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Ces riches étrangers qui préfèrent la France


En achetant un pied-à-terre dans l’Hexagone, les fortunes de la planète s’offrent le vin, le luxe et l’art de vivre... Une aubaine pour notre économie ?

Entreprendre - Ces riches étrangers qui préfèrent la France

En achetant un pied-à-terre dans l’Hexagone, les fortunes de la planète s’offrent le vin, le luxe et l’art de vivre… Une aubaine pour notre économie ?

Crise ou pas, jamais les grandes fortunes n’ont été si nombreuses dans le monde. Plus de 11 millions de personnes disposent d’un patrimoine supérieur à 1 million de dollars (environ 777.000 euros, hors résidence principale) en 2012 (Sources : World Wealth Report 2012 de Capgemini et la Royal Bank of Canada) . Si l’on en croit le Classement Forbes, le clan des 1226 milliardaires dépense des sommes extravagantes pour s’offrir les plus belles propriétés de la planète. Amateurs d’art, de luxe, de gastronomie, ils tournent naturellement leur convoitise vers l’Hexagone. Un bel appartement dans la capitale ou une splendide villa sur la French Riviera…

«Le marché des biens de luxe, au-delà de 3 millions d’euros, reste constant, le nombre de foyers internationaux fortunés souhaitant acheter un pied-à-terre à Paris étant en augmentation permanente », souligne Coldwell Banker, leader mondial de l’immobilier d’exception. D’où viennent ces fortunes qui investissent en dépit de la conjoncture ? Et que cherchent-elles ?

L’Europe Centrale chasse les Etats-Unis  

L’an dernier, le marché des biens acquis par des étrangers en France s’est contracté mais a confirmé sa montée en gamme (croissance de 12% des montants moyens investis selon une étude de BNP Paribas International Buyers). La Ville-Lumière, elle, est restée un îlot très convoité par les non-résidents. Les prix de l’immobilier haut de gamme y ont augmenté de 17%.

«Le marché à Paris est fortement international. Les Américains possèdent beaucoup d’immobilier dans la capitale. Ils ont acheté entre 2003 et 2006, avant la crise des subprimes. Progressivement, ces clients ont été remplacés par les vagues russes et ex-bloc soviétique. Ce sont aujourd’hui les leaders sur les achats », indique Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco. Ces hommes ont, lors du passage à l’économie de marché, mis la main sur les ressources minières et énergétiques de leur pays et bâti des fortunes.

«Les habitants de pays d’Asie Centrale, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizistan, sont 10% plus nombreux que l’an dernier. Ceux des pays Baltes, Estonie, Lettonie, Lituanie, arrivent également sur le marché », affirme Balkys Chida- Klewer, consultante département.

Biens d’exception chez Barnes

Selon l’experte, la crise et l’euro fort empêchent les Américains de revenir. D’autres tendances se dégagent depuis deux ans. Les professionnels de l’immobilier de prestige veulent à présent séduire les fortunes d’Amérique latine, notamment les Brésiliens. Depuis 2007, le pays compte chaque jour 19 nouveaux millionnaires. Les acheteurs chinois nourrissent aussi les espoirs. «Depuis deux ans, ils commencent à poser quelques jalons dans l’immobilier de la capitale. C’est une tendance qui débute, mais qui croît chaque année », analyse Laurent Demeure.

Et ces derniers sont autant attirés par la capitale, que par «nos régions, vignobles et littoral », souligne Balkys Chida- Klewer. Le tableau des nationalités serait incomplet sans les acquéreurs du Golfe, qui trustent le marché des hôtels particuliers. «Plus discrètes en termes d’unités achetées, les nations du Golfe se distinguent en revanche par des ventes impressionnantes, notamment le Qatar », note Laurent Demeure. L’état français y a mis les moyens. Une convention, signée en 2008, exonère «l’État du Qatar ou ses entités publiques», d’impôt sur les plus-values pour tous les investissements immobiliers réalisés dans l’Hexagone.

Un « pied-à-terre » de 400 m2 dans Paris, la plus belle ville du monde

Si la France et sa capitale captivent les investisseurs, c’est pour leur rayonnement. Acheter un bel appartement dans le Triangle d’or (VIIIème arrondissement), à deux pas des commerces de luxe au Champsde- Mars ou dans le faubourg St-Germain, c’est afficher sa réussite, mais aussi s’offrir un petit bout d’histoire. «Paris reste la “plus belle ville du monde”. à Paris, l’histoire est à chaque coin de rue. Paris est l’une des dernières capitales à posséder des appartements en pierre de taille, alors que les autres grandes villes ne sont que béton et verre…», explique la consultante de Barnes.

Les riches étrangers y recherchent un «pied-à-terre de 400 m2 environ, en parfait état, avec des prestations dignes d’un palace (conciergerie, matériaux haut de gamme)». De l’haussmannien, à l’évidence. Avec vue sur la tour Eiffel. Plus pragmatiquement, acheter un bien parisien est un placement sûr. La stabilité politique de la France rassure. «Le marché tricolore est extrêmement liquide. La demande y est assez forte. Il réunit les conditions pour un investissement immobilier de qualité», souligne Laurent Demeure. Un Chinois a dépensé, fin 2011, 10 millions d’euros pour un appartement de 600 m2 dans le Triangle d’Or. En 2010, un membre de la famille royale du Bahreïn a déboursé 68,5 millions d’euros pour l’hôtel particulier Bourbon-Condé, bien de 1.250 m2 situé dans le VIIème arrondissement.

 

Contribution à l’économie nationale

Des investisseurs qui aiment la France et qui aimeraient bien qu’elle prospère davantage et quand on aime, on ne compte pas. Grands consommateurs de services, ils «font vivre des architectes, des designers et contribuent à l’industrie du luxe. Une économie se crée autour de leurs dépenses», souligne le président de Coldwell Banker France & Monaco. Le schéma classique ?

«Suite à quelques séjours parisiens, la personne investit dans un pied-à-terre. Puis elle passe les weekends dans la capitale, profitant de son doux climat hivernal, comme le font les Russes. Ensuite, on achète une maison sur la Côte d’Azur, au Cap Ferrat ou à Antibes, pour l’été. Les enfants viennent en France faire leurs études, on construit des liens, des opportunités se créent et, au final, l’achat immobilier peut mener à un investissement dans une entreprise», raconte Laurent Demeure. Des ressources dont l’économie aurait aujourd’hui du mal à se passer.

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