La jeune Céline Chung fait ses premiers pas dans le bouillonnant 13e arrondissement de Paris, au milieu des cartons du magasin de maroquinerie de ses parents. Bien des années plus tard, diplômée de Grenoble École de Management, elle débute une carrière de consultante. Après un passage chez Chanel, elle devient consultante chez Wavestone, un cabinet de conseil en organisation et management, où elle gère des projets IT pour de grands comptes.
Pourtant, après seulement trois ans, elle annonce à ses proches qu’elle veut tout quitter pour se lancer… dans la restauration. « J’aimais beaucoup mes missions, j’y trouvais de l’intérêt, mais je commençais à m’ennuyer. Je voulais donner un sens plus concret à mon travail, obtenir un résultat tangible. » Ce virage à 180 degrés laisse son entourage stupéfait. « La plus grande difficulté pour moi, ça a été de faire comprendre mon choix à mes parents. Ils ne comprenaient pas pourquoi je quittais une situation stable et confortable, avec un bon salaire, pour me mettre en déséquilibre dans un métier auquel je ne connaissais absolument rien », se souvient-elle.
Sans expérience dans ce milieu réputé difficile, Céline retrousse ses manches. « En quittant le conseil, j’ai travaillé deux mois seule sur le projet, sans aucune expérience dans le milieu de la food. Je me suis dit qu’il fallait que je comprenne comment un restaurant fonctionnait, comment un service se déroulait. » Elle commence comme serveuse, gravit les échelons, et devient le bras droit des fondateurs de PNY (Paris New York), une chaîne de burgers parisienne.
Le véritable déclic survient lors d’un voyage à Shanghai, où elle rencontre Billy Pham, son futur associé. Ensemble, ils plongent dans la culture culinaire shanghaienne, suivent des cours de cuisine, et s’imprègnent de l’atmosphère locale. « C’était un bon moyen de faire le pont entre mes deux cultures en partageant la cuisine chinoise avec les Parisiens. »
Success story
En 2019, Petit Bao ouvre rue Saint-Denis. Le concept ? Des baos traditionnels dans un décor branché. Le succès est fulgurant. Les Parisiens en redemandent, et Céline leur en donne. En quelques années, cinq nouveaux restaurants voient le jour. De la cantine géante Bao Express au raffiné Bleu Bao, chaque adresse a sa personnalité. En 2024, elle s’implante à Marseille avec l’ouverture d’un nouveau Gros Bao.
Céline s’attaque aux préjugés tenaces sur la cuisine chinoise. « Je veux montrer que ce n’est pas que des nems et du riz cantonais », affirme-t-elle. Dans ses restaurants aux décors soignés, elle propose une véritable expérience immersive. « Je voulais qu’en entrant, les gens se disent ‘Waouh, on va voyager’, qu’ils vivent un voyage culinaire mais aussi l’ambiance de Shanghai, le bouillonnement des cuisines asiatiques, avec la vapeur, les odeurs, les bruits… »
Aujourd’hui, les restaurants Bao Family servent 2 000 convives par jour, totalisant plus de 45 000 couverts mensuels. Avec 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et 150 employés, le groupe vise désormais l’international. Une reconversion réussie.