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Ces défis que la France doit relever


La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS Voilà ! L’été est passé, c’est la rentrée ! Les écoliers préparent avec joie ou anxiété leur cartable, leur nouvelle trousse, leur nouveau matériel scolaire dont la liste figurait à l’entrée de leur école élémentaire. Le ministre assure, selon la méthode Coué, que « ça va...

En annonçant « la fin de l'insouciance », Emmanuel Macron a-t-il conscience qu’il s’adresse à des gens qui ne savent pas ce qu’est l’abondance, des familles qui ont éliminé depuis longtemps tout superflu et tout luxe ? (photo Blondet Eliot/ABACA)

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Voilà ! L’été est passé, c’est la rentrée ! Les écoliers préparent avec joie ou anxiété leur cartable, leur nouvelle trousse, leur nouveau matériel scolaire dont la liste figurait à l’entrée de leur école élémentaire. Le ministre assure, selon la méthode Coué, que « ça va aller », que tout est prêt pour une rentrée sereine, grâce au recrutement « à la hussarde » d’enseignants vacataires qui bénéficieront d’une exceptionnelle formation de 4 jours ! Un classique des annonces politiques où l’on tente de faire passer dans les esprits la perspective que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes, avec l’espoir purement imaginaire d’une évolution comportementale positive des enfants et des parents, comme des fonctionnaires des ministères habitués à « gérer » les pénuries en catastrophe.

Mais rien ne se passera comme prévu, cela va de soi. Le monde, durant cet été, n’a pas réglé ses problèmes, il en a même découvert de nouveaux comme l’effroyable multiplication des incendies qui ont notamment ravagé l’Europe, Espagne, Portugal, Grèce, Italie et France.

On sait que les incendies peuvent être accidentels, ils sont malheureusement aussi criminels, et plus souvent que l’on croit. Qu’une étincelle dans le moteur d’un engin agricole enflamme le chaume d’un champ moissonné, c’est une fatalité. Que ce feu de chaume s’étende à des forêts entières indique simplement que l’entretien et la protection des milieux naturels ne sont pas organisés avec suffisamment de rigueur. Sans en revenir au temps du facteur Cheval, quand les cantonniers entretenaient les routes et les chemins de campagne, on peut regretter que de tels emplois aient disparu, tandis que l’on verse des indemnités à des gens qui attendent le travail comme on attend le beau temps.

Le réchauffement climatique est bien réel, la relation à la nature et les besoins de protection des milieux naturels ont changé et demandent d’autres attitudes, tant des pouvoirs publics que des citoyens qui doivent tous se sentir responsables du milieu dans lequel ils vivent.

Mais la recrudescence des incendies criminels démontre surtout une évolution inquiétante des mentalités, et les raisons de ces actes volontaires sont multiples : perversions, confusions mentales ou intérêts économiques. Ils sont malheureusement révélateurs de la progressive indifférence et de l’irresponsabilité d’une partie de nos concitoyens. Le manque de respect des uns pour le bien commun s’explique souvent par l’exemple des abus des autres.

Ainsi, dans un pays où la loi est bafouée par ses plus hauts représentants, elle ne peut être respectée par les citoyens. De même que dans un pays où, de toute évidence, les déclarations des plus hauts responsables sont excessives, mensongères voire méprisantes, comment s’étonner que le peuple prenne ses distances avec ce que l’on appelait encore autrefois le « Contrat social » ! Il est vrai qu’à force d’avoir pris la forme banale d’une captation des pouvoirs au bénéfice de quelques privilégiés, il se traduit de moins en moins comme un engagement commun et citoyen.

Tout part, il faut le dire, d’un quiproquo déroutant. Les élus seraient les garants du service public. C’est vrai et c’est faux, et pour évoquer la question, évitons d’être manichéen.

Si, dans les territoires provinciaux, notamment dans les petites villes et les territoires ruraux, les citoyens peuvent témoigner de l’engagement sans faille de leurs élus. Ils les voient s’acharner à faire vivre leurs communes sans beaucoup de moyens et sans réelles rémunérations, et malheureusement sans beaucoup de reconnaissance. L’engagement citoyen y est fort et ancré sur les sujets qui préoccupent les habitants.

