En 2014, la branche énergie d’Alstom était cédée à l’américain General Electric. Depuis, plusieurs responsables politiques, dont Arnaud Montebourg ou Olivier Marleix, s’interrogent sur les conditions dans lesquelles cette vente a été réalisée. Au point de demander son annulation…
C’est pour le moment un simple caillou dans la chaussure d’Emmanuel Macron, mais un caillou aux conséquences insoupçonnables pour la pérennité de l’appareil de production made in France. Le dossier de l’enquête sur l’affaire Alstom-General Electric vient en effet d’être transmis au Parquet national financier. Une affaire qui porte sur la vente controversée du pôle énergie d’ Alstom à l’américain General Electric en 2014 et dont le parquet de Paris s’est dessaisi. Tout est parti d’un courrier envoyé par le député Olivier Marleix (LR) au procureur de la République de Paris.
Dans cette lettre, l’ex-président de la commission d’enquête à l’Assemblée sur la politique industrielle de la France. Olivier Marleix s’étonnait que les autorités judiciaires françaises n’ aient « jamais ouvert d’ enquête » sur Alstom alors que l’entreprise avait versé une amende à la justice américaine en 2014 pour des faits de corruption (772 millions de dollars). Des représentants d’ Alstom ont également été visés par le ministère américain de la justice. En 2013, soit un an avant le versement de l’amende, un ancien dirigeant de l’entreprise française avait été arrêté et a passé 30 mois derrière les barreaux pour une affaire de corruption en Indonésie.
Les donateurs de la campagne de Macron dans le viseur
Outre la vente d’ Alstom énergie, Olivier Marleix s’étonne que d’autres ventes d’actifs « d’entreprises stratégiques françaises » comme Alcatel-Lucent, vendu au groupe finlandais Nokia, et Technip, cédé à l’entreprise américaine FMC Technologies. Le député d’Eure-et-Loire est même allé encore plus loin dans ses accusations en ciblant les donateurs de la campagne d’Emmanuel Macron. Ce dernier aurait reçu un « montant de dons records pour sa campagne ». Et Olivier Marleix de s’interroger sur le fait « que l’on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées »…
Selon le journal Le Monde, « plusieurs intermédiaires financiers travaillant pour des banques conseils, des cabinets d’ avocats ou des agences en communication, et qui ont été rémunérés lors de la cession, se sont retrouvés dans la liste des donateurs de la campagne présidentielle (…). S’ il était vérifié, écrit le député, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption. » Ces soupçons et ses questions, réitérées devant les enquêteurs de l’ Office anticorruption de la police judiciaire, ont en tous les cas conduit le parquet de Paris à se dessaisir du dossier au profit du PNF. Par ailleurs, un autre front judiciaire s’est ouvert avec la plainte pour « corruption » et « détournement de fonds publics » déposée par l’association française Anticor auprès du pôle financier du tribunal de Paris.
Selon l’association, l’État aurait perdu « consciemment 500 millions d’euros » dans la vente d’Alstom. Il apparient désormais au parquet national financier de déterminer les tenants et les aboutissants de cette cession tant controversée et dont on voit les dégâts sociaux, par exemple à Belfort. Au delà de ses avatars judiciaires, la vraie question est de savoir si un fond souverain à la française pourrait remettre la main sur ce joyau de l’industrie, comme le préconise courageusement Arnaud Montebourg. Pour la relance de notre industrie, ce serait un formidable coup d’éclat.