Par Alain Goetzmann
Je ne vais pas aujourd’hui vous raconter l’histoire de la découverte de l’Amérique. Palos de la Frontera, routiers et capitaines et tout le folklore. Non, je souhaite aborder la succession d’erreurs qu’a commis Christophe Colomb dans l’accomplissement de ses projets, ce qui ne l’a pas empêché d’aboutir au résultat que l’on sait mais que lui, ultime erreur, n’a jamais su.
Pétri des récits des voyages de Marco Polo et, en particulier, de sa description de Cipango, le Japon, convaincu aussi que la terre était ronde, ce qu’à l’époque tout le monde avait fini par admettre, il organise le premier de ses voyages dans le but de rejoindre la partie la plus orientale des Indes, Cipango, en l’occurrence, par l’ouest. Et dans la foulée, pourquoi pas les terres du grand Gengis Kahn, abondamment cité par Marco Polo. Mais il se trompe dans l’évaluation du diamètre de la terre et conclu qu’entre le Portugal et le Japon, il n’y a qu’une toute petite mer intérieure. Conséquence, la traversée par les deux caravelles et la caraque amirale sera beaucoup plus longue que prévu et manquera de provoquer la mutinerie des marins. En arrivant, victime du biais de confirmation, il continue de se tromper. En entendant le nom de Cuba qui se prononce Colba en indigène, il se conforte dans l’idée que ce ne peut être que Cipango. Au cours de son troisième voyage, il se livre à des observations astronomiques et se convainc que la sphère terrestre n’est pas parfaitement ronde mais qu’elle a la forme d’une poire. Mais son erreur la plus marquante sera, jusqu’à sa mort, en 1506, et malgré les récits d’Amerigo Vespucci publiés en 1504 et en 1505, qui lui, avait compris qu’il s’agissait d’un nouveau continent entre l’Europe et l’Asie, à qui il donnera d’ailleurs son nom, de croire qu’il avait trouvé la route des Indes par l’ouest.
Il n’empêche ! Pour tout le monde, malgré ses erreurs, Christophe Colomb restera, pour la postérité, celui qui a découvert l’Amérique. Aussi ne faut-il pas trop se traumatiser quand on commet des erreurs.
D’abord, il faut apprendre à mieux les vivre et, pour commencer, à savoir rester dans la nuance. Il y a certes des métiers où l’erreur est dramatique. Lorsqu’un chirurgien opère à cœur ouvert, la moindre négligence se paye très cher. Mais, ce n’est pas le plus fréquent. Tout comme on soigne les allergies, vous pourrez vous désensibiliser aux erreurs en vous exposant graduellement à des situations qui vous semblent actuellement intolérables, des situations pour lesquelles vous ne vous êtes pas ou peu préparé. Pratiquer l’improvisation théâtrale ou le « free writing », par exemple, peut vous aider à mieux tolérer votre imperfection et à vous relaxer dans des situations où le degré d’incertitude augmente.
Des erreurs se produisent. Elles se produisent même souvent. Au lieu de s’en lamenter, acceptez l’idée qu’elles font partie de l’action quotidienne et considérez-les comme des leçons qui vous enrichissent d’expérience.
Aucune erreur ne vous autorise à remettre en cause ce que vous êtes, ce que vous avez fait, votre potentiel. Votre estime de vous est l’ingrédient qui vous donnera confiance pour repartir d’un bon pied.
La perfection n’est pas de ce monde et les erreurs sont la contrepartie de l’action. Bien sûr, on s’en passerait volontiers. Mais quand elles surviennent, il faut accepter leurs conséquences et garder un mental solide pour les analyser à froid et rebondir.
Citons Charles De Gaulle : « La chose la plus difficile au monde est de n’attribuer aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance« .
Alain Goetzmann, Coach & Conseil de Dirigeants