Mais il n’en est malheureusement pas de même partout, et tout dépend de la qualité des hommes et des femmes qui s’engagent sur cette voie ! Dans les grandes villes, dans les capitales régionales, et tout particulièrement en région parisienne, nombreux sont ceux qui ont oublié l’engagement citoyen pour faire « carrière », qui trustent des postes de responsabilité (et les émoluments qui vont avec) sans véritablement participer à l’œuvre commune ! Convaincus de leur propre valeur qu’ils surestiment souvent, ils pensent exercer un métier justement rémunéré, alors qu’il ne s’agit pas d’une profession mais d’une mission de service public.

À ce titre, ces élus peu convaincus, vivent de l’argent public et comme ils n’ont le plus souvent pas de formation particulière, leur seul objectif est de faire perdurer les avantages liés à leurs fonctions.

Le quiproquo, c’est que, depuis des décennies, les électeurs pensent, de bonne foi, mais en étant de moins en moins convaincus, qu’à l’instar de leurs élus de terrain, l’ensemble des personnalités qu’ils portent au pouvoir lors des scrutins nationaux, sont tous des gens sensés qui ont « enfin compris » comment gérer le pays. Mais voilà, cette imposture se prolonge depuis la nuit des temps, car les problèmes perdurent et que rien ne change ! Parce que personne ne prend les décisions opportunes ! Depuis les débuts de la 5ème République, mais à tout le moins depuis près de 50 ans, tout ronronne en sourdine, le moteur de la démocratie s’étouffe.

Pourquoi 50 ans ? Pour cette simple raison que c’est dans les années 70 que l’on a tous pris conscience de l’impact des hydrocarbures sur les déséquilibres mondiaux et de tout ce qui en découlait, leur rareté même relative, et donc leur cherté et leur rôle dans l’inflation actuelle, la répartition inégalitaire des productions et leur caractère monopolistique qui donne à certains pays un pouvoir absolu, la limite des réserves mondiales et donc l’obligation de songer à trouver d’autres sources d’énergie, sans parler, bien-sûr de l’impact destructeur sur notre environnement. Il y a là, dans ces quelques lignes, les raisons qu’ont les citoyens d’avoir peur de leur avenir !

Et que s’est-il passé en 50 ans ? Rien ! Oh si ! Quelques réunions internationales et quelques « COP » ponctuées de rapports alarmistes du GIEC dont personne n’a réellement tenu compte ! Et pourquoi ? Parce que les politiques ont partie liée et intérêt commun avec les lobbies financiers et pétroliers qui contrôlent la production. Leur seul objectif est de maximiser les profits, tant qu’on peut en faire, même au risque de détruire la planète, de bouleverser les climats ou de voir des peuples entiers subir des cataclysmes, la désertification et la famine.

Le quiproquo est durable. Les électeurs restent persuadés que leurs dirigeants nationaux vont agir pour le bien commun et combattre les fléaux évoqués, soutenir réellement la recherche scientifique et tirer enfin les leçons du passé pour changer ce que les politiques appellent leur « logiciel » ! Eh bien non ! Les électeurs espèrent toujours voir apparaître un nouveau visage dans la politique nationale, une femme ou un homme qui prendra en mains les destinées du pays après avoir enfin compris ce que les petits citoyens moyens savent depuis longtemps à la lumière de leur vie quotidienne et de leurs difficultés. Ils espèrent et, à chaque fois, ils ne font que ressasser leur déception !

Et ils observent, abasourdis, leurs élus faire de grandes déclarations d’intention, parler pour ne rien dire, et se garder d’agir dans un esprit citoyen. Ainsi, comment accepter que nos élus dépensent des sommes hallucinantes en kérosène, alors que l’on demande aux petits salariés de réduire leur consommation de gasoil pour leur vieille voiture ou de fuel pour leur chaudière à l’approche de l’hiver ?

