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Ces vignerons qui mettent le cap sur la Corse


L’histoire est ancienne, la vigne fait partie intégrante du paysage corse depuis bien plus de 2000 ans. Aujourd’hui, les quelques 5780 hectares du vignoble insulaire séduisent les clients du monde entier.

Entreprendre - Ces vignerons qui mettent le cap sur la Corse

L’histoire est ancienne, la vigne fait partie intégrante du paysage corse depuis bien plus de 2000 ans. Aujourd’hui, les quelques 5780 hectares du vignoble insulaire séduisent les clients du monde entier.

On sait avec certitude que les Phocéens qui ont construit un comptoir à Alalia (Aleria) y ont aussi implanté la vigne. Les invasions se succédèrent par la suite, ne permettant pas de développer ces vignobles, mais l’influence italienne, celle des moines, puis celle de la France permettront à cette activité de retrouver le chemin de la prospérité. Viennent ensuite l’oïdium et le phylloxera, qui là comme ailleurs, mettent à terre cet essor, seule la moitié du vignoble y survit. Les événements tragiques d’Algérie et l’arrivée de rapatriés changent la donne, impulsant une nouvelle dynamique à ce secteur, privilégiant le volume et plantant à tout-va, jusqu’à occuper 30 000 hectares.

Une évolution vers la qualité

Comme dans certaines zones de France, Espagne ou d’Italie, le vin corse n’est pas toujours d’excellente qualité pendant les années 70, mais cela va changer, d’abord par l’interdiction de la chaptalisation (ajout de sucre au moût), par la hausse de la demande de vins qualitatifs, et surtout grâce aux changements de méthodes de culture impulsés par la passion de vignerons. Les vins corses sont sur une belle lancée et peuvent ainsi partir à la conquête du monde.

Un territoire propice

Le climat méditerranéen et le beau soleil corse profitent bien entendu aux vignes, mais le fait que la montagne et la mer soient très proches permet aussi d’avoir des températures moins extrêmes que l’on ne pourrait penser, sans oublier l’influence du vent. De plus, le territoire a beau être assez exigu, il inclut des terroirs aux sols différents, schisteux, granitiques, calcaires ou argileux.

Des cépages corses

Bien des cépages ont été plantés en Corse au fil des siècles, mais la génération précédente a orienté son action sur la renaissance des cépages spécifiques à la Corse. Le Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse ainsi que le Centre de Recherche des Vins de Corse ont particulièrement travaillé à cette renaissance de cépages parmi lesquels on peut citer le niellucciu, un cépage rouge que l’on trouve beaucoup dans la zone Patrimonio, le sciaccarellu, rouge également, qui se trouve quant à lui plutôt au sud, notamment vers Ajaccio, et le vermentinu, la malvoisie de Corse, cépage principal du blanc de Corse.

20% à l’export

L’export reste encore modeste chez les viticulteurs corses, mais il représente déjà 20% de la production globale. Ce sont principalement les voisins européens qui en sont adeptes, comme l’Allemagne, mais l’Amérique du Nord apprécie aussi ce goût si spécifique du terroir et des cépages corses. Les nouvelles pratiques des vignerons y sont aussi pour beaucoup, notamment les cultures suivant des méthodes de biodynamie, d’agriculture raisonnée, sans oublier les vins biologiques. Il faut aussi prendre en compte le fait que la principale production corse se fait en rosé, un vin qui connaît une vraie croissance depuis plusieurs années, que ce soit en France ou à l’étranger. Le succès est au rendez-vous depuis quelques années avec une croissance des exportations de 20% en 2018.

Une année 2020 difficile

L’an dernier a été difficile, enregistrant une baisse allant jusqu’à 40% du chiffre d’affaires. Heureusement, les clients allemands ont été au rendez-vous avec un courant contraire et une hausse de 28%, mais les États-Unis, second pays à l’export pour les vins corses, ont enregistré une baisse de 62%. Parmi la trentaine d’autres pays acheteurs, seuls la Suisse, le Royaume-Uni et le Japon sont en positif.

Vers un retour à la normale ?

La prévision catastrophique affichée au premier semestre 2020 a heureusement été évitée. En fin d’année, le CIVC constatait que le niveau des stocks était revenu à un niveau quasi normal, partiellement grâce à des rachats de la part des coopératives. Les ventes repartaient en fin d’année, même en Europe. Quant aux caves coopératives, elles n’ont pas subi de vrais dégâts, car elles écoulent 80% de leur production en grandes surfaces, un circuit qui a fortement progressé pendant les confinements.

Œnotourisme, l’indispensable appui

Au-delà de la prospection nécessaire à l’export, un filon à ne pas négliger est celui de l’œnotourisme, voie royale pour séduire de nouveaux clients intéressés par des vins qu’ils ne connaissent pas ou peu. En effet, la Corse vend 12 millions de litres au total (120 000 hl), dont les 2/3 en saison touristique. Autant dire qu’il est quasiment impossible pour les vignerons, mais aussi pour l’économie corse de rater une saison estivale. Les vignerons corses sont comme leurs collègues du continent assez inquiets pour la suite, une fois les touristes définitivement rentrés chez eux.

Raison de plus pour favoriser toutes les solutions. Il y a toutefois une bonne nouvelle, aucun accident climatologique n’est venu perturber les vignes avant les vendanges augurant une production en hausse cette année. Voici quelques-uns des vignobles corses qui ont acquis une belle réputation, mais ils sont évidemment bien plus nombreux à produire des vins emblématiques sur l’île de beauté.

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