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Caarl invente le Doctolib des avocats


Caarl propose des assurances et protections juridiques sur mesure pour les acteurs de la mobilité, mais pas seulement : son offre s’est diversifiée pour cibler en particulier les PME et TPE. Rencontre avec Mathieu Bouillon, co-dirigeant de Caarl, l’assurtech ouverte 6 jours sur 7. Comment avez-vous été amené à rejoindre la...

Mathieu Bouillon et Samya Badouraly, co-dirigeants de Caarl,

Caarl propose des assurances et protections juridiques sur mesure pour les acteurs de la mobilité, mais pas seulement : son offre s’est diversifiée pour cibler en particulier les PME et TPE. Rencontre avec Mathieu Bouillon, co-dirigeant de Caarl, l’assurtech ouverte 6 jours sur 7.

Comment avez-vous été amené à rejoindre la jeune pousse Caarl de Samya Badouraly (soutenue par Entreprendre ventures) ?

Mathieu Bouillon : Je travaille depuis 1987 en tant que salarié dans de grands groupes dans la tech et l’innovation, chez Microsoft, puis dans les jeux vidéo, et sur les problématiques on line chez Altice Media. En 2007, j’ai créé ma première société, une agence digitale, avec une associée.

Il s’agissait d’accompagner l’industrie de la musique, trois ans après la crise du disque, pour sa transformation digitale que ce soit en matière de marketing, de logiciels, puis de réseaux et d’influenceurs. Après avoir travaillé avec les Majors, et d’autres clients plus petits, nous avons ciblé l’art contemporain, le cinéma, avant de nous diversifier vers les grandes marques agroalimentaires comme Coca-Cola ou Heineken. Dix ans plus tard, en parallèle, j’ai voulu lancer mon propre produit « Hercule » sur le même métier, mais dans la legal tech en particulier auprès du Barreau de Paris.

Lors du lancement de leur incubateur, j’étais président du jury pour la première promotion, et Samya Badouraly, avocate, faisait partie des candidats qui présentaient leurs projets. Elle a avancé sur son projet, a créé son entreprise en juillet 2019 et je l’ai rejointe début 2020. Je ne le regrette pas.

Comment l’idée de Caarl 2022 est-elle née ?

Caarl est né en deux étapes. Le premier projet de Samya tournait autour du permis de conduire, il s’agissait de protéger les conducteurs, une entreprise de legaltech classique, pas assurancielle. Ensemble, nous avons transformé le concept en insurtech en juillet 2020, après avoir obtenu l’agrément de l’ORIAS, nous sommes donc devenus des courtiers en assurances.

Nous avons créé un premier service d’adhésion pour les conducteurs, chauffeurs VTC, en cas de perte de permis, de contestations, de participation aux stages, une solution dénommée Avopoints. Nous avons réussi à attirer les grands acteurs de la mobilité, les VTC type Hitch, et nous avons été référencés par l’ECF (École de Conduite Française) en tant que partenaire, avec des solutions pour les jeunes conducteurs avec par exemple des assurances permettant de rembourser le stage post permis (qui permet d’avoir les 12 points plus tôt). C’est alors que nous avons commencé à réfléchir à d’autres cibles.

Comment Caarl a-t-il bifurqué sur la protection des entrepreneurs ?

C’est le début de la seconde étape, en septembre 2021, Avopoints devient CAARL. Nous étions convaincus qu’il y avait des choses à faire auprès des entrepreneurs en matière de protection juridique. Un peu comme Doctolib, nous proposons de prendre un rendez-vous sur notre site auprès d’un expert que l’on choisit en fonction du sujet concerné, qu’il s’agisse de recouvrement de créance, modèles de contrats, etc.

Ce rendez-vous de 30 minutes est inclus dans l’abonnement mensuel de 12,50 euros. Cette somme donne accès au service, chaque client paie peu, mais c’est le nombre qui nous permet de mutualiser le risque. Comme vous le savez, un rendez-vous chez un avocat ou un expert coûte rapidement 150 euros et plus, or il s’agit du coût de l’abonnement annuel chez Caarl pour des consultations auprès de spécialistes. A l’heure actuelle, nous pouvons vous annoncer une actualité importante ! Nous venons de signer avec la néobanque KONTO. Leurs clients vont ainsi avoir accès à notre service d’aide légale s’ils détiennent la carte « premium ».

Qu’apportez-vous de plus dans votre offre ?

Débarrassez-vous de vos problèmes juridiques pour le prix d’un abonnement de streaming. Ou offrez-vous enfin une protection juridique que vous allez utiliser ! Car aujourd’hui, toutes celles qui existaient jusqu’à présent sont des clauses automatiques non centrées sur l’utilisateur et ses besoins réels.

Votre cible est uniquement entrepreneuriale ?

Aujourd’hui, nous nous concentrons totalement sur les TPE et PME et leurs dirigeants sur le créneau de la protection juridique. Il s’agit de notre priorité 2023. Lors de la prochaine étape, nous nous orienterons sur le salarié de l’entreprise avec une offre répondant à des problématiques personnelles, problème de bail, familial, globalement ce que l’on nomme le legal care. Un projet à peaufiner courant d’année. Cette offre doit permettre à l’entreprise d’offrir un avantage à ses salariés par rapport à la concurrence dans un monde où le recru-tement s’avère compliqué.

Comment vous assurez-vous de la compétence des avocats référencés ?

Nous sélectionnons des avocats disposant déjà d’au moins cinq ans de barreau, ensuite il s’agit d’intuitu personae, un entretien personnel est mené avec chaque avocat qui nous sollicite, où sont discutés tous les points y compris de leur rémunération. Le contrat est sans engagement, la cessation de la relation est assez simple. Nous sommes loin de donner suite à toutes les demandes. Samya est avocate, elle connait bien ce secteur.

Quels sont les délais pour obtenir un rendez-vous ?

Pour la partie consultation, le rendez-vous est extrêmement rapide, au maximum dans la semaine, normalement sous un ou deux jours, la réponse doit être très réactive. Sauf lorsque cela n’est pas possible, s’il y a une convocation au tribunal par exemple. Nos avocats jouent le jeu dans ce domaine.

Qui sont vos concurrents ?

Nous avons dans l’assurance de protection juridique très peu de concurrence, contrairement aux domaines de la santé ou des protections obligatoires. 90% de nos concurrents sont donc les acteurs historiques de l’assurance avec lesquels nous sommes aussi partenaires. Parmi les nouveaux entrants, il y en a quelques-uns comme EKIE, ex Avostart, dont l’approche est proche de la nôtre, mais très écrite par rapport à nous, avec beaucoup d’allers-retours. Caarl sort de ce dilemme en allant directement sur le rendez-vous. En réalité, il n’y a pas d’offre identique à notre concept. Mais cela commence à arriver, ce qui va faire grandir le marché, une tendance positive pour nous également.

Votre offre n’est que française ?

Jusqu’à présent oui, mais avec le nouveau partenariat avec Qonto, nous allons peu à peu déployer notre offre et investir dans l’avenir pour développer l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, la Belgique également.

Et le financement ?

Nous avons levé, avec Entreprendre ventures, 700 000 euros en love money, auprès de business angels et d’un fonds, mais nous restons Samya et moi ultra majoritaires.

Anne Florin

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