Il faut relever les défis ! Celui du réchauffement climatique et celui, parallèle, du coût de l’énergie ! Celui de l’inflation qui menace la survie des classes les moins aisées mais qui appauvrit aussi les classes moyennes ! Celui de l’indépendance économique de notre pays dans une époque bouleversée par une mondialisation porteuse de profits et de spéculations ! Mais qui parle de relever des défis ? En aucun cas, nous entendons nos dirigeants parler vrai, remettre la valeur « travail » au centre des débats, dire que c’est sur l’initiative individuelle qu’il faut compter, sur la volonté des entrepreneurs et de leur savoir-faire reconnus, et sur les compétences ancestrales des travailleurs de ce pays !

Dans un tel contexte, comment comprendre les dernières déclarations du président de la République lors d’un séminaire gouvernemental, si ce n’est se demander si les élus vivent réellement dans le même monde que les Français.

Sans revenir sur l’absence d’enthousiasme des électeurs qui ont réélu le président sans lui donner de majorité à l’Assemblée Nationale, et la piètre opinion que la population peut avoir du bilan écologique du premier quinquennat, les propos du chef de l’État passerait aisément pour de la provocation, surtout lorsqu’il évoque l’heure de « la mobilisation générale » et la nécessaire « sobriété énergétique ». Et les citoyens de demander : pourquoi n’avoir rien fait avant, de ne s’être préparé à rien, de n’avoir rien anticipé ? Parce que des intérêts financiers particuliers et les profits inimaginables de la spéculation étaient en jeu !

Il va de soi que le discours politique envisage, comme c’est fréquent en France, un nouveau projet de loi destiné à accélérer le développement des énergies renouvelables. Peut-on faire remarquer que voilà plusieurs décennies que ce président, comme ses prédécesseurs, a été alerté sur les effets désastreux de la consommation d’énergie fossile sur le climat, que l’on sait que les réserves de gaz et d’hydrocarbures sont de toutes façons limitées et vouées à s’épuiser, qu’il est vital et nécessaire de développer des sources d’énergies décarbonées et de respecter scrupuleusement les conclusions réitérées du GIEC.

Mais qu’aura-t-on fait en ce sens, ne serait-ce que depuis le début du XXIème siècle ? Essentiellement de laisser le champ libre aux lobbies pétroliers qui font mine de commencer à se diversifier, alors que le navire coule déjà ! Et pourtant, tous les experts l’ont expliqué, il est désormais relativement facile de se passer des sources d’énergie fossile, alors que l’hydrogène, par exemple, est une source de substitution quasi inépuisable…

La fin de « l’abondance »

Pour en revenir au discours du président, il nous faut relever ces mots révélateurs : « Je crois, pour ma part, que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement ! » avant de parler de « la fin de l’abondance » ! Et d’ajouter que cette « fin des évidences » est également « la fin de l’insouciance ».

Il faut relever les défis ! Il faut le faire, car nous en avons la capacité, avec nos atouts nationaux, ceux que détiennent les entrepreneurs de ce pays, pas les multinationales qui s’introduisent dans notre système économique pour faire fructifier des fonds de pension américains, chinois, saoudiens ou qataris.

La fin de « l’abondance » ! Le président a-t-il conscience qu’il s’adresse à des gens qui ne savent pas ce qu’est l’abondance, des familles qui ont éliminé depuis longtemps tout superflu et tout luxe ! N’est-ce pas particulièrement indécent d’invoquer la fin des évidences, la fin de l’insouciance, la fin de l’abondance, alors que la majorité des Français sont simplement préoccupés par le souci de donner à manger à leurs enfants (les pâtes ont augmenté de 25%), de mettre du gazole dans leur voiture pour aller travailler (les carburants de 40%) ou de chauffer leur domicile (l’électricité flambe de 44 % alors que le gouvernement assure que la hausse sera contenue).

Une fois de plus, on va taxer la population et ce sont les plus pauvres qui vont en pâtir le plus. On prépare une coupe du monde de football dans un pays désertique où les stades seront réfrigérés, on envisage des compétions de skis dans la même région, des navires porte-conteneurs immenses sillonnent le globe en brûlant des tonnes de fuel lourd pour importer en occident les produits inutiles de « l’abondance », des poids lourds traversent l’Europe en consommant 30 litres de gasoil/100 km pour livrer des produits que nous serions capables ou que nous sommes capables de fabriquer nous-mêmes.

