Créée en 2013 par deux jeunes entrepreneurs français fans de navigation, le Marseillais Jérémy Bismuth et le Breton Édouard Gorioux, Click & Boat met en relation propriétaires et locataires de bateaux de plaisance.
Avec une présence dans plus de 200 ports en France et quelques pays européens, plus de 20.000 membres inscrits et 2 M€ de CA, la start-up a trouvé son rythme de croisière. Interview de Jérémy Bismuth, cofondateur de Click & Boat.
Considérez-vous que votre start-up se situe dans la mouvance de «L’Uberisation» ?
Jérémy Bismuth :
Tout dépend de quoi on parle. Si l’on se réfère à l’actualité récente autour d’Uber Pop, certainement pas. Je ne me reconnais pas dans un modèle qui vise à créer des métiers précaires, en outrepassant les règles du marché du travail.
Maintenant, si ce terme désigne plus largement les nouvelles approches de l’économie collaborative, qui repose sur la possibilité de mettre en phase l’offre et la demande de particuliers sur un secteur donné, c’est en effet notre approche.
La plupart des propriétaires louent leur bateau moins d’une semaine par an, ce n’est pas une source de revenu mais une participation aux frais de port, d’assurance, d’entretien…
Vous considérez-vous comme concurrent des acteurs traditionnels ?
Jérémy Bismuth :
Franchement, non. Il existe, principalement pour les voiliers, des acteurs très bien installés avec d’importantes flottes, mais pratiquement rien pour les bateaux à moteur, alors que ceux-ci constituent la moitié de notre offre. Et le secteur de la location souffre.
L’un des acteurs majeurs du secteur, présent depuis plus de 15 ans, Spi Location, a déposé le bilan l’année dernière. Au-delà de la location proprement dite, l’approche de particulier à particulier apporte aussi une réelle dimension humaine.
Comment ces acteurs réagissent-ils à votre arrivée sur le marché ?
Jérémy Bismuth :
Pour l’instant, les réactions sont positives et il n’y a pas de tension, mais plutôt de la curiosité. Quand nous nous sommes lancés, tout le monde était – naturellement – persuadé que cela ne marcherait jamais.
Aujourd’hui, alors que nous avons réalisé plusieurs milliers de locations, beaucoup de professionnels s’intéressent à notre modèle, non seulement les loueurs mais aussi les constructeurs, confrontés à un contexte difficile. Les bateaux neufs ne représentent que 1 vente sur 10 et les prix de l’occasion s’effondrent.
Faciliter la location est un moyen de redynamiser le secteur et les industriels le comprennent. Un acteur numérique comme nous peut ainsi jouer un rôle pour restructurer un marché en fin de cycle.