Se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise après de nombreuses années dans le confort du salariat n’est pas une décision anodine. Entre prise de risques assumée et atouts de l’expérience, le bilan est souvent positif.
Si les start-up ont popularisé les «babypreneurs», ces jeunes qui se lancent dès la fin de leurs études, la réalité est assez différente : l’âge moyen des créateurs d’entreprise est de plus de 38 ans et, pour la plupart d’entre eux, la création d’entreprise n’est pas leur première expérience professionnelle.
Les statistiques battent également en brèche le mythe du chômeur entrepreneur, puisque les deux tiers des créateurs sont en activité au moment de la création. Et près de 1 sur 3 a exercé précédemment des fonctions d’encadrement.
Fibre entrepreneuriale
Dominique Lemaire, directeur national du réseau des écoles IFAG, qui accueille sur ses 14 campus et dans ses 14 incubateurs, des porteurs de projets de tous âges et tous horizons, estime que le nombre de cadres qui quittent le salariat pour se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise n’est pas plus important aujourd’hui : «Penser création ou reprise parce que le marché du travail est tendu ne peut suffire à franchir le cap.
Au contraire, la situation économique actuelle limite la prise de risque et donc la volonté d’entreprendre. Les salariés qui voient dans la création ou la reprise une opportunité ont déjà la fibre entrepreneuriale. Par ailleurs, les jeunes cadres, issus de la génération Y, sont bien plus mobiles que leurs aînés. Ils ont déjà anticipé une carrière à rebonds.
Ils ont donc plus de facilité à se lancer dans la création mais moins dans la reprise». Une fois la décision prise, même s’ils sont confrontés à de nouvelles difficultés, les cadres sont mieux armés que les néophytes.
La force de l’expérience
Une expérience du monde de l’entreprise est évidemment un plus pour entreprendre. «Les cadres sont plutôt efficaces dans leur projet de création ou de reprise. Ils sont très pragmatiques, connaissent bien leurs compétences et savent s’entourer de celles qu’ils n’ont pas, notamment pour la réalisation de l’étude de marché et la partie financière du business plan», indique Dominique Lemaire.
Mais toutes les expériences ne se valent pas : «Les cadres issus de TPE-PME sont habitués à travailler seuls en multitâches. Ils ont une approche globale de l’entreprise. En revanche, les collaborateurs des grandes entreprises ont œuvré dans des structures où les collaborateurs comme les informations sont hiérarchisés par des procédures et des périmètres d’action bien définis. Dans le cadre d’une création, tout est à construire, tout est à faire, tout est à organiser… souvent seul.
Cette expérience de grandes entreprises est certainement plus bénéfique dans le cadre d’une reprise d’entreprise, justement parce que le repreneur peut apporter sa vision organisationnelle». Ne reste plus qu’à mettre ces atouts au service du développement de son projet.