Avocate de formation, Christine Lagarde a été élue directrice du Fonds Monétaire International le 5 juillet 2011. Une prouesse dans le monde sexiste de la finance internationale où seule une femme compétente et incontestée pouvait prétendre à une telle fonction. Retour sur la carrière et portrait d’une personnalité surprenante, que le magazine Forbes considère comme l’une des femmes les plus puissantes du monde, mais qui reste un mystère pour les Français.
Christine Lagarde est à la fois la personnalité « politique » féminine préférée des Français et l’une des plus redoutées au niveau mondial, en sa qualité de directrice du Fonds monétaire international. Précédemment ministre de l’Économie de 2007 à 2011, elle est également la première femme à avoir occupé ce poste dans un pays du G8.
Ses compétences sont reconnues dans le monde entier, son élégance toujours remarquée et son anglais jugé parfait. Mais qui se cache derrière cette personnalité à première vue discrète qui a su rallier les suffrages des puissants de ce monde ?
De sa jeunesse normande à sa brillante carrière d’avocate, des compétitions de natation synchronisée à ses débuts politiques, essayons de décrypter l’ascension fulgurante sur la scène française et planétaire d’une travailleuse acharnée.
Sa devise : « Serre les dents et souris »
Martial You, chef adjoint du service Economie d’Europe, qui lui a consacré une biographie parue en 2010 aux éditions Alphée explique : « Serre les dents et souris, c’est la consigne que répétait sans cesse l’entraîneur de natation synchronisée de Christine Lagarde. Au final, sans que la jeune adolescente ne le sache encore, ce sera l’alpha et l’omega de toute son existence. L’histoire débute souvent dans la douleur…
Le décès de son père à 16 ans, le bizutage à ses débuts dans le cabinet d’avocats Baker & McKenzie, les collègues du gouvernement qui font courir le bruit de sa démission : à tous ces coups durs, Christine Lagarde a répondu en souriant et en travaillant. Elle a choisi ses alliés pour gravir une à une les marches du pouvoir en jouant de son humour, de son charme et en mettant sa féminité au service de ses ambitions. »
N°1, chiffre porte-bonheur
Son histoire débute le 1er janvier 1956 – pas étonnant que le chiffre 1 porte bonheur à celle qui est n°1 de tout ce qu’elle entreprend – dans le 9ème arrondissement de Paris puis au Havre où elle reçoit une éducation catholique dans une famille où elle est l’aînée de quatre enfants, auprès de son père Robert Lallouette, et de sa mère, Nicole Carre, respectivement universitaire et enseignante, agrégée de lettres classiques.
Championne de France de natation synchronisée à 15 ans, c’est un an plus tard qu’elle perd son père, et se retrouve à la tête d’une fratrie de garçons. L’année suivante, le bac en poche, elle part aux Etats-Unis grâce à l’obtention d’une bourse. Elle y devient l’assistante parlementaire de William Cohen, futur secrétaire d’Etat à la Défense de Bill Clinton.
De retour en France, elle est diplômée de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, puis échoue au concours d’entrée à l’École nationale d’administration. Elle obtient deux maîtrises – anglais et droit des affaires – et un DESS de droit social à l’université Paris X-Nanterre.
«Je ne regrette pas du tout mes études de droit et la carrière qui en a découlé, explique-elle en 2006 au journal néerlandais « Elsevier ». Les 25 années d’indépendance que j’ai connues sont un cadeau extraordinaire. Je les dois au tournant pris par ma carrière à la suite de mon échec à l’ENA.»
Une influence à l’échelle mondiale
A la sortie de ses études, elle débute en 1981 au cabinet d’avocat américain Baker & McKenzie (4 600 collaborateurs dans 35 pays). Une progression exceptionnelle, puisqu’en 1999, elle en est nommée présidente et devient une des femmes d’affaires les plus influentes dans le monde.
Première femme à ce poste, elle est alors à la tête d’un des plus grands cabinets du monde et est classée, en 2002, 5e femme d’affaires européenne par le Wall Street Journal Europe. Sous sa présidence, le cabinet d’avocats augmente son chiffre d’affaires de 50 %. De 2004 à 2005, elle est présidente du comité stratégique mondial de Baker & McKenzie.
Remarquée par Jacques Chirac, puis Jean-Pierre Raffarin, Christine Lagarde quitte les États-Unis en 2005 pour entamer une carrière politique en France. Alors peu connue de l’opinion publique, elle est nommée ministre déléguée au Commerce extérieur de 2005 à 2007.
Après l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007, elle fait une courte pige d’un mois au ministère de l’Agriculture puis prend les commandes à Bercy jusqu’en 2011 en tant que ministre de l’Économie. Le 5 juillet 2011, elle est désignée directrice du FMI, le Fonds monétaire international, succédant ainsi à un Dominique Strauss-Kahn en pleine tourmente.
Classée 5e dans sa liste des femmes les plus puissantes du monde en 2014 par le magazine Forbes, on pourrait l’imaginer ambitionner d’autres fonctions. Mais pour elle, le vrai pouvoir est économique, il n’est pas politique. En janvier 2015, au cours d’une interview sur CNN, Christine Lagarde a affirmé ne pas envisager une éventuelle candidature à la présidentielle française à l’issue de son mandat au FMI, en 2016 : « Jamais… Parce que je suis raisonnable et que je veux le rester ».