Comment définir le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ?
Le jeu économique, c’est j’achète, je vends. Aujourd’hui, il y a des entreprises qui tournent à perte parce qu’elles ont des facilités d’avoir de l’argent, des prêts mais derrière il n’y a pas de clients ou de consommateurs, tout est faux. Les taux négatifs faussent tout.
Mais on a aussi Internet qui a fait changer le monde. Les modes de consommation des gens ont changé et se sont tournés vers le numérique. Avant, pour trouver un hôtel, c’était un parcours du combattant. Il fallait aller voir une agence de voyages, voir ce qu’ils avaient à proposer. Aujourd’hui, on a le choix, la visibilité. Le rapport de force s’est inversé
Les habitudes des gens changent. Les moyens de paiement ont changé, les démarches administratives pour ouvrir des comptes ont changé. Les liquidités vont disparaitre. Au début d’internet, les gens avaient peur de faire des achats sur internet. Paypal, c’est finalement une monnaie numérique sans en dire le nom. Il faut se saisir de la question des cryptomonnaies aujourd’hui.
Faut croire au tout numérique ?
C’est comme au début de tout produit, au début ça va dans tous les sens et après, un ordre naturel s’établit. Aujourd’hui, c’est la finance à son tour, qui est touchée par le changement numérique.
Mais les instances ne veulent pas se mettre en phase avec le changement des choses. Il faut que les États commencent sérieusement à réfléchir .Les DTS – Droits de Tirage spéciaux du FMI – sont assimilables à une cryptomonnaie. Le FMI devrait donc se saisir du sujet. Les gouvernements doivent mettre en place une vision globale de politique financière en intégrant le phénomène des cryptomonnaies, au même titre que l’agriculture ou les services. Si les grandes institutions ne réfléchissent pas et ne font que sanctionner, elles seront dépassées.
Parce que demain, on utilisera tous la monnaie Facebook. Facebook, c’est le pays le plus important au monde aujourd’hui. Il n’y a pas de problème de langue, de passeport, de couleur… Facebook n’a pas de frontière, de culture ou de tradition. Ils arrivent à mettre un président au pouvoir. En menant une campagne numérique, on peut être président. La seule chose qui lui manque peut-être, c’est une armée, et encore, ils peuvent mettre le bordel quand ils veulent.
La dernière étape, c’est qu’il nous faut absolument une pièce d’identité numérique. Cela évitera qu’on prenne votre nom et prénom, qu’on usurpe votre identité, cela permettra de responsabiliser sur les réseaux sociaux où l’on agit sous son identité. Facebook a profité de failles, il faut faire en sorte de les enlever.
Et la liberté de l’individu ?
Quid des droits privés oui ! Les droits privés sont relatifs au monde réel, mais ici, on est dans le monde virtuel. Tout est su aujourd’hui. La notion de vie privée est remise en question. L’Europe n’y croit pas et elle ne met pas les moyens. Je ne vois pas trop l’impact de la RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).
Quelles sont les conséquences économiques, politiques ?
Dans toutes les créations, il y a toujours des bonnes et des mauvaises choses. On peut décider. L’intelligence artificielle ? Demain, on aura une armée de robots, c’est bien. Est-ce qu’aujourd’hui c’est normal qu’on ait encore des soldats humains qui vont se battre ?
Quand on parle des emplois perdus à cause de la robotisation, mais de quels emplois parle-t-on ? Des tâches, lourdes, compliquées !
Cette idée de revenu universel n’est pas à jeter car les emplois vont changer. Comme on est dans un pays où les gens touchent le RSA, le SMIC, ceux-là se demandent qui va le toucher et qui va le payer.
D’autres changements sont à attendre du point de vue de l’organisation de l’espace. Les gens vont partir des villes pour habiter à la campagne, on va avoir un phénomène de périurbanisation parce qu’on peut travailler de chez soi.
Le numérique, c’est finalement une culture, une religion ?
On a l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique mais on a aussi Internet qui maintenant est un continent.
Alors, est-ce que c’est une culture ? La culture ne peut exister et rester que si elle est vécue et vivante, sinon elle meurt. Pourquoi les gens ont peur de l’Islam ? Parce qu’ils ne vivent pas leur culture ou leur religion. Les gens sont creux, donc ceux qui arrivent avec une religion font peur.
Cédric Leboussi est fondateur du Cercle des Libéraux