Prenons simplement l’exemple du Portugal qui recommence à produire massivement en local y compris dans l’industrie du textile ! Et l’on vient nous demander de mettre fin à notre « insouciance » et nous prédire de nouveaux impôts pour régler tous ces surcoûts ! Cela n’a aucun sens, mais que peut-on attendre, en vérité, de ces politiques qui n’ont jamais créé quoi que ce soit ? Vue de leur piédestal, la solution de facilité c’est l’impôt. Taxer, faire supporter la charge des surcoûts par la population, sans jamais oser aborder la question centrale : Comment créer de la valeur et mettre en place une juste répartition de celle-ci ?

Mais la faute à qui ? A ceux qui ont été suffisamment incompétents pour ne pas entendre les alarmes et les analyses publiées depuis 50 ans. À ceux qui portent la responsabilité de cette insouciance dénoncée depuis des lustres ? À l’auteur même de ces assertions, actuel représentant d’une histoire politique assez longue et connue pour ses erreurs stratégiques et son impréparation aux difficultés actuelles ! Sans parler des abus de la classe dirigeante et des lobbies financiers ?

Les électeurs sont lassés de ce quiproquo républicain ! Ils ont cru longtemps que les élus censés  « porter » leur voix, ne représentaient, malheureusement trop souvent, qu’eux-mêmes. La principale préoccupation d’une majorité du personnel politique consiste non pas à faire que s’améliore le fonctionnement du pays (certains s’y consacrent, heureusement), mais à conserver le plus longtemps possible cette prébende que représente le poste qu’ils occupent. Il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas d’un métier mais d’un engagement citoyen au service de la nation. Il est aussi nécessaire d’affirmer qu’il ne s’agit pas non plus d’un travail, puisque l’élu ne crée aucune valeur ajoutée.

Bien au contraire, il ferait plutôt partie de ceux qui « coûte » au pays. Car ces élus, mais aussi tous ceux qui, éminences grises ou noires, s’agitent autour des élus, ministres, conseillers, contractuels, communicants, membres des cabinets et membres des partis politiques, vivent exclusivement d’argent public, sans jamais produire la moindre valeur économique, même par raccroc.

Que fait-on de l’argent des contribuables, ces impôts qui se déversent dans le budget de l’État, quand il ne contribue pas à financer les missions régaliennes comme la sécurité, l’éducation, la santé ? Les enquêtes parlementaires ont été nombreuses durant ces dernières législatures pour dénoncer le « train de vie » de l’État, à commencer par les plus hauts de ses « dignitaires ».

 On ne compte plus les frais de campagne, les frais de déplacements et de représentation, les coûts de la communication politique ou gouvernementale, les audits inutiles, les comités « Théodule » ou les commissions « ad hoc » dont les rapports souvent sans intérêt ont vu leurs coûts exploser, le plus souvent, en pure perte !

Le gouvernement veut nous préparer à des hausses d’impôts, que ce soit sur les revenus et les retraites ou que ce se soit, de façon plus indirecte, par la TVA, sur les gains obtenus grâce à une inflation qui ne peut qu’être utile au gouvernement. Il serait sans doute temps, comme on l’entend dire depuis des lustres, de réduire les dépenses publiques, mais pas en licenciant des fonctionnaires, encore qu’il y aurait à réformer largement dans la fonction publique territoriale, mais en limitant un peu plus les postes alibis ou les faire-valoir, dans les cabinets ministériels, dans les mairies des plus grandes villes, à la Présidence, dans les Assemblées, dans les instances dirigeantes des partis politiques, etc.

La France doit relever les défis !

Il ne faudrait pas oublier que les Français ne resteront pas sans réagir. Le désintérêt des électeurs lors des consultations récentes n’est pas forcément de l’indifférence, mais la manifestation d’une défiance et d’une sourde colère envers une certaine caste de privilégiés. La crise dite des « Gilets jaunes » est restée dans les mémoires, et elle avait pour objet des difficultés qui sont désormais devenues bien pires, comme le coût de l’énergie ! Les carburants pour les véhicules des particuliers est passée depuis lors d’environ 1,40 € le litre à pratiquement 2 € le litre ! Selon les observateurs de la vie publique, nos concitoyens pourraient fortement à ce qui est d’abord un facteur d’anxiété avant d’être celui de la révolte.

