Robin Maquet marche dans les pas de Jules Verne. Dans Vingt Mille Lieues sous les mers, roman publié en 1869, Jules Verne met en scène le capitaine Nemo, commandant du Nautilus, qui porte des vêtements « fabriqués avec les filaments lustrés et soyeux » des moules : le fameux byssus. Un siècle et demi plus tard, l’ingénieur nantais Robin Maquet a, lui aussi, souhaité redonner une seconde vie à ce biomatériau oublié. En 2021, il a fondé Bysco avec Florence Baron pour exploiter les potentielles applications industrielles de la « soie marine ».
Isolation, climatisation, emballage isotherme…
À partir du byssus, matériau très utilisé durant l’Antiquité pour fabriquer des étoffes luxueuses, Bysco conçoit des textiles techniques non-tissés qui intéressent les industriels du transport et du bâtiment. Le byssus serait également utilisable pour isoler des camping-cars, des rames de trains, des équipements de chauffage, ainsi que pour la climatisation, la ventilation, l’habillement technique, la plasturgie ou la bagagerie. Le champ d’application de ce biomatériau est vaste, car il peut être mélangé à d’autres fibres (laine, lin, chanvre).
Autre avantage non négligeable : la ressource est abondante. Selon France Agrimer, le gisement annuel de byssus s’élève à 4 500 tonnes rien qu’en France — en Europe, la quantité avoisine 30 000 tonnes. Un potentiel que Bysco entend bien exploiter. L’entreprise de cinq salariés a installé son premier site de production à Cancale, en Ille-et-Vilaine, près des grands bassins de production mytilicoles. Cette implantation stratégique, dans un bâtiment de 300 m², lui permet de collecter directement la matière première auprès des producteurs locaux de moules.
Bientôt un nouveau site à Nantes ?
Fruit de plusieurs années de R&D, le procédé de transformation développé par Bysco est unique. Après collecte, le byssus est nettoyé et séché à Cancale, puis transformé en textile technique dans les Hauts-de-France. Pour l’instant, la start-up nantaise livre le biomatériau sous forme de balles à ses clients industriels. Bysco avait prévu de livrer cinq tonnes en 2024, mais désormais seul aux commandes depuis le départ de Florence Baron, Robin Maquet espère augmenter la production à vingt tonnes par an d’ici 2026.
Déjà accompagné par Bpifrance et les incubateurs IMT Atlantique et Atlanpole, Robin Maquet cherche à boucler une levée de fonds de 500 000 euros. Une somme nécessaire pour développer l’outil industriel de Bysco. Robin Maquet envisage d’installer un site de production plus vaste à Nantes, avec des lignes de lavage pour les mytiliculteurs. Bysco doit maintenant prouver la compétitivité de son biomatériau et réussir son passage à l’échelle industrielle. À la tête du seul acteur français de la valorisation industrielle du byssus, Robin Maquet sait que les défis ne font que commencer.