Que de chemin parcouru pour ce fils de commerçant marocain arrivé en France à l’âge de 3 ans. Désormais 134ème fortune de France, Michel Ohayon crée le 1er resort de luxe au milieu du vignoble bordelais.
Déjà propriétaire de l’InterContinental de Bordeaux, du Trianon Palace-Waldorf Astoria de Versailles et du Sheraton à Roissy, via sa Financière Immobilière Bordelaise (FIB), l’homme d’affaires, dont la fortune est estimée à 500 M€, a pris possession de plus de 50% du capital du Château Trianon (6,5 hectares en Saint-Émilion Grand Cru). Objectif du nouvel actionnaire principal du domaine ? Faire de Château Trianon une référence du luxe et du raffinement à la française.
De la franchise au palace
Arrivé à Mérignac en 1964, Michel Ohayon ouvre sa 1ère boutique dans le centre commercial du quartier Mériadeck de Bordeaux avant de prendre la tête de plusieures enseignes en franchise. Visionnaire et ambitieux, il acquiert au début des années 90 un 1er immeuble au cœur de la capitale girondine, avec boutique au rez-de-chaussé et appartements à louer dans les étages.
Grâce à son sens du commerce exceptionnel et une âme de négociateur, il répète l’opération à plusieurs reprises, prenant ainsi la tête d’un petit empire immobilier à Bordeaux (et dans plusieurs grandes villes françaises). Amoureux de la ville et de la belle pierre, il rachète à la bougie en 1999 le Grand-Hôtel, place de la Comédie. Totalement délabré, l’établissement, aujourd’hui exploité par InterContinental, a rouvert ses portes en 2007 après 60 M€ de travaux.
L’as des opérations juteuses continue sur sa lancée, rachetant en 2014 l’hôtel Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles au fonds américain Blackstone, puis en 2016 le Sheraton Roissy. La même année, la banque Rothschild lui propose un domaine viticole à rependre. Si l’homme apprécie le vin, ce n’est pas son métier. Il refuse donc dans un premier temps la proposition… jusqu’à ce qu’il apprenne le nom du domaine !
«Le Château Trianon m’a immédiatement intéressé ! L’écho de cette propriété bordelaise m’a laissé entrevoir la possibilité de créer une offre entre standing et œnotourisme», confie Michel Ohayon, qui tient à rappeler que «Le château Trianon tiendrait son nom d’un ancien secrétaire de Louis XIV, nostalgique de Versailles». Emballé par un nom prestigieux, l’homme d’affaires l’est tout autant par la situation géographique du domaine de 9,8 hectares, racheté en 2000 par Dominique Hébrard, ex-copropriétaire de Château Cheval Blanc, grand cru classé A de Saint-Émilion.
«Si l’on trace une ligne sur le terroir, on y trouve Angélus, Cheval Blanc, Figeac puis Trianon, qui n’est certes plus dans les classements mais a tout le potentiel pour y revenir». C’est Dominique Hébrard, resté au capital, qui est en charge de faire figurer les vins de Château Trianon parmi les meilleurs crus de l’appellation. Quant à Michel Ohayon, il a choisi de continuer à «faire ce qu’il sait faire le mieux» en développant le foncier, l’œnotourisme, le luxe et l’hôtellerie. Objectif ? Donner naissance à un complexe hôtelier de grand standing.
Une ambition sans limite
Le plus versaillais des Grands Crus de Saint-Émilion et éternel supporter des Girondins de Bordeaux ne souhaite par faire les choses à moitié.
«Nous allons rénover la chartreuse pour en faire un palace dans l’esprit du XVIIème-XVIIIème siècle, avec de hauts plafonds, de beaux parquets, des coursives… et au moins 100 chambres, chacune faisant référence à l’histoire. On peut ainsi imaginer une suite Montespan, un lieu romantique avec des pièces secrètes, qui jouxterait la suite royale. Nous développerons également une offre loisirs/bien-être avec un très grand spa. Et si l’on arrive à convaincre le chef Gordon Ramsay de cultiver le potager et d’installer un bistrot gastronomique, je suis persuadé que l’on peut faire quelque chose de formidable», s’enthousiasme celui qui a déjà réussi à convaincre le chef étoilé anglais de diriger les cuisines du Grand Hôtel de Bordeaux et du Trianon Place de Versailles.
Pour ce projet, qui pourrait voir le jour en 2020 si le dossier est rapidement accepté par les Bâtiments de France, Michel Ohayon ambitionne d’aller encore plus loin.
«Pour Saint-Émilion, qui accueille 1 million de touristes entre Pâques et la Toussaint sans pour autant avoir de structure d’accueil digne de sa renommée, je veux créer le premier resort au milieu des vignes, en acquérant au fil des années et des opportunités des vignobles avec des demeures qui seront restaurées si nécessaires, pour en faire de petits palaces de 3, 5, 7 chambres. À terme, le resort comptera au moins 200 chambres.
Nous créerons également des sentiers forestiers pour permettre aux clients de circuler à pied, à vélo ou en voiturette électrique entre les demeures et l’hôtel principal. Pour les groupes et les événements familiaux ou professionnels, nous allons construire une »Galerie des Glaces » comme à Versailles, qui desservira de grands salons. Nous aurons également une immense cave avec les plus prestigieux millésimes de Saint-Émilion, toute la collection Trianon évidemment et une autre cave pour faire briller les plus belles appellations de Bordeaux».
Coût du projet ? «Colossal», se contente de répondre Michel Ohayon, avant de préciser : «Je ne veux rien m’interdire !».
Création d’une marque de luxe
Plus qu’un énième projet hôtelier, la transformation du Château Trianon est pour le businessman le début d’une nouvelle ère.
«Je vais rattacher mes 4 hôtels sous la bannière Collection Grand Trianon, qui sera la 1ère chaîne intégrée de grand luxe française avec une vraie orientation terroir. Nous aurons plusieurs hôtels et plusieurs vignobles en France d’abord, puis, lorsque la marque sera suffisamment forte, nous l’exporterons dans les plus grandes capitales du monde», confie celui qui vient de se positionner en vue d’obtenir un nouveau site au cœur de Versailles. Pour donner naissance à un futur palace Grand Trianon ?