Le président peut officiellement appeler son gouvernement au « respect de la parole donnée et des engagements » autour « d’un cap qui nous permettra de consolider notre souveraineté, notre indépendance française et européenne ». Encore faudrait-il que le gouvernement dispose d’une majorité qui lui permette d’asseoir politiquement ses projets !

Il devrait surtout se remémorer le vieil adage :

Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin, elle se brise !

Remplir une cruche d’eau, c’est comme les promesses des discours politiques, un geste anodin qui ne semble pas comporter de danger. Mais, à force de le refaire jour après jour, le risque est grand que la cruche un jour se brise. Comme à force de répéter les mêmes fausses promesses et les mêmes mensonges, on risque la révolte et la colère. À force de répéter les mêmes erreurs, on finit par en subir les conséquences.

Le constat n’est plus nouveau ! Depuis des semaines, je ne cesse de rappeler que les élites ont failli. Les politiques sont instrumentalisés par les lobbies financiers. Et un peu plus chaque jour, comme on le voit dans le cadre de cette crise ! Les sujets sont nombreux, la guerre, la crise sanitaire, la lutte contre le réchauffement climatique, l’impact de l’inflation. Il y a matière à des actions politiques courageuses, mais on les attendra en vain, car les politiques ne feront rien qui dérange l’équilibre des intérêts financiers ou qui remettent en cause les profits inacceptables des lobbies mondiaux.

Force est de se dire que la relance économique de notre pays, comme le retour à une France du « Travail bien fait », ne pourra venir que de la force de ses entrepreneurs. Les entrepreneurs s’engagent et c’est leur action qui va porter le redressement de notre pays ! Encore faut-il en définir les périmètres, les actes et les philosophies !

On peut lutter contre l’inflation, car celle-ci est, en partie seulement, due au conflit en Ukraine et à la politique russe. Même si le président américain a récemment qualifié l’inflation, pour son volet énergétique, de « taxe de Poutine », on eut dire qu’il se trompe ou que cela sert ses intérêts de le dire ainsi. En fait, les prix avaient commencé d’augmenter au moins un an avant le début du conflit ukrainien, puis une seconde fois, de façon plus marquée, en septembre 2021, six mois avant l’invasion russe, cette guerre qui dévaste les plaines d’Ukraine et dévore ses enfants, mais qui, comme le COVID, sert encore et encore les intérêts américains.

Il faut relever les défis ! Celui de l’inflation qui résulte notamment d’une volonté des banques centrales et des États. En effet, les dettes des États sont désormais si importantes qu’ils ont besoin d’une inflation forte pour engranger plus de TVA. Par ailleurs, comme les consommateurs ont beaucoup épargné, par force, pendant les périodes de confinement dus au covid, il faut désormais, que l’argent circule à nouveau, là aussi pour faire rentrer des taxes, ce qui, infailliblement, provoque une hausse des prix. On a compris que le gouvernement va tout faire pour aggraver la situation, par pur intérêt.

Le problème est que la hausse des prix pèse principalement sur les consommateurs les plus modestes qui sont généralement incapables d’économiser sur leurs dépenses mensuelles pour adapter leur consommation, particulièrement en France où les taxes et les impôts sont déjà assez peu supportables pour eux.

Pour un nombre désormais important de Français l’inflation et la hausse des prix subséquente vont se traduire concrètement par des sacrifices et une chute insupportable de leur niveau de vie. Pour certains d’entre eux, le choix risque d’être dramatique et les conséquences dévastatrices, se nourrir et accumuler des dettes. Mais comme le dit le Président, il faut savoir mettre fin à « l’insouciance » !

Il faut relever les défis ! Celui de l’indépendance alimentaire de la France, notre pays qui était autrefois le jardin de l’Europe, au même titre que l’Ukraine en était le grenier avec sa production de céréales. J’ai déjà exprimé mon opinion sur la nécessité de relancer les savoir-faire ancestraux de nos paysans. Employons volontiers ce terme, plutôt que celui d’agriculteurs (qui a aussi sa valeur symbolique en référence à la « culture ») car le mot « paysan » montre bien ce lien puissant avec le pays, l’attachement viscéral d’un peuple laborieux avec sa terre, sa région, son terroir auquel, comme eux, nous sommes si singulièrement attachés.

