart entre les fabricants et les consommateurs». Adrien Bodennec a donc quitté son poste chez General Electric en décembre 2014 pour se lancer.
Espace d’échange
La jeune pousse voit le jour en mars 2015 à Montbéliard, dans le pôle Numérica, avec le soutien de l’incubateur de Franche-Comté et de l’Agence régionale de développement économique. ByFrançais a d’abord proposé des ventes privées et des achats groupés, notamment grâce à de grosses PME de sa région, les porcelaines Émile Henri, les biscuits Bilotte, les articles de cuisson Cristel et les jouets en bois Vilac, mais aussi de plus petites entreprises.
Depuis septembre, la boutique en ligne présente 2.000 références et près d’une centaine de marques, dans 4 univers : mode, décoration, alimentaire et enfants.
Le site fonctionne principalement en livraison directe, les produits étant envoyés directement aux clients par les fabricants. «Notre concept tient davantage de la place “du” marché que de la place de marché. Nous voulons proposer un lieu de rencontre entre fabricants, artisans français et consommateurs en quête d’authenticité». À côté de la vente en ligne, le site propose un blog avec la présentation des dernières nouveautés, des interviews des marques et même un chat communautaire où les adeptes du «made in France» peuvent échanger entre eux ou avec les fabricants.
Emplois et traçabilité
Acheter français a une dimension économique et sociale : «Un produit fabriqué en France génère trois fois plus d’emplois que s’il est fabriqué à l’étranger. Et un achat local produit quatre fois moins de CO2». Mais l’entrepreneur veut aussi aller au-delà du cœur de cible militant : «Avec la crise, le consommateur préfère acheter moins cher, mais, au final, il n’est pas gagnant pour autant car il est souvent obligé de racheter plusieurs fois.
Les internautes doivent prendre conscience que, même si les produits que nous proposons sont parfois plus chers, ce qui n’est pas toujours le cas, ils durent plus longtemps». Les consommateurs sont donc prêts à dépenser plus, à condition d’être certain que le produit est bien fabriqué en France.
«Nous mettons l’accent sur l’information et la traçabilité. Les fiches techniques de chaque produit mentionnent le département de fabrication, ainsi que le nombre d’emplois ou de temps de travail en France». L’entrepreneur prévoit d’atteindre 500.000 € de CA d’ici la fin d’année et ambitionne de réaliser 2 M€ de CA annuel d’ici 3 ans.