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Christian Burrus (Diot-Siaci) : les secrets du premier courtier d’assurance


On n’arrête plus Christian Burrus. Ce discret dirigeant est devenu le premier actionnaire de Diot-Siaci (728 millions d’euros de CA) et détient des participations dans la finance, l’assurance, la bureautique et même les remontées mécaniques. Incontestablement, Christian Burrus a de qui tenir. Né à Nancy d’une vieille famille alsacienne. Jeune diplômé...

Christian Burrus, directeur général de Diot-Siaci

On n’arrête plus Christian Burrus. Ce discret dirigeant est devenu le premier actionnaire de Diot-Siaci (728 millions d’euros de CA) et détient des participations dans la finance, l’assurance, la bureautique et même les remontées mécaniques.

Incontestablement, Christian Burrus a de qui tenir. Né à Nancy d’une vieille famille alsacienne. Jeune diplômé de la faculté de droit et d’HEC Lausanne, doté d’un MBA Insead, il se tourne immédiatement vers le milieu bancaire, à Genève, mais aussi au Panama et à New York.

Ne manque plus que Londres, première place financière européenne, où il se rend pour poursuivre sa carrière. Pas de hasard dans ce parcours parfait. Le jeune Christian a grandi au-près d’un père, Paul, qui dirige l’entreprise de son propre père, Maurice, dans le secteur de l’assurance. L’ESCA est en effet née le 9 janvier 1923 à Strasbourg sur l’impulsion de ce membre de la famille Burrus. Cette famille d’entrepreneurs avait créé dès le XIXe siècle une activité manufacturière basée sur le tabac, mais c’est Maurice Burrus qui se lance dans le secteur de l’assurance, il sera également député et l’un des mécènes de Vaison-la-Romaine.

Son fils Paul est également un entrepreneur aux multiples facettes. Il suit les affaires du secteur du tabac, de l’assurance, mais il va également créer une branche chocolat, en reprenant notamment la chocolaterie Schaal. Ce passionné d’aviation a deux fils, dont l’un, Jean-Paul, développe l’activité agroalimentaire, l’autre, Christian, l’activité courtage/assurance. En 1991, à 32 ans, Christian reprend les rênes de la société familiale l’ESCA.

Assureur et entrepreneur

L’entreprise que reprend Christian Burrus était déjà bien établie. Il va en faire un acteur majeur du secteur, dans les leaders tricolores sans aucune-ment renier ses caractéristiques familiales. Dès 2001, le rachat d’un premier courtier marque l’ambition du nouveau dirigeant. En 2004, AFI Europe rejoint le groupe qui deviendra Afi-Esca. En 2008, il rachète le 7e courtier français, Diot.

Deux ans plus tard, c’est au tour de LSN, le courtier santé/prévoyance des notaires d’entrer dans le giron du groupe. Ce n’est que le début d’un mouvement de reprises de cabinets de courtages français et européens. Christian Burrus s’inscrit dans cette tradition de dirigeant familial qui travaille sur le temps long. Réputé pour être discret, prenant son temps pour arriver à ses fins, le patient Christian Burrus fait preuve d’une grande ambition pour son groupe. Les deux adjectifs qui caractérisent son type de gestion sont durabilité et indépendance.

Christian Burrus a une vision entrepreneuriale du métier, qui exige d’avoir un coup d’avance et couvrir différents créneaux dans le monde complexe de l’assurance, du courtage, du patrimoine sans oublier la branche technologie, garantissant ainsi la pérennité et la croissance du groupe. La création du GIE Groupe Burrus Technologies en 2017 en charge des activités et développements informatiques du secteur banque et assurance démontre que stabilité en matière de gouvernance n’est pas synonyme d’immobilité. Le groupe Burrus regroupait une cinquantaine de sociétés et 1500 collaborateurs, avant la création d’un nouveau groupe fin d’année dernière.

Création d’un champion européen

Siaci est l’un des grands acteurs du secteur avec des clients tels que Dassault, L’Oréal ou Bolloré. Son président Pierre Donnersberg souhaitait se rapprocher d’un autre groupe afin de prendre une nouvelle dimension face à plusieurs mouvements de concentration capitalistique en Europe et aux États-Unis.

Ayant finalement rejeté les options britanniques il s’est rapproché de Diot, une option d’autant plus intéressante que le groupe Burrus a une vision à long terme forcément différente de celle d’un fonds d’investissement étranger. Le nouvel ensemble Diot-Siaci nouvellement créé devient le leader européen du courtage d’assurance indépendant, dans le top 10 du classement mondial. Le tour de table final fait du groupe Burrus et du management du groupe le principal actionnaire du nouveau champion, détenant la majorité des droits de vote.

Les actionnaires minoritaires sont principalement un fonds canadien (OTPPP) avec 30%, Bpifrance (10%)et Cathay Capital (5%). Son offre de services dédiés aux entreprises lui permet de se positionner face à des géants mondiaux, tels que Marsh, Aon, Willis Towers Watson (WTW). La concurrence est clairement anglo-saxonne, d’où l’importance d’avoir un groupe européen de taille respectable. Christian Burrus et Pierre Donnersberg dirigeront chacun à leur tour le groupe avec un changement de mandat régulier.

Souveraineté

A l’heure où l’on parle d’indépendance, de souveraineté, de relocalisation, la naissance d’un grand groupe européen est une bonne nouvelle. D’autant que le secteur des assurances détient des in-formations sensibles de la part de ses clients, qui sont des entreprises, grands groupes, ETI, PME. Sur le marché français, la nouvelle structure devrait devenir leader en France devant Gras Savoye (qui appartient au Groupe Willis Towers Watson).

Le mariage Diot-Siaci est une union réussie, d’autant que les fiançailles entre le Britannique WTW et l’Américain Aon ont été rompues. Elle est même très bien accueillie, car le groupe reste indépendant. Le chiffre d’affaires de Diot-Siaci a augmenté de 9% en 2021 et la tendance est au beau fixe pour l’année qui vient. Une entrée en bourse reste une option, mais pas avant plusieurs années selon Christian Burrus.

Le chef d’entreprise est un passionné de montagne, les hauts sommets ne l’impressionnent pas. L’homme est père de trois enfants, quel sera donc celui ou celle qui poursuivra (peut-être) la saga familiale ? Peut-être les trois…

Adam Richard

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