Il s’agit, là encore, d’une sorte de révolte qu’il faut porter. Et sans être outrageusement utopistes, renouer avec nos traditions liées au milieu naturel ! Il faut savoir qu’une poignée d’entreprises mondiales contrôle 80 % des transactions mondiales de céréales et en détiennent l’essentiel des stocks. Cette position monopolistique est de nature à favoriser la spéculation et l’appauvrissement des producteurs. Il faut mettre un terme aux pratiques inacceptables de ceux qui spéculent sur la famine annoncée ! La guerre en Ukraine n’explique pas tout de la hausse des prix. Alors que les stocks de denrées étaient largement excédentaires, les prix s’envolaient déjà ! Et les consommateurs affolés contribuaient à accélérer la mise en abîme !

Dans ce monde où, notamment dans les derniers mois, la difficulté des situations et des crises à gérer laissent l’observateur que je suis, perplexe, force est de critiquer ceux que nous prenons pour les responsables, la classe politique. Or celle-ci est composée de femmes et d’hommes de valeurs différentes, le plus souvent opposées, parfois exemplaires, malheureusement aussi trop fréquemment incompétents et indifférents au sort de leurs concitoyens.

Notre monde est complexe et pourtant, nous n’hésitons pas à le caricaturer par des assertions tranchées, sur les uns ou sur les autres. Point n’est ici question de nier l’indispensable utilité des allocations destinées à soutenir les citoyens dans leur vie quotidienne, et qui sont destinées à l’aider à faire face à des fragilités ou à des accidents. Allocations familiales, allocations de chômage, salaire minimum, etc. Néanmoins, à trop exagérer et multiplier les solutions d’assistance, l’État providence finit par être victime d’abus. L’État providence, né de la vision sociale du Conseil de la Résistance, peut, comme les démocraties capitalistes, mourir du fait de leurs contradictions internes !

Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent plus personne !

La relance en France ne réussira que par l’action de ses entrepreneurs, lesquels, seuls, ne feront rien ! Ils ont besoin de salariés, de « travailleurs », mais force est de constater encore cette année que plus d’un million d’emplois ne sont pas pourvus. En effet, dans un monde de plus en plus virtuel, où une partie des jeunes générations préfèrent le jeu au travail et se satisfait souvent de ses indemnités de chômage, le travail, base de la relance, est plus qu’une simple activité rémunératrice, c’est une philosophie, une identité.

Une philosophie, une identité certes, mais qui doit être partagée. La relance par le travail exige un courage commun, partagé entre des entrepreneurs convaincus et des salariés engagés.

Les entrepreneurs doivent être convaincus par la valeur de ce qu’ils entreprennent comme de la valeur du travail qu’ils exigeront de leurs salariés, par la cohérence de leur entreprise, et ils devront y faire face avec une mentalité nouvelle, le respect de valeurs à définir, humainement, économiquement et socialement, et en tenant compte des contraintes environnementales.

Les salariés doivent être convaincus de leur engagement, mais aussi témoins de la valeur de leur travail, de la valeur ajoutée qu’ils apportent, ils doivent se sentir reconnus et soutenus dans cet engagement commun au sein de l’entreprise.

C’est de la base, de ceux qui travaillent à la constitution de cette chaine de valeur, et qu’importe la place ou le rôle du maillon, que ce mouvement prendra forme et permettra de nous redonner un peu de sérénité, en espérant que les « démagogues professionnels » de la caste politique médiatisée n’en profitent pour créer encore plus le chaos. Car on le sait, c’est leur seul moyen d’exister, et ils en abusent !

Mais les chiens aboient, et l’entrepreneur passe…

En conclusion, on peut se référer à la fable de La Fontaine « Le Laboureur et ses Enfants ». Nous l’avons tous appris à l’école primaire :

Travaillez, prenez de la peine :

C’est le fonds qui manque le moins.

[…]

Bernard Chaussegros

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