En ouvrant leurs portes au public, ces PME trouvent un relais de croissance et une source de rayonnement international.
Percer les secrets de fabrication du savon de Marseille, déguster un vin sur ses terres, pousser la porte d’une centrale hydraulique… autant d’opportunités accessibles grâce au tourisme «du patrimoine vivant» ou «de savoir-faire», parfois appelé tourisme industriel.
En France, plus de 5.000 entreprises ouvrent déjà leurs portes au public, la moitié toute l’année, l’autre moitié à l’occasion d’événements particuliers, notamment pour les Journées du Patrimoine. Ainsi, les entreprises et ateliers d’art français attirent plus de 13 millions de visiteurs chaque année, dont 1 million d’étrangers.
Tout à y gagner !
Le tourisme de savoir-faire a un véritable intérêt pour les structures concernées, sur les plans économique et humain. «C’est en effet un relais de croissance intéressant, via le prix des entrées et la commercialisation en vente directe de produits après la visite, qui peut représenter une part significative du CA de l’entreprise», souligne Cécile Pierre, déléguée générale de l’AVE (Association de la Visite d’Entreprise, créée en 2012 par les pouvoirs publics et un réseau d’entreprises).
Ainsi, la maison Terre de Sel, en région Pays de la Loire, accueille près de 80.000 visiteurs par an, dont 10% d’internationaux, ce qui représente 2,4 M€ de CA (ventes en boutique comprises).
D’autre part, c’est un outil de communication externe qui permet de faire connaître la marque à peu de frais, ce qui conduit généralement à un achat différé, à la construction et la transformation de l’image de l’entreprise, et au rayonnement de la marque à l’international pour une augmentation significative des exportations.
«C’est aussi une source de fierté pour les collaborateurs de ces sites, dont le savoir-faire et les métiers sont revalorisés grâce à l’ouverture au public, et qui apprécient généralement de répondre aux questions et de parler de leur savoir-faire et de l’entreprise», ajoute Cécile Pierre. Enfin, grâce à ces visites, les visiteurs prennent conscience de la qualité des produits «fabriqués en France» commercialisés, ce qui permet de justifier de niveaux de prix plus élevés.
Une étude de l’AVE pour la DGE a d’ailleurs démontré qu’à l’issue d’une visite d’entreprise, le panier moyen du visiteur en boutique est 2,5 fois supérieur au panier moyen sans visite préalable.
Un secteur en développement
«Ce type de tourisme existe depuis longtemps mais cela fait 5 ou 6 ans que l’on note une augmentation significative du phénomène suite à l’intérêt grandissant pour le made in France et à l’action de l’AVE : création d’un observatoire, promotion, rencontres, édition d’un Guide du Routard…», indique Cécile Pierre. Sur les 2.500 structures qui ouvrent leurs portes toute l’année, 80% sont des TPE-PME, «mais les grands groupes s’y mettent, dans le cadre de leur démarche RSE et parce qu’elles sont souvent l’objet de toutes les suspicions».
Par exemple, EDF ouvre 58 usines, la RATP fait découvrir ses coulisses… Sans surprise, c’est le secteur de l’agroalimentaire & vins/spiritueux qui domine la filière (55%), juste devant l’artisanat (18%), l’énergie & l’environnement (10%) et les industries technologiques (5%).
Quant aux régions les plus visitées, «ce ne sont pas forcément les régions les plus industrielles», souligne Cécile Pierre pour qui les meilleurs élèves restent PACA, la Bretagne et les Pays de la Loire. Leader européen en termes d’entreprises participantes et de visiteurs, la France fait figure d’exemple pour ses voisins qui sollicitent d’ailleurs son expertise. Sa diversité artisanale et industrielle constitue un levier important de visibilité, de notoriété et de développement économique.